Le chômage termine l’année 2006 en nette baisse, toutefois contestée

 
 
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Une femme et son enfant entrent dans une ANPE, le 27 janvier 2004 à Caen (Photo : Mychèle Daniau)

[30/01/2007 20:31:29] PARIS (AFP) A deux mois et demi de la présidentielle, le nombre de chômeurs en France est revenu à 2,092 millions, affichant en 2006 une baisse d’un point flatteuse pour le gouvernement qui n’échappe pas cependant à une vaste polémique sur les limites du baromètre officiel.

Le taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) s’est établi à 8,6% de la population active en décembre, contre 9,6% un an plus tôt.

Au cours de l’année 2005, il avait reculé de moins d’un demi-point après une quasi-stagnation en 2004. Dominique de Villepin annonce un taux à 8% “dans les mois à venir”.

Durant l’année 2006, qui est “la meilleure depuis l’an 2000” selon le ministre de l’Emploi Jean-Louis Borloo, le nombre de chômeurs de catégorie 1 (immédiatement disponibles et cherchant un CDI à temps plein) a connu une baisse de 9,9% en données CVS. “Avec la même règle, le même thermomètre et la même méthodologie” que par le passé, a souligné M. Borloo, en réponse à la polémique sur les chiffres, qualifiée “d’opération” politique.

“Que le baromètre ne soit pas une analyse parfaite du marché du travail, j’en suis conscient mais (…) les chiffres du chômage, je ne les gère pas, je ne les organise pas”, a souligné M. Borloo.

Dominique de Villepin, lors de sa conférence de presse mensuelle, a dénoncé “des polémiques stériles” et “aberrantes” qui “font le jeu des extrêmes” et relèvent de “déviations idéologiques”.

Avec un chômage qui n’est pas descendu sous les 8% depuis plus de 20 ans et des conditions d’indemnisation dégradées, l’emploi reste en tête des préoccupations des Français et un enjeu majeur dans la campagne pour l’Elysée.

Alors, dans un contexte de croissance molle, à quoi tient le petit miracle 2006 ?

Pour le PS, “il est désormais incontestable que la baisse statistique du chômage ces derniers mois est d’abord le fait de l’explosion des radiations administratives, de l’augmentation massive du nombre de départs à la retraite et de la multiplication d’emplois précaires à temps très partiel”.

Pour le collectif d’associations et de syndicats Les autres chiffres du chômage (ACDC), le reflux du chômage s’explique aussi par la hausse des chômeurs “radiés”, “déboutés” et “dégoûtés” par le “renforcement des contrôles et sanctions”.

Au-delà, une des explications de la baisse réside dans la création d’emplois salariés qui a renfloué l’assurance chômage, sortie du rouge en 2006 sans toutefois éponger un déficit de 13 milliards d’euros environ.

Il y a aussi les contrats aidés par l’Etat, remis au goût du jour par M. Borloo: “Il y en a plus qu’il y a deux ans, reconnaît le ministre, mais beaucoup moins qu’il y a cinq ans”.

Il y a aussi davantage de formations, “une bonne idée pourvu que ce ne soit pas des systèmes de garage” selon M. Borloo.

L’ANPE, comme le gouvernement, arguent aussi du dynamisme de la création d’entreprises (+233.000 en 2006, selon l’Insee) dont 40% par des chômeurs.

Finalement, “il y a une baisse du chômage et il faut s’en féliciter”, grâce “au traitement social”, au “renouvellement démographique” et à “une économie un peu plus poussée”, a souligné François Chérèque, secrétaire général de la CFDT.

La dernière fois que le taux de chômage était à 8,6% (juin 2001), remarque l’économiste Marc Touati, la confiance des ménages atteignait des sommets: “Aujourd’hui, les ménages ont compris que le recul récent du chômage est en partie artificiel et qu’il ne leur offrait pas de perspective durablement positives”.

 30/01/2007 20:31:29 – © 2007 AFP