La Chine et les Etats-Unis entament leur “dialogue économique stratégique”

 
 
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La vice-Premier ministre chinoise Wu Yi et le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson, le 14 décembre 2006 à Pékin (Photo : Frederic J. Brown)

[14/12/2006 11:26:58] PEKIN (AFP) Les Etats-Unis ont demandé à la Chine des “résultats tangibles”, notamment en matière de régime de changes, jeudi au premier jour du nouveau “dialogue économique stratégique” bilatéral qui se tient à Pékin.

Le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson, est entré d’emblée dans le vif du sujet à l’ouverture de ce forum de deux jours destiné à mettre du liant dans les relations commerciales sino-américaines, à un moment où les contentieux engendrent la montée d’un sentiment de protectionnisme aux Etats-Unis.

“Certains sont sceptiques face à ce dialogue et à la possibilité d’arriver à quoi que ce soit de substantiel”, a-t-il dit dans une allusion à cette rancoeur face à la politique commerciale chinoise, notamment de la part des élus démocrates qui prendront le contrôle du Congrès en janvier.

“Il nous appartient donc (…) d’arriver à des résultats tangibles sur les questions les plus importantes pour nos deux nations”, a-t-il dit.

Ce grand connaisseur de la Chine a donc adopté une approche plus ferme que lors de sa précédente visite en septembre, sa première de secrétaire au Trésor, où il avait clairement exprimé sa volonté de ne pas prendre de front ses interlocuteurs chinois et avait en retour été reçu par eux comme “un vieil ami”.

De son côté la co-présidente du forum avec Henry Paulson, la vice-Première ministre chinoise Wu Yi, a renvoyé ses “amis” américains à leurs responsabilités.

“Nous avons vraiment le sentiment que certains amis américains non seulement ont une connaissance limitée mais en plus nourrissent beaucoup d’incompréhensions, sur la réalité chinoise”.

“Ce n’est pas favorable à un développement sain de nos relations bilatérales”, a ajouté Wu Yi qui venait de faire un rappel historique des agressions “barbares” contre la Chine.

Outre les violations des droits de propriété intellectuelle et les entraves à l’ouverture du marché chinois, un des gros sujets de discorde sino-américain reste le taux de change du yuan, sous-évalué pour les Etats-Unis, dont le déficit commercial est dû pour plus du tiers aux importations chinoises (41% en octobre).

Le secrétaire au Trésor a donc appelé à plus de “flexibilité du yuan à court terme et une convertibilité totale à moyen terme”, sans avoir la certitude d’être entendu, vu l’obstination de Pékin à laisser sa monnaie s’apprécier “à son rythme” et sans risque de déstabilisation.

Comme préventivement, un gouverneur adjoint de la Banque centrale, Yi Gang, avait prévenu lundi que “cette question du taux de change était une question de souveraineté”, purement du ressort des autorités de Pékin.

Mais parallèlement à ce discours, le yuan continue de s’apprécier à un rythme qui s’est légèrement accéléré ces derniers mois et ouvrait à un record jeudi, à 7,8197 contre le dollar. Soit une appréciation de plus de 3,7% depuis sa réévaluation du 21 juillet 2005.

La même “coincidence” avait été relevée lors de la précédente visite d’Henry Paulson en Chine. Le jour de son arrivée le yuan avait commencé à engranger une série de neuf records d’appréciation quotidiens.

Pour certains économistes comme Shi Weiyan, de la Bank of China, le record de jeudi “a évidemment un rapport avec la visite” de la délégation américaine, comprenant outre M. Paulson, six des secrétaires du gouvernement Bush, ainsi que le président de la Réserve fédérale (Fed) Ben Bernanke.

Jamais les Etats-Unis n’avaient envoyé en Chine un tel aréopage de personnalités.

 14/12/2006 11:26:58 – © 2006 AFP