Renseignements : un an après la mort du 12, internet rit, les 118 grimacent

 
 
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Des opératrices de la société 118 000, spécialiste du renseignement téléphonique, le 02 novembre 2005 à Amiens (Photo : François Lo Presti)

[29/03/2007 16:34:15] PARIS (AFP) Un an après la disparition du 12, les nouveaux numéros de renseignements téléphoniques en 118 reçoivent moins d’appels que leur illustre prédécesseur, les consommateurs, par crainte de payer trop cher, s’étant notamment rabattus en masse sur internet.

Le 3 avril 2006, jour de l’arrêt du 12, on comptait 24 numéros en 118. Aujourd’hui, tandis que certains ont disparu (comme le 118 818 de Free), d’autres se sont créés (comme le 118 700 d’Orange) et on en dénombre 26.

Dans le trio de tête, le 118 218 (Le Numéro), qui revendique 40 à 45% du marché, suivi du 118 712 (Orange) qui dit attirer 30% des clients et du 118 000 (Telegate) qui s’estime à 15-20%.

“Très vite les parts de marché se sont figées, dès avril, et ceux qui ont raté le démarrage ne s’en sont pas remis”, commente Philippe Vidal, directeur du 118 712, qui estime avoir “atteint l’objectif visé”.

PagesJaunes est quatrième avec son 118 008 qu’il évalue à 15% (ses concurrents le situent plutôt à moins de 10%) alors qu’il tablait sur 25 à 30%.

“Nous sommes déçus, mais je regrette que l’image des 118 ait été battue en brêche dès leur arrivée, ce qui n’est pas pour rien dans la chute du marché”, affirme Valérie Schwartz, directrice du 118 008.

Pour les 22 autres numéros, il reste moins de 5% du marché à se partager, pour un butin nettement moins appétissant qu’avant: selon l’Autorité de régulation des télécoms (Arcep), on compte 27% d’appels en moins par rapport au 12: 160 millions en 2006 contre 270 millions en 2004.

“On était déjà sur un marché en décroissance, celle-ci s’est accélérée”, note M. Vidal.

La facture est lourde pour les 118, qui ont investi 240 millions d’euros brut en publicité en 2006. Parti le premier, le 118 218 a été le plus dépensier avec 65 millions, suivi de Telegate (43 millions), PagesJaunes (42 millions) et France Télécom (41 millions).

“L’argent dépensé correspond à une année de chiffre d’affaires du marché” (à l’époque du 12), relève Charles Tonlorenzi, PDG du 118 000.

“C’était le prix à payer pour réussir notre entrée sur ce marché”, estime Bruno Massiet du Biest, patron du 118 218. “La bataille publicitaire a été hors de proportion: pour un marché trois fois plus faible qu’en Grande-Bretagne, il s’est dépensé deux fois plus”, riposte Mme Schwartz.

Une compétition épuisante qui fait des victimes, comme le 118 333 de NRJ, désactivé, et le 118 007 de Allo Bottin, repris par PagesJaunes.

De quoi inquiéter les syndicats: ceux de France Télécom ont dénoncé un plan de redéploiement des centres d’appels concernant “plusieurs centaines” de salariés.

Le gagnant de la compétition est internet: PagesJaunes.fr a connu une explosion des visites: 720 millions en 2006 contre 538 millions en 2005.

“Il y a probablement un +effet 118+”, car tous ceux qui ont abandonné le 12 “se sont rabattus sur internet, mais cela n’explique pas en totalité le succès qu’on a connu: le marché des renseignements a perdu 100 millions d’appels alors que nous avons gagné 200 millions de visites”, explique Jean-Marie Guille, directeur des annuaires en ligne PagesJaunes, grâce selon lui aux nouveaux services proposés.

Pas étonnant que d’autres s’intéressent au filon: après le 118 218 qui a ouvert un site, Orange lance jeudi le 118712.fr. Le 118 000 se dit “intéressé” par un service similaire.

 29/03/2007 16:34:15 – © 2007 AFP