Alitalia/AirFrance : semaine à haut risque après l’intervention de Berlusconi

 
 
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Silvio Berlusconi, lors d’un meeting à Rome, le 15 mars 2008 (Photo : Andreas Solaro)

[23/03/2008 11:22:48] MILAN (AFP)
La
compagnie Alitalia s’apprête à vivre une semaine
à haut risque, alors que les syndicats se
réunissent mardi pour examiner l’offre de rachat d’Air
France-KLM et que Silvio Berlusconi a clairement
dénoncé cette offre, lui préférant une
solution italienne.

Le leader de l’opposition, favori du scrutin pour les
élections législatives des 13-14 avril, a
déclaré vendredi qu’il dirait “un non sec”
à l’offre de rachat d’Alitalia par Air France-KLM s’il
devient Premier ministre.

Cette prise de position, en pleine campagne électorale,
complique un dossier déjà explosif.

Le groupe franco-néerlandais a en effet lié son
projet de rachat à l’accord du prochain gouvernement
qui sera issu du scrutin.

Son plan est également conditionné à un accord
avec les syndicats italiens avant le 31 mars. Ces derniers,
qui ont déjà repoussé le projet de reprise
d’Air France-KLM prévoyant 2.100 suppressions
d’emplois, doivent rencontrer les directions des deux
compagnies mardi.

Jouant la carte de l’italianité, Silvio Berlusconi a
confirmé vendredi sa volonté d’une
contre-offensive italienne, qu’il avait relancée
mercredi soir face à l’offre franco-néerlandaise.

Le leader de la droite avait notamment indiqué mercredi
l’intérêt de la banque Intesa Sanpaolo,
disposée selon lui à soutenir une éventuelle
reprise d’Alitalia par un groupe d’industriels italiens,
dont la compagnie aérienne Air One.

Désavoué par Corrado Passera, le patron du
deuxième groupe bancaire transalpin, qui a affirmé
jeudi qu’il n’avait aucune offre italienne à
l’étude, Silvio Berlusconi ne s’est pas laissé décourager.

“J’ai fait appel à l’orgueil des entrepreneurs
italiens, qui considèrent comme moi qu’ils ne peuvent
être colonisés”, a-t-il insisté vendredi,
en lançant son nouveau slogan: “Alitalia, redresse-toi”.

“Dans 3/4 semaines”, un groupe d’investisseurs
italiens “fera une proposition définitive qui je
l’espère pourra résoudre la situation”, a-t-il
encore affirmé vendredi soir à la
télévision Sky TG24.

Dans la foulée, le ministre des Transports Alessandro
Bianchi a rappelé qu’il existait déjà une
alternative italienne. L’offre, présentée en
décembre par la compagnie Air One et Intesa Sanpaolo, a
été refusée par le gouvernement de gauche de
Romano Prodi au profit d’Air France-KLM.

“Rien n’interdit aujourd’hui de leur demander de faire
une offre contraignante”, a-t-il lancé.

“Cette solution italienne de dernière minute me
paraît trop tardive, mais rien n’est impossible”,
déclare Marco Ponti, professeur à
l’université polytechnique de Milan. “Il se
pourrait qu’un sauvetage soit mis en place par un nouveau
gouvernement, ce dernier donnant des aides indirectes à
des industriels qui s’engageraient à redresser
Alitalia”, analyse-t-il.

“Ce type de jeu triangulaire a déjà
été mis en pratique, et pas seulement en Italie.
Le problème, c’est qu’Alitalia ne vaut rien
commercialement. C’est une structure en crise qui perd de
l’argent dès qu’un avion décolle”, assène-t-il.

Face à ces nouvelles tergiversations, Air France-KLM
demande à Alitalia d’accélérer sa décision.

“Ce que nous proposons à Alitalia, c’est un avenir
à moyen terme positif” et “ce que nous
demandons à Alitalia, c’est de faire les redressements
nécessaires pour pouvoir lui garantir cet avenir”,
a déclaré le directeur commercial France du groupe
franco-néerlandais, Christian Boireau.

“Nous savons ce que nous pouvons faire et il faut que ce
plan soit accepté ou refusé mais c’est maintenant
que ça se passe, ce n’est pas dans deux mois ou dans un
mois”, a-t-il conclu.

 23/03/2008 11:22:48 – © 2008 AFP