Les pays du G8 se réunissent en pleine tourmente Wolfowitz

 
 
SGE.ENF39.180507091813.photo00.quicklook.default-145x245.jpg
Le ministre allemand des Finances Peer Steinbruck, le 10 février 2007 à Essen (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

[18/05/2007 09:20:36] POTSDAM (AFP) Les ministres des Finances des pays riches du G8 se retrouvent vendredi et samedi en Allemagne pour une réunion assombrie par la démission du président de la Banque mondiale Paul Wolfowitz, à la suite d’un scandale qui a provoqué des frictions entre les Etats-Unis et l’Europe.

Prévue de longue date, cette rencontre qui devait débuter vendredi soir à Potsdam, près de Berlin, et se terminer samedi, sert de préparation au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du forum (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada et Russie), prévu du 6 au 8 juin dans le nord de l’Allemagne.

Au menu de cette réunion figurent l’aide à l’Afrique et les dangers créés par les fonds spéculatifs, mais les déboires de Paul Wolfowitz, qui a annulé sa venue à Postdam, sont dans tous les esprits.

Le président de la Banque mondiale a finalement jeté l’éponge jeudi soir et accepté de démissionner le 30 juin, emporté par l’affaire de favoritisme déclenchée par la généreuse augmentation de salaire accordée à sa compagne, également employée de l’institution.

Les Etats-Unis, qui l’avaient nommé, ont fini par le lâcher, face en particulier à l’intransigeance des Européens qui demandaient sa tête.

Le ministre des Finances allemand Peer Steinbrück a estimé vendredi que l’affaire avait entaché la réputation de l’institution. “Il faut maintenant très vite arrêter de remuer le passé pour rétablir le plus vite possible la réputation et la capacité de fonctionnement de la Banque Mondiale”, a-t-il dit sur une radio allemande.

SGE.ENF39.180507091813.photo01.quicklook.default-245x168.jpg
Le président de la Banque Mondiale Paul Wolfowitz, le 17 mai 2007 à Chevy Chase dans le Maryland (Photo : Win McNamee)

La polémique a été d’autant plus forte que M. Wolfowitz s’était fixé comme priorité depuis son entrée en fonction en juin 2005 de lutter contre la corruption dans les pays pauvres.

Son départ tout juste acté, les tractations en vue de son remplacement ont débuté. Cette question devait être abordée au moins en coulisse à Potsdam.

La Maison Blanche a immédiatement revendiqué le droit de désigner un successeur, afin de tuer dans l’oeuf toute velléité de remise en cause d’un accord officieux en vigueur depuis 60 ans en vertu duquel les Etats-Unis se réservent ce poste tandis que les Européens désignent le dirigeant du Fonds monétaire international.

Un duopole qui fait déjà depuis longtemps grincer des dents les pays émergents et en développement, à mesure que leur poids dans l’économie mondiale augmente.

L’aide aux pays en développement, à l’Afrique en particulier, devait être précisément l’un des principaux thèmes de la réunion de Potsdam, notamment lors du dîner d’ouverture auquel étaient conviés les ministres des Finances du Cameroun, du Ghana, du Nigeria et de l’Afrique du Sud.

Il s’agit entre autres de “souligner l’importance d’éviter un nouveau cycle de prêts financiers puis d’effacement de la dette”, après l’annulation de 30 milliards d’euros consentie lors du sommet du G8 de Gleneagles (Ecosse) en juillet 2005, a prévenu un haut responsable du ministère canadien des Finances.

Les pays riches s’inquiètent de voir les pays africains se tourner vers des pays émergents comme la Chine ou la Russie pour emprunter de l’argent, hors des contraintes habituelles édictées par le FMI ou la Banque mondiale.

Le forum doit préparer aussi les discussions du sommet de juin sur le réchauffement climatique, qui s’annoncent difficiles. Selon le Financial Times de jeudi, les Etats-Unis tentent d’adoucir un projet de communiqué du forum afin qu’il ne soit pas trop alarmiste et surtout le moins contraignant possible.

Les ministres doivent tenter enfin de rapprocher leurs points de vue sur la question d’un meilleur encadrement des fonds spéculatifs (hedge funds), dont l’importance croissante suscite des inquiétudes pour l’équilibre du système financier mondial.

Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, favorables à l’auto-régulation, bloquent jusqu’à présent toute action.

 18/05/2007 09:20:36 – © 2007 AFP