Danone vend ses biscuits pour grossir dans le lait, les syndicats inquiets

 
 
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Le PDG de Danone Franck Riboud annonce l’ouverture de discussions avec Kraft Foods en compagnie de la patronne du groupe américain Irene Rosenfeld, à Paris le 3 juillet 2007 (Photo : Jacques Demarthon)

[03/07/2007 19:11:57] PARIS (AFP) Le groupe agroalimentaire français Danone va vendre ses biscuits, dont les célèbres “Petits LU”, au géant américain Kraft, pour se développer dans les produits laitiers et les eaux en bouteille, où il est déjà respectivement le numéro 1 et le numéro 2 mondial.

Danone a annoncé mardi qu’il était en “discussion exclusive” avec Kraft Foods, leader mondial dans ce secteur, pour la cession de son pôle biscuits et produits céréaliers, a l’exception de ses activités en Inde et en Amérique du Sud, pour 5,3 milliards d’euros.

Ce pôle qui a réalisé 2,197 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2006 et dont les principales marques sont LU, Mikado, Pepito, Cracotte ou Tuc, était redevenu profitable depuis quelques années mais n’était plus une priorité dans l’ensemble du groupe (14,073 milliards).

Kraft Foods, l’ancienne division alimentaire d’Altria (ex-groupe Philip Morris), est surtout connu pour ses fromages mais aussi ses biscuits (Nabisco, Oreo), ses cafés (Carte Noire, Jacques Vabre, Grand’Mère) et ses chocolats (Côte d’Or, Milka). Son chiffre d’affaires total est supérieur à 34 milliards de dollars (environ 25 milliards d’euros).

La Bourse de Paris a réagi favorablement à cette annonce. Le titre a clôturé en hausse de 1,25% à 61,71 euros.

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L’usine LU de La Haye-Fouassière près de Nantes, le 2 juillet 2007 (Photo : Franck Perry)

Lors d’une conférence de presse avec le PDG de Danone Franck Riboud, la patronne de Kraft, Irène B. Rosenfeld, s’est engagée à ce que “le siège européen de l’activité biscuits de Danone reste implanté en région parisienne dans un avenir prévisible”.

De plus, Kraft a “l’intention de ne procéder à aucune fermeture de site de production de Danone en France pour une durée minimale de trois ans à compter de la signature de l’accord”, qui devrait intervenir au dernier trimestre 2007.

Les représentants du personnel se sont dits inquiets pour “la pérennité de l’emploi, sur les trois premières années et surtout au-delà”. Le Comité central d’entreprise (CCE) se réunira le 11 juillet, selon FO qui “exigera des garanties sur l’emploi, le statut social des salariés et le devenir industriel de la société”.

La ministre de l’Economie Christine Lagarde a déclaré que le gouvernement était “très attentif”, et a souhaité que “l’emploi soit maintenu” et que “les usines restent en France”.

M. Riboud a affirmé qu’il n’avait “pas oublié l’émotion suscité par la restructuration” de LU en 2001, qui s’était notamment traduite par la fermeture des usines de Ris-Orangis (Essonne) et Calais.

LU France, qui compte près de 3.000 employés, possède 3 entrepôts et 9 usines à Nantes, Granville (Manche), Vervins, Charleville (Ardennes), Jussy, Château-Thierry (Aisne), Cestas (Gironde), Besançon et Toulouse.

Pour M. Riboud, cette cession va permettre un développement, au besoin par des acquisitions. “Si une opportunité se présentait dans les produits laitiers, je serais capable de mettre +un paquet d’argent+”, a-t-il même lancé.

Danone pourrait notamment continuer à monter au capital du spécialiste russe des produits laitiers Wimm Bill Dann (dont il détient déjà 18,36%). “La société et le pays nous intéressent”, a admis le PDG.

Il a aussi affirmé qu’il “assumait” la décision de cette cession à un groupe américain. A l’été 2005, des rumeurs insistantes d’OPA de l’américain PepsiCo sur ce groupe au capital très éclaté avaient mis en émoi la classe politique française, sur le thème du “patriotisme économique”, et conduit au vote de l’amendement “Danone” pour limiter les tentatives d’OPA hostiles.

 03/07/2007 19:11:57 – © 2007 AFP