L’experte en ressources en eau et changements climatiques, Raoudha Gafrej, a appelé, jeudi 4 mai 2023, à annoncer officiellement “l’état de sécheresse, en tant que catastrophe naturelle vécue par la Tunisie”, soulignant l’importance de la mise en place, parallèlement, d'”un plan national urgent de gestion de la crise actuelle de l’eau”.

Lors d’une conférence de presse organisée par le réseau Tunisie verte sur “Experts et militants tirent la sonnette d’alarme concernant la crise de l’eau en Tunisie”, elle a appelé à annoncer la situation d’urgence afin d’adopter des mesures exceptionnelles pour une situation exceptionnelle.

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Grafrej invite le gouvernement à lancer un appel urgent au Conseil national de l’eau et de l’ouvrir aux compétences nationales et à la société civile. Elle estime également nécessaire la tenue du “Conseil de la sécurité régionale”, étant donné que l’eau est une question de sécurité nationale.

Définir le rôle de chacun

L’experte précise que le plan national urgent doit être public et accessible à tous, et fixer le rôle de chacun des acteurs, y compris les décideurs et l’administration (centrale, régionale et municipale), le secteur privé et les agriculteurs ainsi que les citoyens.

Dans le même contexte, elle recommande de mobiliser les financements, local et étranger, en recourant aux bailleurs de fonds internationaux, “étant donné que la Tunisie est dans un état de crise naturelle”.

L’élaboration d’une stratégie de financement s’impose

Gafrej a souligné l’importance d’élaborer une stratégie de financement, en mobilisant un budget qui couvre le coût de la stratégie annoncée, en plus de la révision à la hausse du prix de l’eau et sa valorisation, faisant remarquer que le budget alloué devra couvrir les acteurs endommagés par la politique d’économie d’eau.

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Selon l’experte, la question de l’eau ne doit plus être sous la seule tutelle du ministère de l’Agriculture mais sous la tutelle de la présidence du gouvernement ou de la République directement.

Gafrej appelle aussi a publier une loi d’urgence sur la situation exceptionnelle de gestion des ressources hydrauliques en vue de contribuer à mettre fin à l’utilisation anarchique et illégale de l’eau.

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Elle a également mis l’accent sur l’impératif de stopper le gaspillage des eaux dans les maisons, les entreprises et les hôtels et de veiller à la réparation des chasses d’eau qui accaparent entre 50 et 60% d’utilisation domestique de l’eau, ainsi que dans les zones irriguées ou le gaspillage de l’eau s’élève à 40%.

Imposer des plans d’économie de l’eau dans les entreprises et l’administration

De son côté, le réseau Tunisie verte recommande d’imposer aux entreprises et aux administrations publiques de présenter des plans d’économie de l’eau jusqu’au mois de septembre 2023, en veillant à réparer toutes les pannes (robinets…).

De même pour le citoyen qui doit rationaliser la consommation d’eau et réparer toutes les pannes dans son réseau domestique.

La Tunisie vit une situation de stress hydrique étant donné que cette situation s’est évoluée à un état de crise à cause de la persistance de la sécheresse, depuis 10 ans.

En 2021, la part d’un individu en ressources en eau est estimée à 355 m3 par habitant.

Les réserves en eau des barrages ont subi une forte baisse, avec un taux de remplissage des grands barrages qui a atteint près de 30% le 25 avril 2023.

Les ressources en eau dans les nappes d’eau souterraines ont enregistré une baisse, passant de 66,1% en 2016 à 58,6% en 2017 et à 41,3% en 2022, ce qui a aggravé le problème de la surexploitation des aquifères et de la prolifération des puits anarchiques (près de 22 mille puits en 2020) selon le réseau Tunisie verte.