Avec “Le Para-dis”, le réalisateur tunisien Majdi Lakhdar signe un documentaire où le réel se dévoile par des approches sensibles, loin des récits dominants.

Sélectionné en compétition officielle aux 36ᵉ Journées cinématographiques de Carthage, le film a été projeté lundi soir en avant-première au Théâtre des Régions de la Cité de la Culture, en présence du réalisateur, de l’équipe artistique et de ses producteurs Ismail Ben Abdelghaffar et Marouene Labib.

Le documentaire s’articule autour de trois figures vivant dans la Capitale, que rien ne prédestinait à se croiser. Om Mariam, portant le niqab, convoque un récit intime fait d’errance, de mémoire et de retour. Ibrahim Keïta, étudiant malien, tente de renouer avec une filiation prestigieuse tout en affrontant l’expérience de l’exil contemporain. Enfin, les membres du Club Kitsune investissent le cosplay comme un espace d’affirmation identitaire.

Loin du simple loisir, le cosplay apparaît ici comme une pratique artistique encore en quête de reconnaissance, fondée sur la fabrication, la performance et l’incarnation de figures imaginaires.

Pour ces jeunes passionnés, l’enjeu est d’être visibles, légitimes, et reconnus dans une société qui hiérarchise les formes d’expression culturelle.

Majdi Lakhdar a fait le choix d’assumer seul la prise de vue, le son et la photographie, ce qui confère au film une relation directe avec ses protagonistes. Tourné sur huit mois et monté sur quatorze, “Le Para-dis” construit une narration fragmentée mais tenue par une continuité sensible.

Le réalisateur confie avoir eu l’envie de ce film avant même d’en connaître le sujet, laissant l’idée, le processus et la forme évoluer simultanément. Une expérience qu’il qualifie de rare, rendue possible par la confiance de l’équipe artistique et des producteurs dans un projet dont l’issue restait incertaine.

Produit par “Dirt, Sounds & Pictures”, le documentaire s’inscrit dans la continuité artistique adoptée par Majdi Lakhdar depuis son premier film, à la croisée du cinéma, de la photographie et des arts plastiques.

Après son premier long-métrage “Avant qu’il ne soit trop tard”, une fiction présentée hors compétition aux JCC 2019, le cinéaste poursuit une exploration des zones en marge du réel, faisant du cinéma un espace d’attention et de résonance. « Le Para-dis » est aux allures d’une expérience cinématographique à la fois immersive et méditative.