Deux produits phares, l’huile d’olive et les dattes, seront les deux vecteurs pour la mise en service du projet pilote de la Bourse des matières premières.

Vendredi 18 mars 2022, au siège de la Bourse de Tunis, a eu lieu la présentation publique de l’étude sur la faisabilité, étape préliminaire, avant la mise à feu du projet de la Bourse des matières premières.

Sihem Nemsia, ministre des Finances, et Samir Saïed, ministre de l’Economie et de la Planification, ont assisté à cet événement, à savoir la mise en place d’un maillon structurant des filières de matières premières qui démarrera avec un projet expérimental sur les produits agricoles. C’est, à n’en pas douter, une initiative prometteuse pour la transparence des prix, la qualité et le répondant en quantité. Comprenez que ce sont là des préalables à une maîtrise ainsi qu’une tentative d’expansion des exportations.

A compartiment nouveau, plateforme nouvelle

Bilel Sahnoun, DG de la Bourse, et Wissem Ghorbel, coordinateur de l’étude et directeur à la Bourse, ont fait tandem pour la présentation de l’étude de faisabilité. Ah quel beau son de cloche en ces temps où la crise est à son comble ! Le projet de la Bourse des matières premières, par sa portée structurante sur les chaînes de valeurs de nos filières sensibles ainsi que ses retombées marchandes, a trouvé échos auprès de tous. Et c’est avec un élan de conviction que l’USAID a financé le projet auquel les deux ministres ont promis un soutien actif, notamment par l’amélioration du cadre réglementaire, ce qui ne manquera pas de rejaillir positivement sur l’environnement d’affaires.

Une plateforme de transaction électronique fera tourner le marché. Elle sera équipée de logiciels dédiés, lesquels ont déjà été identifiés par les autorités de la Bourse et qui seront acquis dans un délai imminent avec le même financement de l’USAID.

De même que le rappellera Samir Saïed, cette Bourse vient deux cents ans après celle de Chicago. Mais mieux vaut tard que jamais, soutient-il, car d’autres projets similaires, telle la Bourse de la viande ovine, ont été mise en place en Argentine. Celle de l’huile de palme en Malaisie ou celle du café en Ethiopie.

La consécration pour les filières d’huile d’olive et dattes

Dès la prochaine récolte, tous les producteurs qui souhaitent adhérer au processus nouveau iront déposer leur production auprès de dépositaires dument agréés. Il s’agit de promoteurs de piles de stockage d’huile d’olive ou de stations de conditionnement pour les dattes contre récépissé ; et ce récépissé servira de gage auprès des banques pour le nantissement du stock.

Ainsi donc l’accès au financement bancaire sera plus accessible pour les petits porteurs. La même procédure prévaudra pour les producteurs de dattes.

Ce système est proche du warrantage antérieurement initié par les banquiers. Etant donné que le projet a comme finalité ultime la promotion des exportations on pense que le système attirera les petits producteurs. Ces derniers seront des affluents d’appoint qui donneront plus de répondant de quantité aux exportateurs. Et le marché pourra fonctionner avec un processus qui favorisera la vérité des prix et formalisera la plus grande partie de la filière car on aura des standards confirmés et des paliers de qualité bien identifiés.

Une piste pour la restructuration de l’économie nationale

Dans le peloton de têtes des pays exportateurs d’huile d’olive et tête de liste des exportateurs de dattes, on pourra tenter via la Bourse des valeurs l’ennoblissement des chaînes de valeur des matières premières. Aujourd’hui le marché va démarrer avec deux produits phares, demain il pourra s’étendre aux phosphates et au plâtre, et pourquoi pas le pétrole.

D’autres opportunités immenses dans le secteur agricole existent et qu’il faudra songer à intégrer notamment les oranges et les produits de la mer avec les sardines.

Dans cette même Bourse, un compartiment peut être réservé à la filière Bio qui y trouverait une rampe de lancement. Autant de pistes qui nous feront découvrir ce nouveau modèle de développement qui tarde à faire surface.

Ali Abdessalam