Le ministre des Affaires sociales, Issam Lahmar, a annoncé vendredi l’élaboration d’une première ébauche d’une stratégie nationale de santé et sécurité au travail, lors d’une journée d’information organisée à Tunis en présence du bureau de l’Organisation internationale du travail (OIT) pour les pays du Maghreb.

Cette stratégie s’inscrit dans le cadre de l’élaboration d’un projet de loi visant à ratifier la Convention n°155 de l’OIT relative à la santé et la sécurité au travail. Une fois ratifiée, la Tunisie, déjà signataire de neuf conventions fondamentales de l’OIT, deviendrait ainsi le premier pays arabe à avoir ratifié les dix principales conventions internationales du travail.

Le ministre a précisé que la stratégie repose sur trois volets principaux : la prévention contre les accidents du travail et les maladies professionnelles, y compris psychologiques comme le burn-out, le traitement des incidents et pathologies liés au travail, ainsi que l’indemnisation et l’accompagnement des victimes.

Face à l’absence d’organismes dédiés à la santé et sécurité au travail dans la fonction publique et le secteur public, limités uniquement à des structures médicales, le ministère a proposé la création de structures spécialisées chargées de superviser ces domaines. Ces structures auront pour mission de surveiller la santé et la sécurité dans les espaces de travail publics. Il a également jugé important de consolider les attributions et les missions des groupements de médecine du travail destinés au secteur privé.

Le directeur général de l’Inspection médicale et de sécurité au travail (DGIMST), Lotfi Mahjoub, a précisé que la Tunisie a connu, ces dernières années, une baisse progressive des accidents du travail (11 pour mille travailleurs) et des maladies professionnelles (2500 cas annuels).

Il a révélé qu’un programme national avait déjà été élaboré en collaboration avec les parties prenantes, avant même le lancement de la stratégie. Ce programme, qui démarrera cette année et s’étendra jusqu’en 2027, comprend la révision des textes législatifs, la digitalisation pour améliorer la coordination entre les différents acteurs, l’intégration de la santé-sécurité dans les cursus éducatifs du primaire à l’université, ainsi que la prévention primaire par la détection précoce des risques professionnels.

Le chef du bureau de l’OIT pour les pays du Maghreb, Halim Hamzaoui, a souligné que cette démarche permettra non seulement de renforcer la protection des travailleurs, mais aussi d’adapter la législation tunisienne aux normes internationales et aux évolutions du marché du travail. Il a confirmé l’appui technique de l’organisation à travers l’échange d’expériences et de bonnes pratiques, la comparaison avec d’autres pays, et le renforcement de la stratégie nationale par des traités et conventions. L’OIT facilitera également le dialogue social autour de la sécurité et santé au travail.