
Ensemble, ils inventent un leadership où la confiance prime sur le contrôle. Les générations changent, leurs rêves aussi. L’IA aide à comprendre leurs besoins en temps réel. Mais seul l’humain peut donner du sens, de la reconnaissance, une place unique à chacun. La culture RH se transforme. La donnée éclaire… mais c’est l’humain qui décide. La technologie ne remplace pas la culture : elle lui donne plus de souffle, plus de profondeur, plus d’humanité.”
Non ce n’est pas une voix humaine qui s’est exprimée ainsi à l’ouverture de la 12 ème édition des HR Awards organisée vendredi 12 décembre à Tunis par l’Arforghe et la KAS.
C’est une voix générée par l’intelligence artificielle qui s’est voulue rassurante pour tous ceux et celles chez qui les avancées et les progrès fulgurants de l’intelligence artificielle nourrissent de vives inquiétudes, tant sur le plan existentiel que social.
Une IA super intelligente, capable de s’auto-améliorer pourrait-elle comme nous l’avons souvent vu dans les films de science-fiction poursuive des objectifs contraires aux valeurs humaines ?
Une automatisation massive, pourrait-elle bouleverser l’économie, fragiliser les emplois intellectuels et accroître les inégalités ? L’absence de régulation solide et la vulnérabilité des systèmes critiques face aux cyberattaques ou aux erreurs algorithmiques représente-t-elle une menace réelle pour les équilibres socio-économiques, pas dans les années, mais dans les mois à venir ?
C’est à ces interrogations, et à bien d’autres encore, que Nizar Yaïche, ancien ministre des Finances, a choisi de répondre lors d’une intervention magistrale que nous publierons en 4 parties. Une prise de parole aussi brillante qu’inspirante, à la hauteur de l’ouverture high-tech portée par l’intelligence artificielle, donnée à l’occasion de la 12ᵉ édition des HR Awards.
Nizar Yaiche, a livré une intervention marquante sur l’ère de l’intelligence artificielle. Derrière les milliards investis et les projections vertigineuses, il a rappelé que l’IA n’est pas seulement une affaire de chiffres : elle redessine les équilibres géopolitiques, bouleverse les organisations et place les Ressources Humaines au cœur d’une responsabilité historique.
Des chiffres qui donnent le vertige
L’intelligence artificielle n’est plus une promesse abstraite : elle est devenue un moteur macroéconomique.
C’est un marché mondial estimé à 520 milliards de dollars, avec une croissance annuelle de 28 %, un investissements R&D dépassant 220 milliards de dollars, concentrés dans une poignée de pays et des infrastructures IA évaluées à 175 milliards de dollars, avec une consommation énergétique équivalente à celle de pays entiers.
Ces chiffres, déjà impressionnants, ne sont pourtant que la partie visible de l’iceberg. Comme le précise Nizar Yaiche : « Ceux qui contrôlent les données contrôlent aussi le monde. »
Au-delà des chiffres : une puissance géopolitique
L’IA n’est pas seulement une question de productivité ou de croissance. Elle est devenue un multiplicateur de puissance pour les États et les entreprises :
- défense et sécurité : plus de 80 % des programmes militaires des pays du G20 intègrent des modules IA ;
- contrôle des données : 90 % des données mondiales ont moins de cinq ans, et 80 % sont captées par une dizaine d’acteurs, principalement américains et chinois.
- compétitivité industrielle : l’IA peut générer des gains de productivité de 20 à 40 %.
- création de richesse : les projections annoncent jusqu’à 15 000 milliards de dollars de contribution au PIB mondial d’ici 2035.
L’industrialisation de l’intelligence
Nous vivons une transformation historique, l’IA n’est plus un outil, mais une infrastructure cognitive :
- elle reconfigure le travail, l’économie et les organisations ;
- elle introduit une tension majeure : plus de puissance, mais aussi plus de risques humains :
- elle rend possible l’automatisation de près de 70 % des activités RH.
Nizar Yaiche insiste sur la portée de ce basculement : « Nous sommes en train d’industrialiser l’intelligence. » C’est une étape inédite dans l’histoire de l’humanité : industrialiser non plus seulement la production ou l’innovation, mais l’intelligence elle-même.
Vers une intelligence dynamique
L’IA n’est pas figée. Elle évolue, apprend, se transforme. Cela signifie que les matrices de compétences utilisées par les entreprises devront elles-mêmes évoluer en permanence :
- le recrutement, la formation et la gestion des talents ne pourront plus se limiter à des référentiels statiques,
- les RH devront intégrer une logique de compétences dynamiques, capables de s’adapter à un environnement mouvant.
- l’intelligence devient elle-même un processus vivant, en constante réinvention.
Les premiers pas des RH dans l’IA
Certaines entreprises affirment déjà avoir intégré l’IA dans leurs pratiques RH. Mais Nizar Yaiche invite à la prudence : « Dire qu’on a intégré l’IA ne suffit pas. Il faut prouver que les résultats sont là. »
Il cite des exemples concrets à savoir l’automatisation des tâches administratives et la réduction drastique des procédures et du papier, le recrutement intelligent : Matching avancé, scoring de CV, détection des compétences émergentes ainsi que les agents IA pour les entretiens : une piste encore immature, qui a montré ses limites dans certaines expériences. Nizar Yaïche parle même de” flops” en la matière. Recruter en utilisant les agents IA n’a pas été une réussite à ce jour.
Ces premiers pas montrent à la fois le potentiel et les écueils : l’IA peut accélérer, mais elle peut aussi décevoir si elle est déployée trop vite ou sans préparation.
Ce premier volet pose les bases : l’IA est une révolution économique, géopolitique et organisationnelle. Mais derrière les chiffres et les promesses, une question centrale demeure :
- Comment préserver l’équilibre entre innovation et équité ?
- Comment accompagner les collaborateurs dans un monde où l’intelligence elle-même devient dynamique ?
- Comment éviter que la course à la productivité ne se fasse au détriment des valeurs humaines ?
Ces interrogations ouvrent la voie aux volets suivants, où seront explorés les compétences techniques, les enjeux éthiques et le rôle des RH comme contre-pouvoir.
A suivre
Amel Belhadj Ali
EN BREF
- Une ouverture des HR Awards portée par une voix IA pour interroger le futur du leadership.
- Des inquiétudes croissantes sur l’impact économique, social et éthique de l’IA.
- Une intervention marquante de Nizar Yaïche sur les enjeux macroéconomiques et géopolitiques.
- L’IA devient une infrastructure cognitive, au-delà d’un simple outil.
- Les RH face à une responsabilité historique : concilier innovation et valeurs humaines.


