Après Shell, la Russie poursuit son offensive contre les majors avec Total

 
 
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La raffinerie Total de Gonfreville-l’Orcher (France), le 18 mai 2005 (Photo : Mychele Daniau)

[21/09/2006 13:55:05] MOSCOU (AFP) Après avoir retiré une licence à Shell, la Russie poursuit son offensive contre les compagnies pétrolières étrangères en accentuant la pression sur le français Total tandis que le britannique BP pourrait également voir ses projets menacés.

Le ministère des Ressources naturelles a dit jeudi disposer de “bases légales” pour un éventuel retrait au géant Total de sa licence de développement du champ pétrolier de Khariaga, dans le nord de la Russie.

“Nous pensons que les bases légales pour un retrait de la licence de Khariaga existent du fait que la compagnie ne respecte pas les conditions du projet”, a déclaré à l’AFP un porte-parole du ministère, Nikolaï Goudkov.

Le champ de Khariaga produit actuellement environ 20.000 barils par jour et fait l’objet depuis plusieurs années d’âpres disputes, le gouvernement russe accusant Total de retards excessifs dans l’avancement du projet.

Total a rejeté ces accusations et assuré que la compagnie respectait l’accord de partage de production avec l’Etat russe, contrat passé avec les compagnies étrangères qui leur fournit en principe des garanties de stabilité en échange d’un partage des revenus avec l’Etat russe.

“Nous continuons à dire que nous travaillons dans le respect des règles du contrat de partage de production”, a déclaré une porte-parole de Total Patricia Marie, contactée à Paris par téléphone.

M. Goudkov a précisé que le ministère avait envoyé un dossier sur le projet de Total à un comité de l’Agence fédérale des ressources minérales qui devra prendre une décision finale, sans pouvoir préciser sa date.

Un autre responsable russe, le directeur du département de la politique et de la réglementation gouvernementale au ministère des Ressources naturelles, Sergueï Fedorov, a accusé Total de ne pas respecter les normes de production promises, près de deux fois inférieures selon lui au chiffre de 1,4 million de tonnes par an prévu en 2004 et 2005.

“Et des questions comme ça il y en a beaucoup”, a-t-il menacé dans les colonnes du journal officiel Rossiskaïa Gazeta.

Total contrôle 50% du champ de Khariaga, le groupe norvégien Hydro en détient 40% et les autorités locales de la région de Iamalo-Nenets 10%.

Ces menaces s’ajoutent à une série d’autres pressions du gouvernement russe à l’encontre des accords de partage de production conclus avec des sociétés étrangères dans les années 1990, dont le projet Sakhaline 1 mené par le groupe américain ExxonMobil et celui de Sakhaline 2 de Shell.

Selon le Financial Times de jeudi, la justice russe menace également de suspendre la licence d’exploration du champ gazier Konykta de TNK-BP, société commune avec la compagnie pétrolière britannique BP.

Selon le journal, le ministère public de la ville sibérienne d’Irkoutsk, la seconde ville de Sibérie, a demandé que l’agence locale des ressources naturelles suspende la licence d’exploration de TNK-BP, reprochant à la compagnie anglo-russe de ne respecter ni l’environnement ni le calendrier.

Le Parquet d’Irkoutsk, interrogé par l’AFP, n’a pas souhaité commenter.

Ces affaires ont continué à susciter des remous à l’étranger.

Le chef de la diplomatie néerlandaise Ben Bot a critiqué mercredi le retrait lundi du permis environnemental de Shell, évoquant une façon d’agir de Moscou qui “mine la confiance en la Russie”.

Les sociétés japonaises engagées dans Sakhaline 2, Mitsui et Mitsubishi Corporation, ont quant à elle dit jeudi envisager de céder une part du projet au groupe public russe Gazprom, afin que Moscou lève son blocage.

Ces accords ont en effet été signés à une époque où les prix du pétrole étaient bas et le gouvernement russe faible et sont à présent considérés en Russie comme dépassés et défavorables à l’Etat russe.

 21/09/2006 13:55:05 – © 2006 AFP