Retards de l’A380 : l’opération vérité approche chez Airbus et sa maison mère EADS

 
 
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Un Airbus A380 effectue un vol test avec des passagers (salariés d’Airbus) à l’aéroport de Toulouse-Blagnac, le 4 septembre 2006 (Photo : Eric Cabanis)

[29/09/2006 05:51:48] PARIS (AFP) Le PDG d’Airbus Christian Streiff pourrait rendre ce vendredi les conclusions de son audit à EADS, censé faire la lumière sur l’avancement des différents programmes, les retards de l’A380, leur impact financier et les mesures nécessaires pour remettre en piste l’avionneur.

Jeudi, la CGT-Métallurgie a indiqué dans un communiqué que le co-président d’EADS, Louis Gallois, a annoncé aux syndicats “le projet d’un vaste programme d’économies et de réorganisation d’Airbus suite au nouveau retard devant être annoncé dans la livraison d’A380”.

Arnaud Lagardère, co-président du conseil d’administration d’EADS, avait récemment annoncé la tenue d’une réunion “le 29 septembre, à l’issue duquel (le co-président d’EADS) Tom Enders et le nouveau patron d’Airbus Christain Streiff remettront leur audit” sur le constructeur aéronautique, détenu à 80% par EADS.

Dès son arrivée en juillet à la tête d’Airbus, M. Streiff s’était engagé à analyser le groupe en profondeur, en vue de préparer pour l’automne un “plan d’action”. EADS mène également un audit chez son enfant à problèmes.

La maison mère d’Airbus a toutefois semé le doute jeudi sur l’imminence d’une annonce en promettant un état des lieux “dans les quatre semaines à venir”, arguant n’avoir pas “encore finalisé le calendrier des livraisons” de l’avion géant à ce jour ni mesuré “l’impact financier” des nouveaux retards en vue.

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Le PDG d’Airbus Christian Streiff devant la ligne d’assemblage de l’A380 à Blagnac, le 7 septembre 2006 (Photo : Eric Cabanis)

Mais l’impatience grandit dans les rangs des investisseurs comme des compagnies aériennes, qui attendent des éclaircissements de la part du numéro un mondial de l’aviation civile, dont l’horizon s’est singulièrement assombri ces derniers mois.

EADS a reconnu jeudi que de nouveaux décalages de livraison de l’A380 étaient “à prévoir” en raison de “problèmes persistants d’industrialisation” de ce programme colossal, d’un coût estimé à quelque 12 milliards d’euros.

L’avionneur avait déjà prévenu en juin que les livraisons de son appareil à double pont, d’une capacité de 555 à 840 sièges, seraient réduites en 2007 à neuf au lieu de 25 initialement prévues, provoquant un bouleversement de son état-major, et un avertissement sur résultats d’EADS.

Air France, qui a commandé 10 exemplaires de l’A380, attend des “informations précises d’Airbus avant fin septembre” sur l’A380, a prévenu vendredi son directeur commercial France, Christian Boireau.

Singapore Airlines (SIA), qui doit être la première compagnie à mettre en service l’avion géant, ainsi que l’australienne Qantas, sont également montées au créneau ces derniers jours pour exiger des informations, tandis que la coréenne Korean Air a réclamé des compensations financières, à l’instar des autres compagnies clientes.

Outre cet épineux dossier, dont l’addition promet d’être salée, l’avionneur européen doit gérer le lancement industriel en octobre du long-courrier A350, profondément remodelé après l’échec commercial de sa version initiale mais dont le coût ressort désormais doublé, à 8 milliards d’euros.

Airbus doit également lever les inquiétudes pesant sur le programme d’avion militaire A400M, après des informations publiées cet été dans la presse faisant état de retards.

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Fiche technique de l’Airbus A380

Dernier point noir: la faiblesse du billet vert qui mine la compétitivité d’Airbus, dont une bonne partie des coûts sont en euros alors que le marché de l’aviation commerciale est libellé en dollars.

Au final, “les charges d’Airbus pourraient être lourdes, et la restructuration profonde”, estime mercredi Goldamn Sachs dans une note d’analyse.

Au terme du passage en revue en cours chez Airbus, “EADS pourrait annoncer des coûts et des charges supplémentaires totalisant 4,5 milliards d’euros, relatifs aux programmes A380, A350 et A400M”, et “décider de nouvelles réductions de coûts susceptibles d’accentuer la pression sur les fournisseurs d’Airbus”, conclut la banque d’investissement.

 29/09/2006 05:51:48 – © 2006 AFP