L’économie thaïlandaise handicapée par les incertitudes politique

 
 
[18/09/2007 06:55:15] BANGKOK (AFP)

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Un magasin à Bangkok (Photo : Pornchai Kittiwongsakul)

Un après le coup d’Etat, la croissance économique de la Thaïlande est l’une des plus faibles d’Asie du Sud-Est alors que la consommation intérieure et les investissements sont en baisse en raison des incertitudes politiques, estiment des analystes.

L’économie devrait croître de tout juste 4% cette année, un chiffre inférieur à la moyenne de 5,6% dans la région qui comprend l’Indonésie, Singapour et le Vietnam en plein boom, selon la Banque asiatique de développement.

La Thaïlande a été le théâtre d’un coup d’Etat militaire le 19 septembre 2006, qui a abouti au renversement du Premier ministre deux fois élu Thaksin Shinawatra. Celui-ci a été accusé de corruption et s’est réfugié en Grande-Bretagne.

“L’économie thaïlandaise se dirigeait déjà vers un ralentissement avant le putsch” qui avait été précédé par une crise politique et des manifestations anti-Thaksin, “mais les choses se sont aggravées” après le coup d’Etat, note Kitti Nathisuwan, économiste à Macquarie Research Equities à Bangkok.

“La consommation et les investissements se sont détériorées davantage parce que les gens se posent beaucoup de questions sur l’avenir. L’incertitude politique est le principal facteur négatif pour l’économie”, ajoute-t-il.

Selon des analystes, le gouvernement installé par l’armée n’a pas fait grand chose pour stimuler la croissance.

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Le général Sonthi Boonyaratglin en visite dans la province de Yala le 14 septembre 2007 (Photo : Muhammad Sabri)

“Il a semblé concentrer toute son attention sur la neutralisation de la menace supposée de Thaksin et de ses partisans”, dit Bob Broadfoot, directeur de Political and Economic Risk Consultancy à Hong Kong.

Sriyan Pietersz, chercheur à JP Morgan Securities en Thaïlande, affirme lui aussi que l’économie n’était pas la priorité de la junte qui a déployé beaucoup d’efforts dans les procédures judiciaires contre M. Thaksin et dans l’élaboration rapide d’une nouvelle Constitution.

Sukhbir Khanijoh, économiste à Kasikorn Securities à Bangkok, pense que l’économie thaïlandaise redémarrera après des élections législatives promises pour le 23 décembre par la junte.

“Contrairement à ce gouvernement, le nouveau aura au moins un mandat et les gens espèrent que le nouveau pouvoir oeuvrera en faveur de projets économiques majeurs afin de dynamiser la croissance”, dit-il.

L’administration installée par l’armée a subi plusieurs revers après le coup d’Etat. Les investisseurs, notamment à l’étranger, ont été déboussolés par une série de mesures destinées à contrôler les capitaux entrants (la Bourse de Bangkok avait chuté de 15% en décembre) et à restreindre la participation des étrangers au capital de certaines entreprises.

Le ministre des Finances Pridiyathorn Devakula avait brusquement démissionné en février. Les restrictions sur les capitaux ont, depuis, été assouplies.

“Le gouvernement a tiré les leçons du contrôle des capitaux” et “sa politique économique a, somme toute, été modérée depuis”, dit M. Kitti.

L’autre facteur d’inquiétude en Thaïlande a été l’appréciation du baht, la monnaie locale, qui a atteint des records par rapport au dollar.

Cependant, les exportations ne semblent pas avoir trop souffert de cette situation et, selon les autorités, elles devraient augmenter cette année de 13% par rapport à 2006.

Autre sujet de satisfaction: le tourisme, qui génère 6% de l’économie du royaume. Selon des responsables de cette industrie toujours florissante, la Thaïlande devrait enregistrer 14,5 millions d’arrivées en 2007, contre 13,8 millions en 2006.

 18/09/2007 06:55:15 – © 2007 AFP