Un boulot, c’est tout ?

“Au métier qu’il connaît, que chacun se consacre” disait Cicéron. A force de chercher un métier, on devient un professionnel de la recherche et on oublie ce qu’on cherche. Au mieux, on finit par trouver un job. Au pire on accepte n’importe quoi. On finit donc par récolter une retraite anticipée suivie, si on est récidiviste, de chômage chronique.

Les chanceux sautent du lit pour attaquer une «grosse journée», «assumer», «gérer», «manager», comme disent les grincheux.

Les grincheux, comprenez les chanceux qui ont du boulot, eux par contre passent les semaines à se demander s’ils sont bien payés. Les week-ends ils se reposent à mourir de peur.

Tétanisés de voir leur fameux pécule mensuel leur passer sous le nez, le salaire est inlassablement «pas assez conséquent » argumentant qu’ils auraient « pu demander plus» et « négocier mieux » avec leur employeur, au vu de leur profil d’exception. Zyeutant régulièrement sur les opportunités chez la concurrence, ils cauchemardent depuis quelques temps, parce que les chanceux s’intéressent de plus en plus près à leur rendement en baisse et les objectifs désormais impossible à atteindre.

Rassurant !

La valse donne le tournis autrement du côté des chômeurs, ou de ceux qu’on appelle avec élégance les chercheurs de la bonne opportunité. Aux traumatisés du chômage résonnent la marginalisation, la déprime, la démotivation, le bradage, et correspond chez les employeurs, « ne s’engagent pas suffisamment », « non concluants », instables, « problème d’intégrations dans l’entreprise », » Merci et au revoir », on « vous rappellera ».

S’agrippant à ce dossier, certains malins ont décidé d’en rire et d’en pleurer.

Un site d’offres d’emploi algérien a mis en scène une inversion des rôles entre le recruteur et le recruté. Une petite vengeance pour toutes les victimes du «Au suivant» et du «On vous téléphonera»…Une  pure délectation, la vengeance serait un plat qui se mange froid !

Après avoir vainement cherché un emploi et s’être lassé des multiples réponses négatives, un blagueur de haute facture s’est lancé dans une démarche singulière. Il a décidé de répondre à toutes les offres d’emplois… pour les refuser. Plus de 1000 candidatures, qui aboutissent à «lettres de non-motivation », un livre original, où expliquant pourquoi ces offres d’emplois ne l’intéressent pas, il détourne ce «jeu social dont personne n’est dupe »  et  dénonce «la mise en scène de l’infériorité du demandeur et de la toute puissance de l’entreprise».

Un livre décapant où l’on apprend beaucoup sur les codes qui régissent le recrutement. Un jeu social dont on ne connaît pas forcément les règles.

Selon Courrier international, la télévision s’y met aussi. Surfant sur les difficultés à trouver un emploi pour proposer des programmes où l’on gagne… un boulot.

Ce n’est pas une mauvaise blague, que j’ai inventé pour faire une chute tonitruante à ma chronique, l’émission existe et elle est déjà retransmise en Argentine. Le principe met en concurrence deux candidats qui seront départagés par le vote du public. Le dernier en lice décroche le job, le reste est remercié…

Comme dans la vraie vie quoi !