Le retard de la Tunisie dans un secteur aussi important que celui des énergies renouvelables coûte au pays 1% de croissance » a déclaré Taieb Ktari, membre du bureau exécutif de l’UTICA lors d’une conférence de presse organisée à l’occasion de la 2ème édition du Salon International de la Transition Énergétique (SITE 2023), qui a lieu 25 au 27 octobre » 2023 au siège de l’UTICA.

Taieb Ktari figure de proue du groupe Poulina et PDG de Cartago Céramique, a depuis 30 ans intégré les énergies renouvelables dans ses entreprises à travers la cogénération, ce qui a permis des économies d’énergies considérables. Le groupe produit 50 MW.

Pour lui :« Recourir aux énergies renouvelables, qu’il s’agisse d’éolien, de photovoltaïque, de biomasse ou autre, n’est pas un choix, n’est pas un luxe, c’est une nécessité. L’économie nationale ne peut plus compter uniquement sur les énergies fossiles desquelles elle est dépendante mais doit investir et exploiter son potentiel E.R. Nombre d’industries sont énergivores telles les cimenteries, le recours aux énergies renouvelables leur permet de réduire leur consommation et de garder leurs capacités de production ».

Le SITE 2023 qui s’étalera sur trois journées, les matinées uniquement, à partir du 24 octobre, représente une occasion pour les différents acteurs des Energies renouvelables de faire l’état des lieux du secteur et de mettre face à face opérateurs privés et décideurs publics pour qu’ensemble, ils œuvrent à booster la transition énergétique, tisser les partenariats, explorer les technologies et les innovations et apprécier les opportunités de financement.

« La transition énergétique représente pour nous un grand défi que nous nous devons de relever. La deuxième édition du SITE verra la participation de la Chine, de l’Allemagne et de la Libye. La Tunisie ambitionne de couvrir 30 à 35% de ses besoins énergétiques qui sont plus élevés d’année en année. Pour ce, il va falloir renforcer nos capacités de stockage et notre réseau. La Tunisie doit rattraper son retard dans les ER pour ne pas sortir de la carte économique internationale » a indiqué Ali Kanzari, président de la chambre des Energies renouvelables à l’UTICA.

La Tunisie n’est pas le seul joueur sur la scène des énergies renouvelables, précurseur dans ses politiques de transition énergétique et d’encouragement des énergies renouvelables, le pays s’est laissé surpassé par ses voisins algériens et marocain. La Libye est en train de négocier un corridor énergétique avec Malte et le Maroc où la production des ER a atteint 4500 MW soit près de 40% du mix électrique national.

La production tunisienne est à 4% alors que l’Union européenne, son principal partenaire, s’est donné pour ambition de réduire ses rejets de GES d’au moins 40% d’ici à 2030 par rapport au niveau de 1990. L’empreinte carbone ou écologique sera désormais exigée de ses partenaires du Sud opérant dans les industries des composants automobiles, aéronautiques, textiles et autres.

En prévision des besoins du secteur ER en main d’œuvre, l’UTICA a d’ores et déjà entamé, comme précisé par Adel Manaa, président de la FEDELEC, une série de formations à travers la plateforme d’Excellence en Efficacité Énergétique Industrielle au CSFIEE El Omrane. Le Centre dispense des formations de spécialisations co-certifiée public-privé (ATFP et FEDELEC) en « Efficacité énergétique des installations électriques de l’industrie ». Les formations durent six semaines et sont couronnées d’un certificat de fin de formation délivré par le centre CSFIEE/ATFP et les branches professionnelles représentées par la FEDELEC/UTICA.

La Tunisie doit aspirer à une position privilégiée en tant que pays producteur des Energies renouvelables. Mais elle n’y parviendra pas sans une véritable volonté et sans que les lois ne deviennent pas plus propices aux investissements dans les ER. L’Etat doit mettre en place des politiques et des stratégies sur le court, moyen et long terme pour le développement du secteur.

Le projet Tuniso-Italien de câble électrique, Elmed, considéré par beaucoup, comme une grande réalisation, (sic) a été entériné et adopté par la Commission Européenne en 2022, dans une perspective bilatérale mais qui revêt aussi une vocation régionale reste trop modeste (une production de 600 MW) pour les capacités de la Tunisie.

Le SITE 2023 offrira, éventuellement, aux différents participants représentant les secteur privé et public de parler des moyens de développer encore plus la production des ER en Tunisie.

En marge du salon, il y aura une exposition ouverte au grand public, comportant différents acteurs de la chaine de valeur du secteur de l’énergie dont les institutions publiques, les installeurs, les distributeurs et les fabricants des équipements d’énergies renouvelables.

Des participants internationaux seront également présents et prendront part à une série de conférences touchant différentes thématiques sur les aspects stratégiques, les politiques, les nouvelles technologies utilisées dans les énergies renouvelables et les financements.

3 000 visiteurs entre professionnels du secteur et grand public sont attendus au SITE 2023.