Etats-Unis : le marché du travail affiche une vigueur inattendue

 
 
SGE.MSL50.060407144650.photo00.quicklook.default-245x155.jpg
Un élève d’un institut culinaire à New York le 1er février 2007 (Photo : Chris Hondros)

[06/04/2007 14:48:26] WASHINGTON (AFP) Le marché de l’emploi a fait preuve d’une santé inattendue en mars aux Etats-Unis, ce qui rassure sur la résistance de l’économie aux problèmes de l’immobilier mais repousse les perspectives d’une baisse des taux directeurs.

L’économie américaine a créé 180.000 emplois en mars, une surprise pour les analystes qui tablaient sur 135.000 embauches seulement.

De plus, les chiffres des mois précédents ont été révisés en nette hausse, pour faire ressortir 113.000 embauches en février (au lieu de 97.000) et 162.000 en janvier (au lieu de 146.000).

“Ce sont des chiffres très solides”, a estimé Scott Brown du cabinet de courtage Raymond James.

“Il semble que l’ensemble de l’économie va s’améliorer au fur et à mesure que disparaîtra le frein posé par l’immobilier”, a-t-il ajouté.

Autre bonne surprise, le taux de chômage a baissé pour le deuxième mois consécutif à 4,4% de la population active contre 4,5% le mois précédent. Il faut remonter à mai 2001 pour trouver un niveau de chômage plus faible.

Certes, les chiffres ont été un peu faussés par la bonne santé du bâtiment après un mois de février particulièrement froid (+56.000 embauches, essentiellement dans la construction non résidentielle).

Mais les créations d’emplois sont restées solides dans les services (+137.000), surtout dans l’éducation et la santé, ce qui a largement contrebalancé les licenciements de l’industrie (-16.000).

“Le plus important est que le rapport sur l’emploi vient contrebalancer les chiffres déprimants sur l’investissement des entreprises publiés récemment”, souligne Nigel Gault de Global Insight.

La faiblesse de l’investissement préoccupe d’autant plus les économistes que c’est une menace qu’ils n’ont pas vu venir.

“Si les entreprises diminuaient à la fois les embauches et l’investissement, alors le scénario d’une récession gagnerait en crédibilité. Mais les entreprises embauchent toujours”, a ajouté M. Gault.

L’ancien président de la Réserve fédérale (Fed) Alan Greenspan avait fait des vagues en évoquant récemment des risques de récession aux Etats-Unis. Mais son successeur Ben Bernanke juge le scénario peu probable.

Pour lui, les problèmes de l’immobilier sont surtout concentrés dans le secteur des prêts à risques (dits “subprime”) et ils ne devraient pas contaminer le reste de l’économie. Le Fonds monétaire international (FMI) a émis un avis similaire jeudi.

Cela éloigne les perspectives de baisse rapide du principal taux directeur de la banque centrale, aujourd’hui fixé à 5,25%.

“Les embauches suggèrent que l’économie gardera de la vitesse avec une accélération des revenus et de la consommation”, a estimé John Silvia du groupe Wachovia.

La consommation est cruciale car elle reste le principal moteur de la croissance. Si la vigueur des embauches suffit à soutenir les revenus, la banque centrale n’aura aucune incitation à baisser le loyer de l’argent.

D’autant plus que la menace inflationniste reste présente. Le salaire horaire moyen a progressé de 0,3% à 17,22 dollars.

Sur un an, la hausse est certes en légère baisse (4% après 4,1% le mois dernier) mais elle reste très au dessus du seuil de tolérance de la Fed, tacitement fixé à 2%.

“La tendance des salaires va sans doute rester une cause de préoccupation pour la Fed”, estime Marie-Pierre Ripert d’Ixis CIB.

Les responsables de la banque centrale ont à plusieurs reprises ces derniers mois mis en garde contre une hausse de l’inflation alimentée par les salaires.

“Dans l’ensemble, le rapport ne donne aucune raison à la Fed de dévier du statu quo pendant une longue période”, estime M. Gault.

 06/04/2007 14:48:26 – © 2007 AFP