“L’économie tunisienne devrait accélérer légèrement son rythme de croissance pour atteindre 3% en 2025-2026. Cela impliquerait une lente convergence au milieu des années 2030, vers la trajectoire de croissance à long terme, dont l’économie s’est écartée pendant la crise du Covid-19″, selon un bulletin de conjoncture économique sur la Tunisie, publié lundi, par la Banque mondiale.

Dans ce rapport intitulé “Migration dans un contexte économique complexe”, la banque prévoit aussi “une légère diminution de l’inflation en raison de l’écart de production relativement important post-Covid et des légères augmentations des salaires publics suite à l’accord gouvernement-UGTT de l’année dernière”.

La sécheresse et les obstacles réglementaires entravent la reprise économique en Tunisie

Ces conditions ainsi que les réformes économiques devraient aider la Tunisie “à réduire ses déficits courants et budgétaires, assouplissant ainsi les conditions de financement. En outre, la légère augmentation de la croissance économique réelle devrait conduire à une baisse du taux de pauvreté en-dessous des niveaux d’avant Covid d’ici 2025. Ces perspectives à moyen terme sont toutefois conditionnées par la poursuite d’un rythme de réformes ambitieux, à des conditions de financement suffisantes et à la stabilité des prix internationaux de l’énergie, en particulier du pétrole”.

La sécheresse compromet la reprise économique

Pour toute l’année 2023, la Banque Mondiale prévoit une croissance du PIB de 1,2% en 2023 – un ralentissement significatif par rapport à 2021-2022 – avec une légère hausse à 3% en 2024. Elle a expliqué que la sécheresse qui perdure pour la sixième année consécutive, a aggravé une reprise difficile, marquée par un financement extérieur incertain et des obstacles réglementaires à la croissance persistante.

“Les prévisions de croissance pour 2024 sont soumises à d’importants risques à la baisse liés à l’évolution de la sécheresse ainsi qu’au rythme des réformes structurelles planifiées par le gouvernement et aux conditions de financement”.

Réduction du déficit commercial et hausse des recettes touristiques en Tunisie

Et de relever que “la Tunisie enregistre une reprise économique modeste en comparaison avec les pays de la région du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord, avec un PIB par habitant toujours inférieur de 4,7 % par rapport à son niveau d’avant la pandémie”.

La reprise du tourisme contribue à réduire le déficit du compte courant

Si le déficit commercial de la Tunisie a diminué de 39%, à 12,2 milliards de DT (8 mois 2023), le déficit énergétique s’est creusé, continuant ainsi, de représenter la majeure partie du déficit commercial. Cependant, la réduction du déficit commercial conjuguée au rebond des recettes touristiques (+47% sur un an à fin août 2023) et à la stabilité des envois de fonds, ont réduit le déficit des opérations courantes (DOC) au premier semestre 2023.

“La baisse du DOC a atténué la pression sur les besoins de financement extérieur, qui restent cependant importants, au vu du lourd échéancier à venir de remboursement de la dette extérieure : 4,8 milliards de DT, soit 3% du PIB au cours des deux derniers trimestres de 2023”.

Inflation en baisse malgré des pénuries de produits de base en Tunisie

“En l’absence de sources privées de capitaux, la Tunisie continue de dépendre des prêts souverains pour financer ses besoins extérieurs dans un contexte de conditions de financement incertaines”.

“La diminution du déficit courant ainsi que les récents financements extérieurs supplémentaires, notamment de la part de l’Arabie Saoudite, ont contribué à atténuer la pression sur les réserves de change et sur le dinar, fournissant ainsi une certaine marge de manœuvre pour préserver les équilibres extérieurs”.

Toujours selon la même source, les pénuries de produits de base se sont poursuivies, en partie générées par le système de subventions et la baisse de la production agricole, qui ont également accru la dette des entreprises publiques commercialisant les biens importés subventionnés.

Le rapport souligne la baisse de l’inflation, même si elle reste élevée, en particulier dans le secteur alimentaire, car la sécheresse et la compression des importations ont réduit l’offre sur les marchés alimentaires intérieurs.

Par ailleurs, la croissance modérée de la masse salariale publique a contenu le déficit budgétaire au cours du premier semestre 2023, alors que son financement crée un effet d’éviction du crédit au secteur privé.

La dette publique s’élevait à 79,8% du PIB en 2022 et le service de la dette a atteint 3% du PIB au premier semestre 2023. Compte tenu de l’accès limité au financement international, le gouvernement s’est de plus en plus appuyé sur l’emprunt intérieur, ce qui évince le crédit au secteur privé, a relevé le rapport de la BM.