Le festival d’Art dans la Cité “Dream City” revient après deux ans d’absence due à la pandémie sanitaire du Corona pour se tenir dans sa huitième édition du 30 septembre au 9 octobre 2022 dans la ville de Tunis.

La programmation de la 8ème édition de Dream City organisée par l’Art Rue et qui aura lieu à l’automne 2022 se construit depuis 2020 avec, comme pour chaque édition, des œuvres créées qui se nourrissent du monde actuel, de ses enjeux et défis en dialogue avec des œuvres invitées.

Dream City se distingue par sa méthodologie singulière : inviter des artistes tunisiens et internationaux à inventer et créer con-textuellement en s’engageant avec la cité et ses habitants.

C’est aussi un festival engagé sur la durée qui accompagne les artistes invités et leur offre un temps long de création (allant de 1 à 4 ans) pour pleinement appréhender les spécificités et les réalités sociales et politiques, en investissant les espaces informels de la médina de Tunis (café, rue, maison abandonnée, place…).

Pour sa 8ème édition, Dream City aborde et traite les réalités sociales et politiques de Tunis dans un contexte mondial fragile. Des thématiques telles que les migrations humaines, la question de la démocratie et de la citoyenneté, le vivre-ensemble, les droits humains mais aussi les questions relatives à la gouvernance, aux crimes environnementaux, à la mémoire, etc. sont au coeur de ce festival qui, lors de sa septième édition en 2019 (du 4 au 13 octobre), s’est appuyé sur tous les principes et forces des éditions précédentes et a également ouvert plusieurs nouvelles portes.

Un festival d’Art dans la Cité

Plus que jamais les créations artistiques ont bénéficié de la méthodologie de base que les deux artistes Selma et Sofiane Ouissi ont inventé dès la création du festival en 2007. Que ce soient le chorégraphe Ben Fury et ses danseurs de ” Crossover “, ou Radouan Mriziga et Sondos Belhassen dans ” Ayur “, ou l’artiste visuel Atef Maatallah et son équipe de transformation urbaine sur la place El Kachekh, ou les jeunes artistes tunisiennes Mira Hamdi et Nour Riahi : toutes et tous ont pu développer leur travail dans la durée, sur plusieurs années, et accompagné(e)s par l’équipe de “L’Art Rue” qui a tissé des liens étroits entre artistes et territoire.

D’autres artistes étaient de retour et ont pu renforcer et approfondir les étapes de leur travail montré déjà lors de Dream City 2017 Jozef Wouters, Boyzie Cekwana, ou Malek Gnaoui. Tous les trois viennent de partager des projets nourris depuis 2016 par la Médina et son histoire récente ou plus ancienne, en évoquant aussi des questions politiques et de citoyenneté très contemporaines.

Les jeunes artistes tunisiens citoyens étaient là en force : dans les créations ‘IMedine’ de Serge-Aimé Coulibaly, qui mettait en scène 16 jeunes de la médina, ou ‘Khouyoul’, présentée au 4ème Art, après une tournée en Belgique qui réunit sur scène musiciens, danseurs et enfants dans un spectacle d’une rare sensibilité. Dans le cadre des Ateliers de la Ville Rêvée aussi, où des jeunes tunisiens ont travaillé sur un Manifeste autour des grandes questions sociétales d’aujourd’hui, accompagnés par par les universitaires, chercheurs et penseurs Chaima Bouhlel, Soumaya Ben Cheikh, Adnen Al Ghali et Eric Corijn. Et la parole a circulé dans la cité dans le cadre de plusieurs autres créations et dispositifs, dont ” El Miad “, un rendez-vous journalier avec les citoyens Tunisois, autour de questions artistiques et politiques urgentes.

Tania El Khoury, Adeline Rosenstein, Thomas Bellinck, Ana Pi, et Marwa Arsanios ont partagé à leur tour des projets artistiques très personnels, d’une grande force politique, et en explorant des formes très diverses – l’installation sonore, le théâtre documentaire, la conférence dansée, la vidéo…

La danse, la fête et la musique étaient partout : au QG avec Popytirz Khey ou Ratchopper, au Presbytère Sainte-Croix avec Floy Krouchi, à la Hafsia avec Zied Zouari et Jupiter&Okwess, phénomène de Kinshasa qui a mis le feu dans ce quartier. Et partout dans la Médina, pendant toute une semaine, grâce à ” Transe “, d’Amir ElSaffar et ses 12 musiciens venus de toute la Tunisie et du Mali pour explorer des connections musicales aussi anciennes que contemporaines, à partir de la musique Stambeli.

Chaque spectateur, parmi les 19 900 venus lors de cette 7ème édition, a créé son propre parcours singulier et autonome, un temps fort de 10 jours (avec la participation de 259 artistes venus de 15 pays -Tunisie, Belgique, Maroc, Burkina Faso, Afrique du Sud, USA, France, Irak, Palestine, Mali, Liban, Syrie, Italie, Brésil, Congo-) a permis un rythme et une respiration toute autre, et plus que jamais des liens ont été tissés avec des quartiers autour de la Médina, devenue à chaque fois le territoire de cœur et au cœur de Dream City.

Pas comme décor touristique, mais comme ville sanctuaire où tous les Tunisiens et les enjeux de demain se croisent et créent des espaces partagés indispensables, d’où l’objectif de l’Art Rue, l’espace de création, d’expérimentation et de recherche entre les pratiques et les cultures, qui depuis 2006 oeuvre à travers ses multiples activités et projets à faire résonner le geste créatif de l’artiste avec le contexte de Tunis, ses populations, ses enjeux et ses défis avec l’espoir de créer, poétiser et de transformer un territoire de manière collective, avec l’urgence de faire ville et société ensemble.

L’Art Rue a posé ses valises en 2015 dans la demeure historique Dar Bach Hamba (le nom de la famille qui l’occupe du XVIIème siècle jusqu’en 1923), au cœur de la médina de Tunis, dans le quartier du souk el Blatt. En 2020, après de longues procédures, l’Art Rue parvient à faire classer son siège social sur la liste du patrimoine national tunisien.