Après avoir détaillé les chiffres vertigineux de l’IA, ses applications concrètes et les risques de “casse sociale”, Nizar Yaiche qui s’est exprimé lors de la 12ème édition des HR Awards organisée par l’ARFORGHE et la KAS a conclu son intervention par un message fort : les Ressources Humaines doivent se préparer à une responsabilité historique.

Trois axes structurent cette vision : garantir l’équité algorithmique, jouer le rôle de contre-pouvoir éthique et orchestrer l’intelligence humaine avec l’intelligence artificielle.

« Sans gouvernance éthique, l’IA peut dérailler »

Nizar Yaïche rappelle que l’IA est déjà au cœur de nos organisations mais il met aussi en garde : automatiser sans gouvernance éthique, c’est courir vers le déraillement.

  • Les algorithmes peuvent être manipulés, comme on l’a vu dans les élections ou dans des campagnes d’influence.
  • Les pressions de rentabilité et de productivité peuvent pousser les entreprises à oublier l’essentiel : l’humain.
  • L’euphorie actuelle autour de l’IA risque de masquer les dangers : perte de transparence, biais cachés, fragilisation des plus vulnérables.

« Même si les possibilités sont énormes, il faut garder les pieds sur terre. »

Premier message clé : préparer les RH à devenir les garants de l’équité algorithmique.

  • nos vies sont de plus en plus guidées par des algorithmes : recommandations, évaluations, décisions de carrière ;
  • les RH doivent s’assurer que ces algorithmes respectent les valeurs humaines et ne reproduisent pas des discriminations invisibles ;
  • cela implique de développer des compétences non techniques : sens de l’éthique, capacité à protéger les plus faibles, vigilance face aux biais.

Deuxième message clé : renforcer le rôle des RH comme contre-pouvoir éthique.

L’IA promet de grands gains de productivité mais cette course peut vite devenir un piège. Les pressions des marchés financiers, des actionnaires et des indicateurs de rentabilité risquent de reléguer l’humain au second plan. Les RH doivent rappeler que derrière chaque algorithme, il y a une vie, une trajectoire, une dignité.

« Sans gouvernance éthique, l’IA peut dérailler. »

« Orchestrer l’intelligence humaine et l’intelligence artificielle »

Troisième message clé : associer l’intelligence humaine et l’intelligence artificielle dans le respect des valeurs.

  • l’IA peut multiplier les capacités de calcul, d’analyse et de projection mais elle ne peut remplacer la créativité, l’intuition et l’éthique humaines. Les RH doivent orchestrer cette complémentarité, en veillant à ce que l’IA serve l’humain et non l’inverse.

« L’avenir appartient aux entreprises qui sauront orchestrer l’intelligence humaine et l’intelligence artificielle. »

Les compétences non techniques, un impératif

Au-delà des savoirs technologiques, Nizar Yaiche insiste sur les compétences non techniques :

  • Être capables d’incarner des valeurs et de protéger les plus vulnérables.
  • Devenir les gardiens de la culture humaine, des différences et des diversités.
  • Développer une vigilance éthique institutionnalisée, pour que l’IA reste au service de l’humain.

Ces compétences seront aussi importantes que la maîtrise des algorithmes. Elles donneront aux RH la légitimité nécessaire pour jouer leur rôle de contre-pouvoir. Dans la révolution IA, les RH ne sont pas seulement des gestionnaires de talents. Ils sont les gardiens de l’humain, les protecteurs des valeurs et les architectes d’un futur où l’IA ne doit jamais sacrifier l’homme.

« L’IA promet des gains spectaculaires, mais sans contre-pouvoir, elle peut fragiliser l’humain et creuser les injustices. »

« L’IA, une force sans précédent »

N.Y rappelle les grandes tendances :

  • Modèles géants : les LLM (Large Language Models) dominent, avec des milliards de paramètres et une puissance de calcul inédite.
  • Agents autonomes : l’IA ne se contente plus de répondre, elle agit, planifie, décide.
  • IA sectorielle : finance, santé, éducation, justice : chaque secteur voit émerger des solutions spécialisées.
  • Régulation : l’Union européenne, les États-Unis et la Chine avancent chacun avec leurs propres cadres, mais aucun consensus mondial n’existe encore.

Ces tendances montrent que l’IA est devenue une force systémique. Elle touche les gouvernements, les entreprises, les familles, les étudiants. Elle reconfigure nos vies.

« L’avenir appartient aux entreprises qui sauront orchestrer l’intelligence humaine et l’intelligence artificielle »

  • L’IA peut multiplier les capacités de calcul, d’analyse et de projection mais elle ne peut remplacer la créativité, l’intuition et l’éthique humaines. Les RH doivent orchestrer cette complémentarité, en veillant à ce que l’IA serve l’humain et non l’inverse.

Les risques d’une gouvernance absente

Sans gouvernance, l’IA peut devenir une menace :

  • Manipulation des masses : fake news, deepfakes, campagnes d’influence. Depuis plus de 10 ans, un pays comme la Tunisie illustre parfaitement ces pratiques qui menacent sa stabilité sociale et même ses équilibres économiques.
  • Exclusion sociale : fracture numérique, marginalisation des plus vulnérables.
  • Pression économique : obsession de la rentabilité, oubli des valeurs humaines.
  • Risques environnementaux : consommation énergétique massive, empreinte carbone des data centers.
« L’intelligence artificielle est une force sans précédent. Mais elle ne peut remplacer la créativité, l’intuition et l’éthique humaines. En 2025, les RH portent une responsabilité historique : orchestrer cette puissance technologique sans jamais sacrifier l’homme. »

Les RH comme cœur moral de l’entreprise

Dans cette révolution, les RH ne sont pas seulement des gestionnaires de talents estime Nizar Yaïche. Ils deviennent le cœur moral de l’entreprise, ils doivent être les gardiens de la culture humaine, des différences et des diversités.

Les licenciements massifs observés dans plusieurs secteurs ne sont pas uniquement liés aux cycles économiques ou aux tensions géopolitiques. L’IA est déjà un facteur de transformation, parfois brutal. Les RH doivent anticiper ces vagues, mettre en place des plans de transition, et surtout, ne pas fermer les yeux.

L’IA est une force sans précédent, mais elle doit être gouvernée. Les RH ont trois missions :

  • Anticiper les risques : exclusion, manipulation, fractures sociales.
  • Protéger les plus vulnérables : accompagner les transitions, éviter la “casse sociale”.
  • Orchestrer l’intelligence humaine et l’intelligence artificielle : associer puissance technologique et valeurs humaines.

Dans cette révolution, les RH ne sont pas seulement des acteurs organisationnels. Ils sont les gardiens de l’humain, les protecteurs des valeurs et les architectes d’un futur où l’IA ne doit jamais sacrifier l’homme.

Amel Belhadj Ali

EN BREF

  • Nizar Yaiche appelle les RH à assumer une responsabilité historique face à l’IA.
  • Trois axes clés : équité algorithmique, contre-pouvoir éthique et complémentarité humain-IA.
  • Sans gouvernance éthique, l’IA peut accentuer manipulations, exclusions et injustices.
  • Les compétences non techniques deviennent aussi cruciales que la maîtrise technologique.
  • Les RH sont appelées à devenir le cœur moral et le garde-fou des organisations.