Beyrouth brûle-t-il ?

 
 

beyrout200.jpgPeut-on ne pas parler du drame libanais dans un journal voué à
l’économie et l’évolution de la Bourse et des monnaies ? Peut-on ne pas parler de
cette économie libanaise assassinée, de ses infrastructures routières et ses
réseaux détruits, ses usines démolies et tout ce peuple qui est tenu en
tenaille par une géographie malséante ? Peut-on rester silencieux devant ce
massacre systématique et cet esprit de “chmata” -terme auquel j’ai déjà
consacré un article et pour lequel je n’ai jamais trouvé de traduction
exacte ni en français ni en anglais- cette “chmata” coûte cher en vies
humaines et en milliards de dollars ? Peut-on ne pas penser à ces millions
de citoyens pris au piège et à leurs 17 millions de compatriotes émigrés à
travers le monde qui forment eux aussi une autre diaspora ? Peut-on ne pas
imaginer le sacré Ibn Khaldoun qui, du fond de sa tombe cairote, ricaner
dans sa barbichette et nous confirmer «je vous l’ai bien dit, l’histoire est
un éternel recommencement» : il y a eu Rome et Jésus, les cows boys et les
totems, la guerre de 100 ans, la Deuxième Guerre mondiale, l’Irlande du Nord
et depuis 50 ans ce sacré Moyen-Orient qui, comme de la nitroglycérine,
explose au moindre choc ; et le choc futur sera celui des bouddha et des
curés …. ?

Je vous ai déjà raconté l’impression que j’ai eu quand j’ai visité cette
région du monde qui ressemblait à une fausse accalmie, à un volcan qui peut
exploser à chaque instant… Car dans cette région, il y a du pétrole et
ironie du sort, dans le mot pétrole il y a le son paix ! Mais quelle drôle
de paix et à quel prix : 166 litres de fiel à plus de 100 DT ! du fiel et de
la haine, il y en a revendre pour des milliards de dollars, et on retombe
dans l’économie !

Ce qui est curieux dans ce Moyen-Orient prémonitoire, une des plus anciennes
et importantes villes sumériennes s’appelait Ur, comme un autre minerai qui
suscite des problèmes et convoitises ces temps-ci entre des perceurs et des
persans…. Car, en attendant d’autres énergies de substitution –du soleil au
vent en passant par la graine de tournesol– le pétrole, malgré toutes ses
tragédies, reste économiquement le plus rentable et je remercie le Seigneur
de nous avoir mis en place une géologie aussi pauvre qui nous a obligés
durant de longues années à phosphorer et avoir des idées sulfureuses comme
le process du groupe chimique exporté même en Chine. Cette Chine qui avance
à presque 10% par an qui n’a pas froid aux yeux, qui copie tout le monde et
qui attend son heure ; ce jour-là, tous les yeux deviendront bridés en se
focalisant sur ce nouveau monde.

Pour conclure, je me console en disant Beyrouth tu es indestructible quelles
que soient les bombes parce que tu as un passé et un avenir ….