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 A partir de 
    septembre prochain, la Tunisie a décidé d’abandonner définitivement l’ammonitre, 
    principal fertilisant utilisé jusqu’ici au fort taux de 90% par les 
    agriculteurs, et de le remplacer par deux autres engrais azotés : l’ammonium 
    nitrate sulfate (ANS) et l’urée, retenus désormais comme des intrants 
    essentiels pour l’amélioration de la production agricole au double plan de 
    la qualité et de la quantité. 
    L’efficience de ces deux engrais, fruit de trois années de cogitations et de 
    négociations serrées entre experts, a été prouvée à l’échelle internationale 
    quant à leur apport dans la préservation de l’équilibre alimentaire de la 
    plante et l’amélioration de sa croissance. 
    Les deux nouveaux engrais présentent également l’avantage de répondre aux 
    exigences de l’agriculture tunisienne et à ses spécificités au plan du 
    climat, du sol et des systèmes agricoles. L’urée, par exemple, peut fournir 
    46% des besoins des plantes en azote contre 33% pour l’ammonitre. L’ANS, qui 
    fournit quant à lui 26% de ces besoins, contient également du soufre (13%), 
    un produit nécessaire à la croissance de la plante. 
    L’apport de ces engrais en azote induit deux effets principaux. Il agit sur 
    la quantité produite à une date donnée, c’est ce qu’on appelle l’effet sur 
    le rendement. Il agit aussi sur la précocité du produit.  
    Toutefois, il importe d’en rationaliser l’usage. Les plantes absorbent 
    l’azote en fonction de leurs besoins et de sa disponibilité dans le sol. Car 
    la surfertilisation a des impacts négatifs sur le système écologique 
    (pollution de l’eau).  
    Conséquence : le défi agricole national est clair. Il s’agit de produire 
    plus et de cibler la qualité. Ultime objectif : miser sur une agriculture 
    qui concilie entre production de qualité, rentabilité et protection de 
    l’environnement.  
    Officiellement, la décision d’abandonner l’ammonitre, qualifiée d’ « 
    objective » par tous les experts, a une portée « préventive ». Les autorités 
    tunisiennes entendent prémunir ouvriers d’usine, agriculteurs et simples 
    citoyens des dangers que présentent cet engrais, notamment, lors de son 
    stockage et de son mélange – contact avec d’autres produits. 
    Tout le monde se rappelle le terrible accident qui a eu lieu dans l’usine 
    AZF à Toulouse en septembre 2001. L’explosion de sacs remplis d’ammonitre en 
    etait la cause. 
    Est il besoin de rappeler ici que l’ammonitre, de par sa composition 
    chimique, est un produit dangereux qui peut exploser de plusieurs façons. A 
    titre indicatif, il peut exploser par l’effet d’un simple éclair par temps 
    d’orage. 
    L’urée et l’ANS sont par contre des produits dits « stables » et ne font 
    encourir aucun risque à leur utilisateur.  
    Pour mieux sensibiliser les agriculteurs à la bonne utilisation des nouveaux 
    engrais, l’Institut national d’agronomie de Tunis (Inat) a organisé, mi 
    juillet 2007, une journée d’information sur le thème, “Maîtrise de l’engrais 
    azoté : des substituts à l’utilisation de l’ammonitre”avec le concours de la 
    direction générale de la production agricole et le groupe chimique tunisien. 
    Finalité : vulgariser les spécificités techniques et économiques des 
    substituts de l’ammonitre et sensibiliser les intervenants dans le secteur à 
    l’enjeu de respecter les conditions d’utilisation efficiente des engrais et 
    les règles de sécurité et de protection des dangers pouvant en résulter. 
    Quant aux les conséquences de cette décision de l’ammonitre, elles sont 
    multiples. 
    Première conséquence : l’usine de Gabés, qui produisait 180 mille tonnes d’ammonitre 
    par an, sera adaptée à la nouvelle donne.  
    Selon, M. Meddeb Hamrouni, PDG du du Groupe chimique tunisien (GCT), le 
    groupe dispose d’ un projet de mise à niveau de l’usine de Gabès pour un 
    coût total de 25 millions de dinars pour la production des alternatives de 
    l’ammonitrate : l’urée et l’ANS. 
    Deuxième conséquence : « Parallèlement, à ce projet d’investissement, a dit 
    le PDg du GCT, le groupe, pour garantir l’approvisionnement du marché local 
    en ces deux nouveaux engrais, a arrêté, un programme d’importation de ces 
    engrais. 
    Il s’agit d’importer, à partir de juillet 2007, une moyenne de 25 mille 
    tonnes de curée et d’ANS. D’ici, fin septembre 2007, un stock de 60 mille 
    tonnes sera mis en place. Dans le détail, quelque 60 mille tonnes d’urée et 
    120 mille tonnes d’Ans seront importés annuellement, moyennant une enveloppe 
    de 40 millions de dinars. 
    Reste la délicate question des prix. Selon des responsables du groupe 
    chimique tunisien (GCT) les prix des deux nouveaux engrais seront alignés 
    sur le coût de l’azote dans l’ammonitre agricole. 
    La charge des coûts additionnels sera supportée par la compensation qui sera 
    de l’ordre de 10 à 12 millions de dinars par an. 
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