Décès de Kenneth Lay, fondateur et acteur-clé de la faillite d’Enron

 
 
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l’ancien dirigeant du groupe de courtage en énergie Enron, Ken Lay, le 21 avril 2005 à Houston (Photo : Craig Hartley)

[05/07/2006 22:51:30] WASHINGTON (AFP) Kenneth Lay, 64 ans, le fondateur de la maison de courtage en énergie Enron récemment reconnu coupable de la faillite retentissante du groupe, est décédé mercredi d’une crise cardiaque.

“Ken Lay a été transporté à l’hôpital d’Aspen Valley où sa mort a été prononcée à 03H11” mercredi, selon un communiqué de la police locale du Colorado (ouest). Les époux Lay se trouvaient dans leur résidence familiale à Aspen.

Une autopsie a révélé que Kenneth Lay souffrait de troubles coronaires et qu’il n’y a “pas de preuve d’action criminelle”, a indiqué Robert Kurtzman, médecin légiste du comté de Mesa au cours d’une conférence de presse.

La famille de Kenneth Lay avait un peu plus tôt diffusé un communiqué confirmant son décès et fait savoir qu'”aucun autre détail pour le moment” ne serait donné “par respect” pour l’ensemble de la famille.

“Sa mort est totalement inattendue. Apparemment, son coeur a simplement lâché”, a dit le pasteur méthodiste de Houston Steve Wende, cité par le journal Houston Chronicle. M. Lay était de confession méthodiste.

Connu pour être un important leveur de fonds du parti républicain, proche du président George W. Bush et après avoir joui d’une réputation d’homme d’affaires brillant, –il a fait d’Enron le septième plus gros groupe américain– Kenneth Lay a plus récemment symbolisé les abus du monde de l’entreprise en étant jugé en mai coupable de fraude et de complot dans l’affaire Enron, l’une des plus grosses faillites de l’histoire des Etats-Unis.

Grevé par quelque 40 milliards de dollars de dettes, le courtier en énergie a été précipité dans la faillite en 2001 à la suite de malversations comptables orchestrées par ses dirigeants.

La débâcle du groupe, dont la capitalisation boursière a atteint à son apogée 100 milliards de dollars, a ruiné des milliers d’actionnaires et d’employés. Parallèlement, Ken Lay a vendu 300 millions de dollars de ses actions Enron, tout en encourageant les employés de continuer à en acheter, affichant sa confiance dans l’avenir du groupe.

Dans le cadre du très médiatisé procès Enron, M. Lay avait été reconnu coupable des six chefs d’accusation qui pesaient sur lui, aux côtés de l’ancien PDG Jeffrey Skilling.

Les peines contre Lay et Skilling devaient être prononcées le 23 octobre. Le premier encourait jusqu’à 165 ans de prison et le second risque une peine allant jusqu’à 185 ans.

M. Lay, qui ne comptait pas faire appel, avait fermement clamé son innocence quelques heures après le verdict, renvoyant la responsabilité au directeur financier de l’époque, Andrew Fastow, et à ses complexes montages financiers. M. Fastow avait précédemment plaidé coupable et accepté de collaborer avec la justice.

Selon plusieurs observateurs, le décès brutal de M. Lay n’est pas une surprise, l’homme ayant vu sa santé se détériorer pendant les semaines du procès Enron.

“Personne ne peut résister à ce genre de pression, aucun organisme ne peut supporter la pression à laquelle Ken Lay a dû faire face avant et depuis le verdict”, commentait mercredi un chroniqueur de la chaîne financière CNBC.

“En regardant sa vie dans son ensemble, nous avons là tous les éléments d’une grande tragédie”, poursuivait le journaliste, évoquant “une personnalité qui est au pinacle de la culture américaine, du monde américain des affaires et qui est tombée plus bas que n’importe qui aurait pu le faire”.

Kenneth Lay avait fondé Enron au milieu des années 80 en fusionnant deux petites sociétés du secteur de l’énergie et l’avait dirigé jusqu’au début 2001.

Il avait alors cédé la place de PDG à Jeffrey Skilling, jusqu’alors son second, qui avait démissionné au bout de quelques mois de manière inattendue, obligeant Kenneth Lay à reprendre les rênes du groupe juste avant sa faillite.

 05/07/2006 22:51:30 – © 2006 AFP