Après l’attaque de Français, la Mauritanie craint pour son tourisme

 
 
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Un homme marche dans le désert dans la région de Kiffa en Mauritanie (Photo : Georges Gobet)

[25/12/2007 14:31:55] NOUAKCHOTT(AFP) L’attaque qui a coûté la vie à quatre touristes français lundi en Mauritanie suscite des craintes pour le tourisme, secteur en plein essor dans ce pays désertique réputé pacifique et générant en moyenne 22 millions d’euros de recettes par an.

Un groupe de cinq touristes français a été attaqué lundi par trois hommes en armes lors d’une tentative de vol à une vingtaine de kilomètres d’Aleg (250 km à l’est de Nouakchott).

Quatre d’entre eux ont été tués, le cinquième, blessé par balles, a été dans un premier temps transporté à Nouakchott, puis évacué à Dakar. Leurs agresseurs ont pris la fuite et étaient activement recherchés mardi.

“Tous ceux qui désirent se rendre en Mauritanie, terre des hommes, ou y résider, (peuvent) le faire sans hésiter. La Mauritanie restera une terre de paix et d’hospitalité”, a déclaré le ministère de l’Intérieur, réalisant l’impact potentiellement nuisible de cette attaque sur le tourisme national.

Le drame s’est produit au tout début de la saison touristique et à quelques jours du passage du rallye-raid Dakar 2008 en Mauritanie, où se disputera l’essentiel des étapes.

Les cinq Français pris pour cible étaient en route pour le Burkina Faso via la Mauritanie, suivant le circuit touristique des deux “Hodhs”, où se trouve notamment Walata (ou Oualata), ex-fort français et ex-capitale du grand désert mauritanien.

Avec Chinguetti (ou Chinguitty), Wadane (ou Ouadane) et Tichitt, dans le nord du pays, Walata est l’une des quatre anciennes cités (“ksours”) inscrites en 1996 par l’Unesco à la liste du patrimoine mondial de l’humanité.

Le directeur de l’Office national du tourisme, Mohamed Abdallahi Ould Khattra, avoue également être préoccupé pour l’avenir du secteur.

“C’est un acte crapuleux isolé, que nous condamnons mais qui ne doit aucunement nuire à la destination privilégiée des Européens et des Français que nous sommes”, a dit M. Ould Khattra.

“Nos amis savent combien ce peuple est accueillant, ouvert et hospitalier. Il le restera et ce n’est pas ce genre de coup crapuleux qui en détournera nos hôtes, amoureux des grands espaces dunaires et de toute la richesse culturelle et civilisationnelle de la Mauritanie”, a-t-il ajouté.

Parmi les produits les plus vendus de la “destination Mauritanie”, figurent le désert, qui occupe les trois quarts du pays, et les vestiges culturels multi-centenaires dont les “ksours” ainsi que les manuscrits encore intacts mais menacés par le temps.

La Mauritanie compte également quelque 750 km de plages sur l’Atlantique, avec des zones humides comme le banc d’Arguin (centre) et le parc national de Diawling (sud) où hivernent et se reproduisent des millions d’oiseaux migrateurs et de poissons rares.

Le tourisme a connu un développement extraordinaire cette dernière décennie, passant de 270 visiteurs seulement en 1996 à plus de 80.000 en 2007, selon des chiffres officiels.

Cet essor s’est accompagné d’investissements dans des infrastructures hôtelières, avec aujourd’hui 338 hôtels et 68 auberges concentrés pour l’essentiel dans les principales villes touristiques comme Atar (nord) et Nouakchott.

Le tourisme rapporte officiellement au pays 8 milliards d’ouguiyas (environ 22 millions d’euros) annuels, soit l’équivalent de 3,5% de son budget pour 2008.

“Le monde du tourisme, aujourd’hui endeuillé par cet acte crapuleux, saura se relever et montrer que ce ne sont pas ces coups de félons qui en terniront l’image et bloqueront le développement”, a assuré Ahmed Ould Saleck, responsable d’un circuit touristique dans le nord du pays.

 25/12/2007 14:31:55 – © 2007 AFP