EtudiantsOrientation numérique, renforcement des services universitaires et nouvelles capacités d’accueil : les grandes lignes de la rentrée 2025-2026.

Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a dévoilé ses orientations pour la rentrée universitaire 2025-2026, à l’occasion des journées nationales de l’orientation organisées à la Cité des sciences de Tunis. Au menu : digitalisation du processus d’orientation, adaptation de l’offre de formation aux besoins du marché de l’emploi, des services universitaires et élargissement des capacités d’accueil. Mais ces derrières années, de nombreux défis subsistants, liés à la qualité de vie étudiante et à la cohérence entre formations et débouchés.

Une orientation universitaire désormais digitalisée

Avec 74.377 nouveaux bacheliers en 2025, le système universitaire tunisien se prépare à absorber une nouvelle vague d’étudiants. Le ministère a misé sur une digitalisation accrue du processus d’orientation. Le guide d’orientation interactif est désormais disponible en ligne, avec une navigation simplifiée, des recherches par spécialité et l’accès à des vidéos explicatives. Une chaîne YouTube dédiée et la plateforme orientation.tn complètent ce dispositif.

Le calendrier d’orientation s’articule autour de trois sessions : principale, de contrôle et finale. Des journées d’information, organisées dans toutes les universités, visent à accompagner les lycéens et leurs familles dans leur choix. L’objectif est clair : rendre l’orientation plus transparente et mieux adaptée aux ambitions des étudiants.

Des tendances contrastées dans les résultats du bac

Si le nombre de Bacheliers reste globalement stable par rapport à 2024 (–1 801), les évolutions par filière dessinent une carte en mutation, avec des filières en recul et d’autres en avance.

On y constate :

  • une forte progression en sciences expérimentales (+3.986) et une forte baisse en économie-gestion (-4.158).
  • une baisse en lettres (-1.304).
  • une augmentation en sciences informatiques (+2.239) et en sciences techniques (+754).
  • quasi stabilité en mathématiques (+10) et une baisse en sport (+74).

Ces tendances traduisent à la fois un engouement pour les filières scientifiques appliquées et une désaffection pour certaines branches techniques. Un signal qui interpelle sur l’adéquation entre orientation des élèves et besoins réels du marché du travail. Des motifs d’inquiétude sont ceux du recul notable de la filière de l’informatique et aussi la stabilité dans les mathématiques à la base des nouvelles disciplines dans l’économie mondiale.

Nous pouvons citer l’analyse de données massives, le data mining, la modélisation-simulation-optimisation, le calcul haute performance et la cryptographie considérées comme cruciales pour des secteurs variés comme l’énergie, la santé, l’industrie et les télécommunications.

Une offre de formation vaste mais à rééquilibrer

Le guide national de la formation universitaire recense 3781 parcours (publics et privés), dont 78 % dans les universités publiques. Cette offre couvre dix grands domaines, allant des sciences de l’ingénieur aux lettres, en passant par les sciences médicales et l’économie.

Pour la rentrée 2025-2026, la capacité d’accueil est fixée à 87.730 places, soit plus que le nombre total de bacheliers. Le ministère entend néanmoins ajuster cette capacité en fonction des filières porteuses, en privilégiant les sciences expérimentales et les formations à forte employabilité. Un travail d’actualisation des programmes est également prévu, avec la réhabilitation des licences et masters, et la création de nouvelles institutions dans des régions à forte demande.

Les services universitaires au cœur de la stratégie

Près de 484,3 millions de dinars, soit 21 % du budget du ministère, sont consacrés aux services universitaires. Ce chiffre témoigne de l’importance accordée à la qualité de vie étudiante. Trois volets dominants : logement, restauration et bourses.

  • Logement : 173 foyers universitaires (dont 80 en gestion privée) offrent plus de 51 000 lits publics et près de 13 000 lits privés. Des projets en cours devraient ajouter +2 570 lits d’ici 2026, avec de nouvelles résidences à Sfax, Manouba, Bizerte, Gabès et Gafsa.
  • Restauration : plus de 10,36 millions de repas distribués chaque année. Plusieurs restaurants universitaires ont obtenu la certification ISO, gage d’un effort qualitatif.
  • Bourses et aides : environ 180 000 étudiants bénéficient de bourses, aides sociales ou prêts.

À ces dispositifs s’ajoutent des programmes de santé et d’accompagnement psychologique, ainsi que le développement d’activités culturelles et sportives. Le ministère projette notamment de créer de nouveaux complexes sportifs universitaires et d’encourager la participation des étudiants aux clubs et compétitions.

Une vie étudiante en mutation et une plateforme numérique Student 4

L’un des projets phares de la rentrée est la plateforme numérique Student 4, conçue comme un guichet unique pour les étudiants. Elle regroupe des informations sur les activités culturelles, sportives et scientifiques, l’accompagnement psychologique et les services pratiques liés à la vie universitaire.

Parallèlement, une plateforme d’accompagnement psychologique en ligne est en cours de déploiement, appuyée par le recrutement de psychologues dans les campus.

Des partenariats internationaux pour moderniser le système

Le ministère met également sur des partenariats avec des organisations internationales. Avec l’UNESCO, il développe des projets liés à l’éducation à la citoyenneté mondiale et à l’inclusion sociale. Avec l’Union européenne et la coopération allemande (GIZ), il a mis en œuvre le programme PASE, destiné à soutenir la vie universitaire et à promouvoir l’égalité des chances.

Des ambitions confrontées à de sérieux défis

Les orientations du ministère traduisent une volonté de moderniser le système universitaire, de renforcer la qualité de vie étudiante et d’adapter l’offre de formation aux besoins économiques. Néanmoins, plusieurs défis persistants : le taux d’échec élevé en première année, le déséquilibre régional dans l’accès aux infrastructures, la difficulté à assurer une véritable adéquation formation-emploi. La rentrée 2025-2026 s’annonce donc à la fois comme un moment de modernisation et comme un test de résilience pour un système universitaire en quête d’équilibre.

A.B.A + document présentation du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique

En bref

74 377 nouveaux bacheliers en 2025.

87 730 places disponibles dans les universités.

484,3 MDT pour les services universitaires (21 % du budget).

3 781 parcours de formation recensés.

180 000 étudiants bénéficient d’aides, bourses ou prêts.