Le Blackberry, une cible idéale pour les espions

 
 
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Un Blackberry (Photo : Indranil Mukherjee)

[23/06/2007 10:47:01] SAN FRANCISCO (AFP) Les téléphones portables comme le Blackberry, qui permettent de recevoir des courriels et de consulter l’internet, sont une cible idéale pour les espions, mettent en garde des défenseurs du respect de la vie privée.

Selon le quotidien français Le Monde, le gouvernement français a renouvelé une circulaire interdisant l’usage des PDA (assistants personnels portables) dans les cabinets ministériels, à Matignon et à l’Elysée, redoutant que la National security agency (NSA) américaine, chargée du renseignement électronique, espionne l’action gouvernementale.

“C’est bien qu’un gouvernement dise qu’il faut être prudent sur ce qu’on fait quand on utilise l’information sans fil”, dit à l’AFP une responsable de l’association américaine Electronic privacy information center, Melissa Ngo.

“Les gens doivent savoir cela. On constate que diverses agences gouvernementales (américaines), comme le FBI, ont procédé à des recherches sans mandats judiciaires”, a-t-elle ajouté.

Le fabricant canadien du Blackberry, Research In Motion (RIM), a écarté les inquiétudes du gouvernement français jugeant qu’il s’agissait d’une réaction à une ancienne “rumeur datant de deux ans”, selon laquelle des espions américains surveillent son réseau.

“Personne, dont RIM, n’a la capacité de voir le contenu des données envoyées lors de l’utilisation du Blackberry parce que toutes les données sont cryptées”, affirme la compagnie dans une réponse à l’AFP.

“L’origine des courriels ne peut pas être retrouvée et le contenu ne peut pas être analysé”, a-t-elle ajouté.

Le BlackBerry est utilisé par plus de 700.000 employés gouvernementaux à travers le monde, selon la compagnie.

Des responsables européens soupçonnent depuis longtemps que le programme américain appelé Echelon, créé pendant la guerre froide pour intercepter et décoder des messages électroniques, a été utilisé pour espionner leurs pays depuis la chute du Rideau de fer.

Selon RIM, les spéculations selon lesquelles la NSA ou d’autres services de renseignement récupèrent les informations contenues dans des courriels d’utilisateurs de Blackberry et passant par des serveurs aux Etats-Unis, au Canada ou ailleurs, sont “fausses et trompeuses”.

Mais les défenseurs du respect de la vie privée et des groupes de pirates informatiques affirment qu’une fois que l’information est envoyée grâce à une technologie sans fil, elle est vulnérable à une interception. Selon eux, avec de la technologie et du temps, on peut arriver à bout des technologies de cryptage.

“Quand l’information est transmise par un téléphone sans fil, il y a toujours un risque qu’elle soit interceptée et piratée. C’est la nature même des transmissions sans fil”, estime Mme Ngo.

“Beaucoup de gens ne pensent pas aux larges implications de leur utilisation d’un téléphone portable ou d’un autre outil portable. Les gens doivent comprendre que cela leur offre un confort mais aussi un risque d’intrusion”, ajoute-t-elle.

Des compagnies de télécoms américaines sont actuellement poursuivies devant la justice à San Francisco. Elles sont accusées d’avoir laissé des agents de la NSA placer sur écoute des câbles par lesquels transitaient des courriels.

Un employé de la compagnie AT&T a témoigné dans une de ces affaires en affirmant que la compagnie avait détourné dans un immeuble à San Francisco des câbles de fibres optiques dans une pièce réservée à des agents de la NSA chargés de vérifier des courriels au nom de la lutte contre le terrorisme.

 23/06/2007 10:47:01 – © 2007 AFP