Des mécanismes éparpillés permettent, de manière fragmentée de prêter main forte aux entreprises en difficultés. Dans la majorité des cas cela finit devant les tribunaux de commerce. Y a-t-il moyen de trouver une solution ‘’Full Process’’ ?

L’on prête à la PME un crédit exagéré de dynamisme. Et l’on oublie que cette structure demeure vulnérable. Il faut bien reconnaitre que certaines tares génétiques, tel sa sous capitalisation endémique, peuvent se déclencher et la mettre en difficultés. Que serait le cursus idéal pour la récupérer et la redéployer afin qu’elle recouvre la santé ? C’est la thématique examinée, par divers experts, commissaires aux comptes, banquiers, fiscalistes et financiers lors de la dernière rencontre du CJD. Des pistes ont pris forme. Comment dés lors envisager de les mettre en pratique ?

Pourquoi sauver les entreprises en difficultés ?

Quand une entreprise est dans la tourmente, elle met en péril, du capital et des emplois ainsi que des rentrées pour l’Etat. C’est cauchemardesque. Empêcher une entreprise de péricliter, revient à protéger une partie du patrimoine national. Et c’est au nom de ce principe que l’on est appelé à empêcher les entreprises en difficultés d’aller vers un crash.

Cela dit on casse une loi émise par l’économiste austro américain Joseph Schumpeter auteur de la ‘’destruction créatrice’’. Quand une entreprise dépérit, selon J.Schumpeter, elle laisse du champ à une entreprise plus performante pour prendre sa place. Au nom de la rationalité Schumpeter cautionne du gâchis économique. Et social ! Insoutenable à l’heure actuelle.

Que serait le cursus idéal pour récupérer une entreprise en difficulté et la redéployer afin qu’elle recouvre la santé ?

L’économiste français André Marchal avec sa théorie du gradualisme du redéploiement économique semble coller davantage à la réalité du terrain. En effet les courants modernistes poussent les entreprises à la Recherche et Développement (R&D) à l’effet de ne pas se laisser surprendre par les mutations du marché. Et nous pensons pour notre part qu’à moins d’une déviation grossière de management les entreprises se mettent en difficultés quand elles n’anticipent pas les mutations du marché.

L’Etat de l’art

Les Speakers ont commencé par s’interroger sur la responsabilité de la détection de ce fâcheux itinéraire de descente aux enfers des entreprises. Qui est à même de tirer la sonnette d’alarme et qui doit intervenir et à quel moment ? Voilà le triptyque du salut !

Les experts comptables seraient les plus avisés étant donné qu’ils assurent les écritures et établissent les états financiers. Les commissaires aux comptes paraissent également qualifiés pour faire le travail. Le management en place peut aussi, le moment venu, ‘’crier au feu’’. Les banquiers sont, de même, bien placés pour constater une éventuelle grave détérioration de la situation financière. D’autant que la procédure de classement les y prédispose. Les financiers, ceux des fonds d’investissement, savent aussi analyser l’état du haut et du bas du bilan. Ils ont la qualification pour se prononcer sur un éventuel déséquilibre grave et une quelconque baisse de la performance de l’entreprise.

Les entreprises se mettent en difficultés quand elles n’anticipent pas les mutations du marché

Nous regrettons que les fiscalistes n’aient pas été cités comme lanceurs d’alerte. Ni même les spécialistes de productivité. Cette dernière est une variable charnière pour détecter le décrochage de performance. Quoiqu’il en soit les spécialités en question ont toujours un angle de tir trop restreint car ils ne travaillent que sur des variables précises et rarement sur un plan d’ensemble. A l’heure actuelle toutes les médications usuelles ont montré leurs limites.

Le rééchelonnement de la dette, l’abandon d’agios, les crédits en renfort dits crédits de moyen terme à la production destinés à renforcer le fonds de roulement. Pareil pour les apports en compte courant associés qui viennent en renfort des Fonds propres. Toutes ces approches apportent un soulagement ponctuel. Dans leur majorité elles débouchent sur un scénario de procédures collectives devant les tribunaux de commerce.

L’heure dit-on est à la professionnalisation de la fonction de retournement des entreprises. Et pour cela il faut des incitations à la création de pareilles structures. Tout le monde y gagnera.

Et l’appétit des créanciers de rentrer dans leurs frais ne fait qu’accélérer le crash faute d’un véritable plan de renouveau en profondeur, le redémarrage est compromis. Pourtant l’arsenal juridique actuel lequel a connu une inflexion sensible avec la loi de 1995 est assez audacieux. Il est Nécessaire mais hélas !- pas suffisant.

Une disposition unique de salut ?

Face à cette frustration se demandent les speakers quelle serait la disposition magique de salut en faveur des entreprises, en difficultés ? Difficile à trouver pareille disposition d’exception. Cependant la raison recommande de faire du retournement des entreprises un Business à part entière. C’est ce qui se fait dans les économies les plus avancées. Y compris aux Etats-Unis où la législation d’assistance aux entreprises en difficultés est très étoffée.

En Tunisie des mesures diverses ont été adoptées. Nous citons la revalorisation des bilans. Cette mesure permet de muscler les fonds propres sans nouveau apport de ‘’Frais’’, comprenez sans injection de cash de la part des associés. Nous ajouterons également la possibilité d’amortissement accéléré qui dope le Cash flow et détend la trésorerie.

L’heure dit-on est à la professionnalisation de la fonction de retournement des entreprises. Et pour cela il faut des incitations à la création de pareilles structures. Tout le monde y gagnera.