L’huile d’olive de Tunisie, à la recherche de niches à l’export


Par Imededdine Boulaâba

La Tunisie est le pays
oléicole le plus important du sud de la Méditerranée avec, d’après les
statistiques du ministère de l’Agriculture et des Ressources hydrauliques,
une production de 151.000 T/an en moyenne depuis 2001, 1517 huileries en
fonctionnement dont la capacité de trituration est de 28.000 T/J et plus de
235.000 exploitations agricoles, ce qui place notre huile d’olive au 5ème
rang des rentrées en devises du pays tout en assurant 50% de l’ensemble des
exportations agricoles, l’entretien d’une dynamique économique fructueuse
dans certaines zones défavorisées et le maillage d’intérêts directs ou
indirects, à travers cette activité de plus d’un million de personnes.

Cela dit, en raison d’un contexte concurrentiel accru, les pouvoirs publics
et les professionnels de l’agroalimentaire sont tenus d’opérer une réflexion
stratégique conduisant à la définition d’un label de qualité pour l’huile
d’olive, à la conquête de nouveaux marchés prometteurs à l’instar de ceux
des pays émergents et à l’élaboration, avec la collaboration d’experts
internationaux oléicoles, des principales caractéristiques susceptibles de
coller aux standards internationaux, de répondre aux impératifs de la
concurrence et de préserver nos parts d’un marché mondial aléatoire où la
labellisation et l’esprit d’innovation sont, de nos jours, les véritables
leviers de la compétitivité.

Les enjeux de la rénovation

«Il faut améliorer la production nationale en essayant d’atteindre 210.000
T/an, encourager la consommation locale pour la faire passer de 50.000 T
actuellement à 80.000 T durant les années à venir et remédier à la baisse
relative de la part des exportations tunisiennes par rapport au total export
mondial (25% de 1995 à 2000 et 19% de 2001 à 2007) grâce à la recherche et à
la valorisation efficace des stratégies de niches pour l’export», nous dit
M. Olivier Beucherie, expert international auprès du ministère de
l’Industrie, de l’Energie et des Petites et Moyennes Entreprises (Programme
de modernisation industrielle), qui met l’accent sur l’adoption de
techniques modernes de récolte des olives, l’intensification des vergers, la
mise en place d’une démarche partenariale, constructive et réaliste entre
les différents professionnels du secteur et la promotion d’un cadre
réglementaire spécifique à l’huile d’olive, à sa transformation et
conditionnement.

Les qualités aromatiques, les aspects toxicologiques, les marques propres et
l’embouteillage systématique sont l’illustration, clame un haut responsable
du Centre technique de l’agroalimentaire (CTAA), des signes distinctifs d’un
produit différencié, repositionné et valorisé conformément aux normes
internationales COI, ce qui est de nature, insiste notre vis-à-vis, à
consolider la notoriété de notre huile d’olive, à favoriser sa
commercialisation au niveau de certains marchés où les consommateurs sont
généralement friands de qualité environnementale, d’identification des
origines de la production et de ses différentes phases et de garantie
officielle d’hygiène. Il s’agit, finalement, d’un cheminement stratégique,
d’une logique de segmentation qui permettrait d’identifier, conclut notre
interlocuteur, une partie de la production locale en garantissant une
qualité distincte de l’huile d’olive «standard» grâce à un cahier des
charges décrivant les objectifs de la labellisation.