L’adhésion de la Russie à l’OMC repoussée dans un avenir incertain

 
 
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Le négociateur en chef de la Russie avec l’OMC, Maxim Medvedkov, le 20 janvier 2006 à Moscou (Photo : Dergei Mikheyev)

[31/07/2006 14:19:55] MOSCOU (AFP) L’accession de la Russie à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) semble repoussée dans un avenir incertain après l’échec des négociations avec Washington au G8 et les doutes émis par le négociateur russe en chef lundi sur une adhésion en 2007.

Maxim Medvedkov, qui mène les pourparlers entre Moscou et l’organisation internationale basée à Genève, a estimé lundi que l’adhésion de la Russie n’aurait “sans doute” pas lieu en 2007 même s’il a tempéré cette affirmation peu après.

“L’adhésion de la Russie à l’OMC n’aura pas lieu cette année. Elle n’aura sans doute pas lieu non plus l’année prochaine”, a déclaré M. Medvedkov, intervenant à une conférence sur l’OMC à Tioumen (Sibérie) et cité par l’agence Ria-Novosti.

Interrogé peu après à cette même conférence, le négociateur s’est cependant ravisé : “Il existe une chance d’entrer à l’OMC l’année prochaine, elle n’est pas mauvaise et c’est notre objectif”, a-t-il dit.

“Mais nous n’adhèrerons pas à n’importe quelle condition”, a-t-il assuré, cité par l’agence Interfax.

Jusqu’ici, la Russie affirmait officiellement viser une conclusion des négociations –à la fois bilatérales avec Washington et multilatérales avec l’OMC– d’ici au printemps 2007, ce qui ouvrirait la voie à une adhésion d’ici la fin 2007.

Le parlement russe devra encore ratifier les accords, et si leur signature tardait au-delà de l’été 2007, l’adhésion risque de ne plus être techniquement possible avant 2008.

La Russie a déjà échoué à obtenir le feu vert des Etats-Unis pour son adhésion à l’OMC lors du sommet du G8 à la mi-juillet à Saint-Pétersbourg malgré d’intenses négociations de dernière minute.

Les Etats-Unis sont la dernière des grandes puissances commerciales à devoir approuver la candidature russe.

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la représentante américaine pour le commerce Susan Schwab lors d’une conférence de presse au siège de l’OMC, le 24 juillet 2006 à Genève (Photo : Fabrice Coffrini)

La représentante américaine au Commerce Susan Schwab avait alors estimé qu’il faudrait encore “deux à trois mois” pour conclure un accord bilatéral, tandis que le ministre russe du Développement économique, Guerman Gref, prévoyait un accord russo-américain à la fin octobre, estimant que Moscou pourrait achever les négociations multilatérales d’ici mars 2007.

Les Etats-Unis réclament un assouplissement des règles phytosanitaires russes, notamment sur la viande américaine, et un plus grand respect de la propriété intellectuelle en Russie.

Mais Moscou doit également encore trouver un terrain d’entente avec la Moldavie et la Géorgie, cette dernière venant de rouvrir les négociations avec la Russie, alors que ces deux pays protestent contre un embargo russe teinté de politique sur leurs exportations de vin.

Le dossier n’est pas non plus clos avec le Costa-Rica qui remet en cause les droits de douanes russes sur le sucre.

Pour Alexeï Portanski, chef du bureau d’information sur l’accession de la Russie à l’OMC, l’adhésion devrait néanmoins intervenir en 2007.

“Dans la situation actuelle, il est possible d’adhérer en 2007, tout dépend de nous”, relève-t-il.

Mais Irina Voltchkova, économiste au Centre de recherche économique et financière, pense que Moscou a laissé passer sa chance au sommet de Saint-Pétersbourg.

“Je suis très pessimiste (…) il est évident que la Russie n’est pas très intéressée par cette adhésion”, note-t-elle.

La suspension du cycle de négociations de Doha, annoncée le 27 juillet, devrait en outre tempérer l’enthousiasme pour un accord avec la Russie, estime l’économiste.

La Russie négocie depuis 1993 pour rejoindre l’OMC dans l’espoir que cela dope ses échanges commerciaux avec le reste du monde. Elle reste aujourd’hui la plus grande économie mondiale hors de l’OMC.

Plusieurs secteurs de l’industrie russe, comme l’automobile et l’aéronautique, sont cependant opposés à une adhésion à l’OMC de peur que leurs entreprises ne puissent faire face à la concurrence internationale une fois les barrières douanières levées.

 31/07/2006 14:19:55 – © 2006 AFP