Tunisie 2043 - image Gemini
Tunisie 2043 – image Gemini

« Tunisia Geographic Futures » (« Tunisie Avenirs géographiques »), tel est l’intitulé d’une étude prospective effectuée par le programme African Futures & Innovation, institution spécialisée dans la fourniture de prévisions intégrées des perspectives de développement de l’Afrique, et ce, en partenariat avec l’Agence de développement de l’Union africaine Auda – Nepad. L’étude analyse le processus de développement actuel et les perspectives d’avenir de notre pays à l’horizon 2043, date de la fin du troisième plan décennal de mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

Elle souligne, dans ses conclusions, l’importance de réformes coordonnées et multisectorielles pour libérer le potentiel économique et social à long terme.

Huit secteurs analysés

L’analyse explore huit secteurs clés : la démographie et la santé, l’agriculture, l’éducation, l’industrie manufacturière, les grandes infrastructures et le « leapfrogging » (saut vers le développement sans passer par les étapes intermédiaires), la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), les flux financiers et la gouvernance.

Parmi les bonnes nouvelles annoncées par cette étude figurent la possibilité de réaliser l’autosuffisance alimentaire et celle de voir la qualité de l’éducation s’améliorer. En voici les principales projections.

« D’ici 2043, la Tunisie devrait atteindre l’autosuffisance alimentaire totale. »

Les scénarios sectoriels

Démographie et santé : une population vieillissante
L’espérance de vie passerait à 82,2 ans en 2043, soit 1,7 an de plus que la trajectoire actuelle. La structure de la population tunisienne se caractérise par un vieillissement démographique. La part de la population en âge de travailler va diminuer.

Économie : une croissance modeste du PIB
En termes de PIB aux taux de change du marché, l’économie tunisienne devrait passer à 75,1 milliards de dollars US en 2043 (43,05 milliards de dollars en 2023), reflétant un taux de croissance annuel moyen modeste de 2,8 %.

Le PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat devrait augmenter progressivement pour arriver à 12.870 dollars en 2043 (9.900 dollars en 2023).

« Le scénario Industrie manufacturière porte la valeur ajoutée à 19,2 % du PIB. »

 

Informalité en baisse, pauvreté en recul
D’après l’étude, les parts du secteur informel devraient contribuer à hauteur de 20,3 % au PIB et employer 32,9 %, ce qui représente une baisse par rapport aux années précédentes et devrait, ainsi, témoigner d’une lente formalisation de l’économie.

Les niveaux de pauvreté devraient diminuer pour atteindre 1,7 % en 2043.

Des disparités régionales persistantes
L’étude fait mention de la persistance de certaines fragilités structurelles. Il s’agit notamment des disparités régionales et de la pauvreté multidimensionnelle. Ces fragilités demeureraient des préoccupations majeures.

Agriculture : vers l’autosuffisance alimentaire
Le scénario Agriculture renforce la sécurité alimentaire en améliorant les rendements des cultures, en développant l’irrigation et en adoptant des techniques intelligentes face au climat. D’ici 2043, la Tunisie devrait passer d’un déficit alimentaire à un excédent, atteignant ainsi l’autosuffisance alimentaire totale.

« Le PIB par habitant atteindrait 13.440 dollars, avec des recettes publiques en hausse. »

 

Éducation : hausse de la qualité et de l’égalité
L’étude prévoit une augmentation du nombre moyen d’années de scolarisation à 11,9 ans et une amélioration des scores de qualité à tous les niveaux. Elle réduit l’écart entre les sexes et permet à la Tunisie de mieux adapter le capital humain aux demandes du marché du travail.

Industrie : montée en puissance de la valeur ajoutée
Le scénario Industrie manufacturière élargit la base industrielle et porte la part de la valeur ajoutée manufacturière dans le PIB à 19,2 % d’ici à 2043. Il favorise la création d’emplois, la réduction de la pauvreté et l’augmentation des recettes fiscales.

Commerce extérieur : diversification et intégration régionale
L’impact de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf) prévoit un accroissement de l’ouverture commerciale et la diversification des exportations. Le déficit commercial de la Tunisie se réduirait à mesure que les exportations de produits manufacturés et de technologies de l’information et de la communication augmentent.

« Cette étude indépendante mérite toute l’attention de nos gouvernants. »

 

Infrastructures et « leapfrogging » technologique
Le scénario des grandes infrastructures et du « leapfrogging » devrait stimuler la connectivité à large bande et la production d’énergie renouvelable. Il soutient également la croissance des services numériques et accélère la transition écologique.

Financement : des flux en hausse
Le scénario « Flux financiers » accroît les IDE, ralentit la baisse des envois de fonds et réduit la dépendance à l’égard de l’aide. En 2043, le PIB par habitant devrait atteindre 13.440 dollars.

Gouvernance : vers des institutions renforcées
Le scénario Gouvernance renforce l’efficacité des institutions, la prestation des services publics et l’équité sociale.

Les scores de gouvernance augmenteraient, la pauvreté reculerait à 1,7 % et le PIB augmenterait pour atteindre 75,1 milliards de dollars en 2043.

Une étude à considérer sérieusement
Et pour ne rien oublier, cette étude, de par la pertinence de ses conclusions, gagnerait à faire l’objet d’une attention particulière de la part de nos gouvernants pour une raison simple. Elle émane de Thinks tanks africains indépendants et n’obéissent pas à des intérêts géopolitiques de tendance ultralibérale occidentale. À bon entendeur.

Abou SARRA

EN BREF – Ce qu’il faut retenir

  • Une étude panafricaine indépendante projette la Tunisie à l’horizon 2043.
  • Des perspectives positives : hausse du PIB, recul de la pauvreté et autosuffisance alimentaire.
  • Le PIB pourrait atteindre 77,33 milliards USD et la pauvreté baisser à 1,4 %.
  • L’éducation, l’industrie, l’agriculture et les infrastructures sont au cœur des scénarios de progrès.
  • Les disparités régionales et les fragilités structurelles restent des défis persistants.
  • L’étude plaide pour des réformes multisectorielles et une gouvernance renforcée.
  • Elle se distingue par son origine africaine, en dehors des cadres géopolitiques occidentaux.