La filière laitière est en crise. Les quantités de lait collectées sont estimées à 1,4 million de litres par jour alors que la consommation quotidienne moyenne est d’environ 1,8 million de litres, soit un déficit d’environ 400 000 litres. C’est ce qu’a fait savoir, vendredi 16 décembre 2022, le président de la Chambre syndicale nationale des collecteurs de lait, Hamda Aifi.

Il lance un appel au président de la République à organiser une réunion de haut niveau qui rassemble tous les acteurs de la filière laitière pour discuter de l’avenir de la filière, favoriser sa durabilité et éviter son effondrement.

“Les quantités collectées sont acheminées quotidiennement vers le marché à partir du stock de réserve stratégique dont le volume a atteint environ 5 millions de litres, contre 40 millions de litres, au cours de la même période de 2021, ceci pourrait conduire à un épuisement du stock et partant aggraver la situation”, prévient le responsable.

Il explique par ailleurs que la baisse de production est principalement due à l’augmentation des prix des fourrages, et que face à cette situation les éleveurs se sont trouvés contraints de céder leurs troupeaux, d’où l’apparition de la contrebande de vaches vers l’Algérie.

“La récente augmentation de 200 millimes octroyée aux éleveurs de vaches et aux producteurs reste insuffisante au regard du prix élevé des fourrages”, a-t-il soutenu.

Revenant sur ce problème de fourrage, le chargé de la production animale et membre du bureau exécutif de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), Limam Bargougui, a fait remarquer que l’agriculteur n’est plus en mesure de fournir des fourrages riches en protéines (soja, maïs, orge et cèdre). Leurs prix se sont envolés, notamment suite à la guerre russo-ukrainienne.

“Pour nourrir son cheptel, l’éleveur utilise désormais le pain ou les fourrages à faible productivité”, indique Bargougui, estimant que tous ces facteurs ont contribué à la dégradation de productivité, la baisse de la production et par conséquent la perturbation au niveau de l’approvisionnement en lait et même la rupture des stocks.

L’UTAP avait appelé, le 9 novembre dernier, le gouvernement à prendre de mesures urgentes afin de résoudre la crise des fourrages; une crise marquée par une pénurie et une hausse des prix des produits fourragers outre la montée du phénomène de spéculation.

L’organisation agricole a également mis l’accent sur l’importance de poursuivre l’approvisionnement des éleveurs en fourrages afin de préserver la production et préserver les emplois, d’autant que 90% des personnes actives dans ce secteur sont des petits éleveurs.

Elle a souligné la nécessité de constituer des stocks stratégiques en produits fourragers importés, de se conformer aux lois en vigueur et subventionner les prix des matières premières utilisées dans la fabrication des produits fourragers ( 25% pour les tourteaux de soja et 35% pour les graines de maïs).

L’UTAP juge par ailleurs indispensable de réviser à la hausse le prix minimum garanti du lait au niveau de la ferme à 600 millimes par litre et de mettre en place un plan national de développement des produits fourragers locaux adaptés à la conjoncture de changement climatique et tenant compte des besoins réels des ressources animales et naturelles.

Pour rappel, la dernière augmentation (100 millimes/litre) du prix du lait remonte au 2 avril 2021, en vertu d’une décision du ministère du Commerce et du Développement des exportations. Cette décision fait suite à un accord entre l’UTAP et le gouvernement, dans le cadre de la réunion 5+5.

Le prix de vente au public, d’un litre de lait UHT demi- écrémé oscille entre 1 300 et 1 350 millimes. Pour le lait UHT demi -écrémé conditionné dans des paquets de 1 litre, le prix de vente est fixé à 1 350 millimes.

Le prix du lait UHT demi-écrémé conditionné (bouteilles d’un litre) est de 1 300 millimes et le prix du lait UHT conditionné (bouteilles en plastique 3 couches), est fixé à 1 310 millimes le litre.