Fethi Zouhair Nouri - IACELe moment est venu pour doper la croissance et d’investir plus. Mais aux meilleures conditions de financement.

Fethi Zouheir Nouri, Gouverneur de la BCT a fait une intervention remarquable lors de la clôture des JES de l’IACE. Un diagnostic réaliste suivi d’un projet de New Deal ambitieux et lucide. Amine Ben Ayed, par conviction s’est ravisé en renonçant à son intervention. Il s’ne explique avec un trait d’élégance ‘’J’adhère totalement au propos de Mr le Gouverneur’’. Le discours fut intensément ressenti de tous. Il faut reconnaitre que l’on s’est éloigné des sentiers battus.

Une nouvelle culture de l’investissement

Le Gouverneur indique que le taux d’investissement dans le pays est à son étiage. A peine 16 % du PIB. Seul trait apaisant, le secteur privé en réalise 58 %. Qu’importe les deux pourcentages sont en-dessous des objectifs souhaitables et souhaités. Et le Gouverneur, de manière didactique, de rappeler que cela est bien contrariant.

Appuyant son propos il fait observer que le pays ne manque ni de talents, ni d’idées, ni de projets. Il concède, toutefois, que l’ordre économique actuel fait planer quelques incertitudes. Et il ajoute courageusement, que certains obstacles au financement, dans notre pays, persistent. Cela fait qu’au final, les chefs d’entreprises repoussent leurs projets à plus tard.

Cette procrastination nous fait du mal à tous. Et d’appeler la communauté d’affaires à investir plus et au système bancaire de financer non point de manière inconsidérée mais de manière professionnelle. La fenêtre de l’investissement ne doit pas rester fermée. Elle doit rester ouverte mais exigeante, précise-t-il.

Les enjeux du moment

Il convient d’aller vers une allocation rationnelle et raisonnable des ressources de façon à privilégier les nouveaux projets productifs. Car ces derniers s’inscrivent dans le moyen et le long terme. le gouverneur a souligné avec contrariété que de 2022 à 2024 les crédits à court terme ont augmenté de plus de 8,3 %. Et, pour leur part, les crédits à moyen et long terme n’ont progressé que de 3 %.

Le bon sens recommande de mettre de l’ordre et de préférer le financement des projets productifs au lieu de la consommation. Et le cœur de cible reste toujours les PME. Il s’agit là d’une question de survie et non d’une simple ambition. Avec gravité le gouverneur affirme que le monde traverse une ère de rupture numérique, énergétique, écologique et géopolitique.

Sous-investir aujourd’hui revient à s’exposer à régresser dans la compétition internationale, demain.

Changer notre façon de faire !

On croyait rêver ! Nous gardons, en mémoire un masque de l’argentier national, austère et constamment sur la réserve. Généralement rivé sur les normes prudentielles. Fethi Zouheir Nouri rompt avec cette posture qu’il juge a-cyclique pour la troquer contre le profil du Mentor de l’expansion en ces temps de disette de l’investissement.

Il faut reconnaitre qu’il en possède la méthode et maitrise le discours. Sans hésitation il affirme, haut et fort, que le risque fait partie du métier. Le moment est venu pour la communauté nationale d’affaires de reconfigurer le schéma de financement des projets.

Auparavant on s’en tenait à un Mix réduit d’autofinancement et d’endettement bancaire. Introduisons l’Equity (Les Fonds propres) de marché. Oui l’écosystème national est équipé en conséquence. pourquoi dés lors ne pas en généraliser la pratique. Cela détendrait les rapports entre opérateurs et banquiers. Ces derniers seront rassurés de voir se redresse le coefficient d’endettement des entreprises.

Et, le gouverneur de pourfendre la crispation sur la question des garanties. Il appelle les investisseurs à jouer le jeu et au lieu de thésauriser de convertir l’essentiel de leur patrimoine en actifs financiers.

Et à l’adresse des banques de signifier que les meilleurs garanties sont dans l’entretien d’entreprises prospères. Le tour est joué. C’est ni plus ni moins qu’un New Deal, fort avisé et de circonstance que le Gouverneur en peu de mots, vient d’esquisser.

Ali DRISS