M. Donald Kaberuka, président du Groupe de la BAD : L’Afrique est un vivier de 300 millions de jeunes de 15-25 ans

Par : Tallel
 
 


kaberuka201106.jpgEn marge de l’ouverture de la conférence Lead
Afrique, le président du Groupe de la Banque africaine de développement a
bien voulu répondre à nos questions

L’Afrique peut-elle se développer ?

L’Afrique est un continent qui a connu des périodes très difficiles mais qui
commence à se relever. D’où un message d’espoir, de travail et d’optimisme.
Mais cet optimisme ne peut se réaliser que par le leadership que les jeunes
sont appelés à déployer.

Donc, je réaffirme, à l’instar de Cheikh Hamidou Kane, que l’Afrique est une
terre d’opportunité, mais pour ce faire, il faut un leadership, des
institutions fortes, des capacités. Il faut rappeler que 300 millions des
1,3 milliard des jeunes qui ont entre 15 et 25 ans que compte le monde sont
africains. C’est donc un moteur important pour le développement futur du
continent.

Comment transformer ce potentiel humain en ressources humaines ?

Comme je viens de le dire, il faut la formation, la lutte contre le Sida, la
création des opportunités sur le continent. Mais le temps est révolu où
c’est la jeunesse qui demandait cela, ce sont les jeunes eux-mêmes qui
doivent apporter le leadership nécessaire pour le faire. Il suffit en fait
de former ces 300 millions de jeunes (la population totale africaine est de
900 millions), de leur donner des opportunités de lutte contre le Sida, une
Afrique paisible, prospère… Sur ce plan, nous sommes confiants, optimistes.

Sur le plan pratique, comment est-ce que la Banque africaine de
développement peut apporter son soutien aux actions et programmes de Lead
Afrique ?

Vous savez, la BAD à elle seule ne peut pas résoudre tous les problèmes
auxquels sont confrontés les Africains, aucune institution du monde
d’ailleurs. C’est travail de tout le monde… Ceci dit, la Banque, depuis sa
création en 1964, a apporté et continuer à apporter sa contribution à
l’édifice. On a déployé environ 52-53 milliards sur l’Afrique –y compris ici
en Tunisie- pour la construction des routes, des écoles.

Mais j’insiste sur le fait que l’Afrique a besoin d’un taux de croissance
soutenue et supérieure au taux de croissance démographique, bien évidemment
cela ne peut se faire que si la paix et la stabilité règnent, mais également
s’il y a une gouvernance qui encourage les investissements. Donc, la
contribution de la BAD, actuellement, c’est de créer ce climat
d’investissement en Afrique qui permet une croissance soutenue année après
année, à l’instar de la Chine, l’Inde et les pays asiatiques et d’Amérique
latine.

Quid de l’aide des pays développés ?

Aucun pays du monde ne s’est développé à travers l’aide publique ; celle-ci
est quelque chose de temporel, alors que le vrai chemin de la croissance,
c’est le commerce, l’investissement… Pour s’en convaincre, il suffit de voir
l’exemple de la Chine, de l’Inde et des pays latino-américains. Mais, encore
une fois, pour qu’il y ait investissement et commerce, il faut une Afrique
paisible, stable et où il y a la gouvernance qui encourage les
investissements.

C’est pourquoi il est nécessaire d’avoir un leadership qui crée les
meilleures conditions d’attrait des investissements étrangers qui, à leur
tour vont permettre la croissance. Or, aujourd’hui, le taux de ces derniers
est très faible en Afrique, et la part de l’Afrique dans le commerce
international est de moins de 2%, et pourtant l’Afrique regorge des
potentiels énormes.

Propos recueillis par

Tallel BAHOURY
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