UE : les 25 rétifs à une grande réforme de la PAC après 2013

 
 
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(Photo : Antti Aimo-Koivisto )

[26/09/2006 15:36:41] OULU (AFP) Les ministres européens de l’Agriculture sont apparus mardi en majorité rétifs à la volonté de la Commission européenne de réformer à nouveau en 2013 la politique agricole commune, déjà profondément revue en 2003.

Après une réunion des ministres à Oulu, dans le nord de la Finlande, le Finlandais Juha Korkeaoja, dont le pays assume la présidence tournante de l’UE, a reconnu diplomatiquement l’existence “d’opinions diverses” entre les 25, aussi bien sur la nature que sur le rythme des réformes envisagées.

La commissaire européenne à l’Agriculture Mariann Fischer Boel avait tenu aux ministres un discours musclé, demandant la remise à plat, après 2013, de la plupart des grands principes de la politique agricole commune (PAC), au nom de l'”adaptation” à la modernité et à la “concurrence internationale”, qui exigent une “compétitivité accrue” de l’agriculture européenne.

Nécessité de faire des “économies” sur le budget agricole, découplage total des aides, remise à plat du système des quotas et de l’intervention (compensations financières pour les variations de prix du marché): autant de thèmes sur lesquels Mme Fischer Boel a souhaité que l’UE réfléchisse.

Si les principes et le budget de la PAC, qui reste le premier poste de dépenses communautaires avec 40% du budget, sont sanctuarisés en théorie jusqu’à 2013, la politique agricole doit subir une évaluation complète d’ici 2008/09, pour faire le bilan de la réforme de 2003. L’occasion aussi d’ébaucher des lignes directrices pour l’après 2013.

Les agriculteurs ont besoin de savoir le plus tôt possible ce qui va se passer après 2013, a plaidé la commissaire, qui ne cache pas son souhait d’évoluer vers un modèle d’agriculture plus libéral et davantage régulé par le marché.

Mais une majorité d’Etats membres se sont opposés à une idée clef de Bruxelles, le découplage total des aides, c’est-à-dire la suppression de tout lien entre le montant des subventions et le volume de production.

Le découplage était déjà au centre de la réforme de 2003, même s’il restait partiel.

Les grands Etats agricoles de l’UE, la France, l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne, ainsi que la Pologne et d’autres “petits” pays estiment, selon une source diplomatique, qu’il est important de conserver un lien entre aide et production, notamment dans les régions défavorisées où l’agriculture ne peut pas être compétitive face à la concurrence internationale. Faute de quoi on provoquerait une désertification de ces régions.

Les Etats traditionnellement libéraux, comme le Royaume-Uni, le Danemark, les Pays-Bas et la Suède soutiennent au contraire la position de la Commission.

Pour compenser la suppression envisagée des mécanismes de soutien de marché, plusieurs pays, emmenés par la France, première puissance agricole de l’UE, ont demandé la mise en place de systèmes de gestion des risques pour les agriculteurs, comme un fonds de garantie contre les catastrophes et des mécanismes d’assurance.

Sur les quotas laitiers, l’Italie, désavantagée par ce système, a plaidé avec la Commission pour son démantèlement, rejointe notamment par les Pays-Bas et le Danemark, mais la France s’y oppose et la partie sera difficile pour Bruxelles.

Ce système avait été mis en place au début des années 1980 pour enrayer la surproduction de lait de l’UE mais bloque désormais toute évolution du secteur. Il est pérennisé jusqu’à la campagne 2014/15.

Un seul thème a finalement recueilli l’unanimité des 25, la “simplification” de la PAC sur le plan administratif. Les procédures sont jugées trop lourdes et complexes par les agriculteurs, mais aussi par les Etats membres et la Commission.

 26/09/2006 15:36:41 – © 2006 AFP