La déduction des intérêts devrait stimuler l’immobilier, sans l’affoler

 
 
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Discours de Nicolas Sarkozy lors du meeting du Havre, le 29 mai 2007 (Photo : Robert François)

[30/05/2007 20:37:08] PARIS (AFP) La déductibilité fiscale des intérêts d’emprunts immobiliers voulue par Nicolas Sarkozy devrait, de l’avis des professionnels, encourager les candidats à la propriété et stimuler le marché de l’immobilier en France, sans pour autant avoir un impact majeur sur les prix.

L’annonce de la mesure intervient alors que le crédit immobilier connaissait un net ralentissement depuis le début de l’année, après deux années exceptionnelles.

Un phénomène auquel s’ajoutait “un certain attentisme avant la présidentielle” de la part des acheteurs potentiels, selon Geoffroy Bragadir, président du courtier immobilier en ligne Empruntis, qui chiffre le recul à 4% environ sur le premier trimestre.

L’incitation fiscale devrait annuler, pour partie, ce tassement programmé de longue date. “Il y a un impact psychologique assez fort, parce que c’est très agréable d’enlever ça de ses impôts”, estime Christophe Cremer, président du courtier de crédit immobilier en ligne Meilleurtaux, ajoutant que la réduction d’impôt “peut représenter plus d’un mois de loyer” par an.

Pour M. Cremer, “il est acquis qu’on ne parle plus de baisse” du volume des emprunts immobiliers en 2007. “Ce serait étonnant que cela ne génère pas au moins 5% de demande supplémentaire”, prévoit-il.

D’où la crainte d’une nouvelle flambée des prix, alors que le marché de l’immobilier était en phase de stabilisation. Le cabinet d’étude et de conseil Bipe prévoyait ainsi, en avril, un “atterrissage” des prix, avec une baisse de 2% en 2007 ainsi qu’en 2008.

Ségolène Royal, la candidate du PS à la présidentielle, a estimé mercredi que “le principal risque d’une décision comme celle-ci, c’est la flambée du coût de l’immobilier”.

“C’est un risque que cela ajoute un peu d’inflation”, estime M. Bragadir, pour qui “l’effet devrait être notable, mais pas fondamental”. “Il y a plus de demande, donc cela fera forcément augmenter les prix”, confirme M. Cremer.

“La personne qui veut devenir propriétaire n’a pas tellement plus de moyens” du fait de la mise en place de la déductibilité fiscale, “donc le pouvoir de négociation n’est pas complètement transformé”, dit-il.

En outre, la progression exceptionnelle des prix de l’immobilier depuis la fin des années 90 limite, de l’avis général, le potentiel d’augmentation à court terme.

“Je ne crois pas beaucoup à un développement fort du marché. Les gens sont devenus raisonnables et n’ont plus le comportement de spéculation qu’on pouvait voir durant les années 90”, considère Jean-Pierre Bourgeois, responsable de l’activité UCB, filiale de crédit immobilier du groupe bancaire BNP Paribas.

L’hypothèse d’une accélération de la hausse des taux d’intérêt pratiqués par les établissements de crédits, qui répercuteraient les nouvelles conditions de marché, est écartée.

“La concurrence entre les banques sur le gain de nouvelle clientèle se fait essentiellement par le crédit immobilier. Donc, je les vois mal ranger les couteaux et se dire: on va prendre de la marge sur le crédit immobilier. Le premier qui fait ça va perdre du développement”, considère M. Bourgeois.

 30/05/2007 20:37:08 – © 2007 AFP