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     Union européenne –ACP : La nouvelle stratégie commune de développement  
      
    A l’ouverture de la 24ème 
    rencontre des milieux économiques et sociaux ACP-EU, qui s’est déroulée le 
    30 juin 2005 à Bruxelles, M. Louis Michel, Commissaire européen pour le 
    développement et l’Aide humanitaire a prononcé un discours intitulé «Le 
    futur de la politique de développement de l’Union européenne». 
    Voici la synthèse de ce discours qui, s’il va au-delà de simples intentions, 
    est de nature à changer radicalement les relations entre l’Union européenne 
    et les pays ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique).  
      
    Tout d’abord, il a tenu à souligner que cette rencontre coïncide avec 
    l’anniversaire des 30 ans de la fondation du Groupe ACP. Elle intervient 
    aussi au lendemain de la signature de la révision de l’Accord de Cotonou 
    (cadre de coopération unique qui reconnaît le rôle essentiel que peuvent 
    jouer les acteurs non étatiques dans le processus de développement). 
     
    Le Commissaire européen a également indiqué que «la part européenne de 
    l’aide mondiale au développement est de 56%», ce qui place l’Europe–Etats 
    membres et Commission confondus– en première position dans la communauté 
    internationale des donateurs, avec un montant de 46 milliards d’euros par 
    an.  
     
    «Mais ce n’est pas tant cette position de leader qui importe, mais le fait 
    que notre politique de développement constitue l’une des projections les 
    plus concrètes et les plus ambitieuses de l’Union européenne, a-t-il dit. 
    Elle est le reflet des valeurs qui sont au cœur même du projet européen : la 
    solidarité, le respect de la dignité humaine, l’égalité, la tolérance, la 
    liberté d’opinion et d’expression, la foi en l’homme et en ses ressources 
    pour construire un avenir meilleur». 
     
    Pour Louis Michel, la nouvelle politique de coopération constitue … une 
    «meilleure arme pour éviter de reproduire les erreurs du passé, où trop 
    souvent nous avons fixé nous-mêmes les priorités pour les pays en 
    développement ; où trop souvent la coopération s’est réduite à de l’aide, 
    ajoutant au confort et à l’humiliation éprouvés par ceux qui attendent tout 
    de l’autre, le sentiment de culpabilité de celui qui n’en finit pas de payer 
    une dette». Et d’ajouter : «Nous le savons aujourd’hui, si notre politique 
    de développement se limite à une opération de charité à grande échelle, si 
    elle se réduit uniquement à de la générosité, elle sera vouée à l’échec». 
     
    En d’autres termes, l’UE ne veut plus mener une politique qui conduit à une 
    déresponsabilisation dramatique de ceux-là mêmes qu’elle veut aider, plutôt 
    elle veut faire désormais des ACP des acteurs de leur propre développement, 
    et ce, s’il faut, entre les sociétés civiles, acteurs économiques et 
    sociaux… 
     Le Commissaire européen considère, par ailleurs, que 2005 est une année 
    importante pour le développement : 
     
    – le développement bénéficie d’un soutien et d’une prise de conscience 
    inédits, sans doute dû à l’effet tsunami, même s’il ne faut jamais confondre 
    compassion événementielle et solidarité durable ; 
    – le développement est au cœur de l’agenda des débats dans les plus hautes 
    instances internationales : Conseil européen de juin ; G8 de juillet ; suivi 
    des engagements pris à Monterrey pour le financement du développement ; 
    finalisation de l’Agenda de Doha ; Sommet des Nations Unies consacré à 
    l’examen des progrès réalisés vis-à-vis des Objectifs du Millénaire pour le 
    Développement en septembre à New York. 
     
    «Dans ce contexte, l’Europe doit faire entendre sa voix, d’une part, parce 
    qu’elle est le premier bailleur de fonds, qu’elle doit conserver et 
    renforcer cette position de leader, d’autre part, parce que si l’UE est 
    capable de se fixer des objectifs ambitieux, elle motivera les autres 
    acteurs de la communauté internationale à en faire autant, si ce n’est pas 
    plus».  
     
    Mais il a également annoncé avoir une «stratégie commune de développement» à 
    l’instar de ce qui a été développé en matière de sécurité, et qu’il 
    présentera sous peu de temps.  
      Cette stratégie est axée sur une série d’objectifs et de principes que 
    devrait comporter la future déclaration : 
     
    – la réduction de la pauvreté dans le cadre d’une action extérieure 
    cohérente ;  
    – la coopération: appropriation, partenariat, participation de la société 
    civile, rôle fondamental des stratégies nationales de réduction de la 
    pauvreté et alignement sur ces stratégies ; 
    – la politique de développement de l’Union qui doit s’adresser à l’ensemble 
    des pays en développement, y compris lorsqu’il s’agit de la dimension 
    développement des actions à conduire au titre de la politique de 
    voisinage ;  
    – la cohérence et la nécessité de ne pas subordonner la politique de 
    développement à d’autres politiques de l’Union ; 
    – les diverses modalités de l’aide où la consultation a mis en évidence, 
    d’une part, la validité de l’aide budgétaire, tout en recherchant de 
    nouveaux mécanismes moins volatiles et assurant une meilleure visibilité, 
    d’autre part, sur l’importance de l’évaluation, au cas par cas, de la valeur 
    ajoutée des fonds globaux ou sectoriels. 
     
    «Pour la première fois en 50 ans de coopération, le «Consensus de Bruxelles» 
    définira le cadre de principes communs dans lequel l’Union et ses 25 Etats 
    membres mettront chacun en œuvre leurs politiques de développement dans un 
    esprit de complémentarité».  
      
    (Synthèse 
    réalisée par 
     
    Tallel Bahoury) 
  
      
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