Coup d’envoi de la renégociation de l’assurance chômage

 
 
photo_1210088302250-3-1.jpg
La ministre de l’Economie Christine Lagarde (Photo : Mehdi Fedouach)

[06/05/2008 20:54:53] PARIS (AFP) La ministre de l’Economie Christine Lagarde a lancé mardi la renégociation de l’assurance chômage, en soumettant son projet d’offre “raisonnable” d’emploi au patronat et aux syndicats, auxquels elle laisse peu de marges pour améliorer l’indemnisation des chômeurs.

Tous les trois ans, l’assurance chômage fait l’objet d’une renégociation qui s’est traduite depuis 2003 par des règles d’indemnisation plus restrictives.

Comme l’Unedic (assurance-chômage) est financé par les cotisations salariales et patronales, en théorie, le niveau des allocations est du ressort des partenaires sociaux. Mais la fusion ANPE-Assedic, qui sera effective l’an prochain, a changé la donne.

photo_1210088364516-3-1.jpg
Rencontre tripartite sur l’évolution du régime d’assurance chômage et l’indemnisation des chômeurs, le 6 mai 2008 à Paris (Photo : Mehdi Fedouach)

Le gouvernement a déjà commencé à écrire lui-même les nouvelles règles, en annonçant sa volonté de puiser dans les récents excédents de l’Unedic pour financer les retraites et de mettre en place une législation coercitive sur l’offre “raisonnable” d’emploi, avec à la clé des sanctions pour les chômeurs qui ne donneraient pas suite, à deux reprises, à des offres d’emploi de l’ANPE.

Le système deviendra progressivement plus sévère par palier (3, 6, 12 mois).

Dès le 4e mois de chômage, il faudra réduire ses prétentions à 95% du salaire antérieur. Au-delà de six mois, il faudra accepter un emploi même s’il nécessite un aller-retour de 60 km/jour ou de 2 heures de transport en commun.

Au bout d’un an, le couperet tombera avec l’obligation de pourvoir tout emploi dans sa qualification, pourvu que le salaire dépasse l’allocation reçue.

photo_1210056545926-3-1.jpg
Indemnisation du chômage en France (Photo : Ct)

Pour l’instant, le gouvernement ne dit pas si une offre en CDD ou en intérim serait considérée comme “raisonnable”.

L’ANPE sanctionne déjà les abus manifestes des chômeurs (1.500 par mois sur plus de deux millions de chômeurs indemnisés) qui refusent de se rendre à un rendez-vous ou rejettent l’emploi proposé par un employeur.

Jugeant “fructueux” ses échanges avec les partenaires sociaux, Mme Lagarde a souligné mardi, à l’issue de la réunion, que “la question de l’offre raisonnable d’emploi” était “seulement un des aspects de la discussion”. “On a beaucoup parlé du parcours professionnel personnel” qui sera défini entre le chômeur et le service public de l’emploi, a-t-elle précisé.

Les syndicats étaient cependant tous arrivés à Bercy dans un état d’esprit très critique sur le mécanisme gouvernemental d’offre “raisonnable”. “Dumping social”, a dénoncé la CGT. Annie Thomas, vice-présidente CFDT de l’Unedic, a accusé le gouvernement de “polluer le débat avec cette question pour faire plaisir à l’électorat de droite”.

Tous ont demandé à la ministre de faire marche arrière et de “laisser négocier” les partenaires sociaux. FO a dénoncé “la tactique du boa constrictor qui consiste, pour le gouvernement, à nous embrasser pour mieux nous étouffer”.

Solidaires (Sud), qui comme l’Unsa ne participait pas à la réunion (ces deux syndicats n’étant pas actuellement reconnus comme représentatifs), a dénoncé une “nouvelle offensive anti-sociale du gouvernement”.

Pour sa part, le patronat entend garder la main sur les finances de l’Unedic. “Nous aurions tous envie de mieux indemniser ! Mais avec quel argent ? Qui paie ? Il faut rester raisonnable. Plus on indemnisera, moins il y aura de salariés pour prendre les emplois vacants”, a déclaré Jean-François Roubaud (CGPME) au Figaro.

 06/05/2008 20:54:53 – © 2008 AFP