La Banque centrale de Tunisie (BCT) a transféré la gestion du cours de change à des autorités exécutives sur le marché de change, lesquelles (autorités) jouent un rôle principal, après l’entrée en vigueur de la loi sur l’indépendance de l’autorité d’émission n° 35 de l’année 2016, selon un rapport publié lundi par l’Observatoire tunisien de l’économie (OTE) intitulé “Réformes monétaires du Fonds monétaire international (FMI), la réduction du cours de change du dinar comme modèle”.

Le rapport a montré que l’adoption de la loi de l’indépendance de la BCT en avril 2016 a été inscrit dans le cadre des négociations avec le FMI qui a exigé que l’Assemblée du peuple vote cette loi en priorité avant la signature de tout accord ou la révision financière.

La BCT a perdu depuis 2016 son rôle défenseur de la monnaie nationale et de garant de sa stabilité, et ses missions se sont limitées à assurer la stabilité des prix, selon l’article 7 de la loi sur l’indépendance de la BCT.

Selon le rapport, la BCT a introduit, depuis 2012, plusieurs modifications au niveau de la politique de change en réponse aux demandes du FMI pour accéder à ses financements.

Ces modifications ont comporté 4 axes, dont le premier concerne l’adoption par la BCT d’une politique de change plus souple, en termes de calcul du taux de change référentiel du dinar qui a entraîné des fluctuations du cours de change, notamment durant le 3ème trimestre de 2012.

Depuis 2013 (le deuxième changement), la politique monétaire en Tunisie a suivi une politique de change plus flexible et ce par l’institutionnalisation de ventes aux enchères de devises sur le marché des changes.

Le troisième changement (2014) porte sur la modernisation des outils de la politique de change et le quatrième changement (Avril 2016) comporte l’adoption de la loi sur l’indépendance de la BCT.

De 2011 à 2022, le dinar a perdu 52% de sa valeur face au dollar américain. Selon la rhétorique du FMI, l’objectif principal de cette politique consiste à réduire le déficit commercial en favorisant les exportations et en réduisant les importations et devrait, en conséquence permettre de protéger le stock de réserves en devises et d’apaiser les tensions inflationnistes.

Le glissement du dinar par rapport aux principales devises a engendré une hausse de l’encours de la dette, l’augmentation des prix des biens importés, l’augmentation du déficit commercial et une forte baisse des avoirs nets en devises.