La Tunisie célèbre le 8 mars, à l’instar de la communauté internationale, la Journée internationale de la femme qui est placée cette année sous le slogan “l’égalité aujourd’hui pour un avenir durable”.

A cette occasion, la ministre de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Séniors, Amel Belhaj moussa, souligne, dans une allocution intitulée “l’autonomisation économique des femmes est la solution” publiée lundi 7 mars 2022 sur la page officielle du ministère, que le changement de la situation des femmes et leur autonomisation est un objectif national qui sera atteint grâce à la mobilisation des organismes étatiques et des différentes forces vives du pays, y compris le secteur privé et les organisations nationales, ainsi que les universités et les centres de recherche vu leur importance dans le renforcement du fondement scientifique des politiques.

3 000 projets promus par des femmes…

Elle a précisé que le programme national pour l’entreprenariat féminin et l’investissement sensible au genre “Raidat”, dont le démarrage sera annoncé le 8 mars courant à l’occasion de la Journée internationale de la femme, permettra la création de 3 000 projets féminins avec des fonds estimés à 50 millions de dinars.

Elle a rappelé qu’un projet de décret présidentiel portant création d’une unité de gestion par objectifs pour la mise en œuvre du programme national pour l’entreprenariat féminin et l’investissement sensible au genre ” Raidat ” a été approuvé jeudi 3 mars 2022, par un conseil des ministres, présidé par le président de la république, Kaïs Saïed.

Promouvoir les services bancaires sensibles au genre

Belhaj Moussa affirme que le programme Raidat vise à promouvoir les services bancaires sensibles au genre, faciliter l’accès aux moyens de production, et encourager la contribution des femmes à l’effort de l’Etat en créant un saut qualitatif dans le domaine du financement des petites et moyennes entreprises féminines à haute intensité en mains d’œuvre, en offrant l’opportunité à la femme tunisienne d’être plus active dans le développement et l’économie.

“Croyant fort au rôle de l’autonomisation économique des femmes, la Tunisie a mis en place des mécanismes d’autonomisation économique et sociale des femmes en général et des femmes pour lesquelles l’intervention est prioritaire”, a-t-elle ajouté.

Elle assure que notre pays a tenu à institutionnaliser l’approche genre et à l’inscrire dans la planification, la programmation et la budgétisation, en plus de la mise en place des mécanismes de contrôle et de gouvernance des différents programmes dédiés aux femmes.

Dans ce cadre, le Conseil des pairs ainsi que les comités régionaux et locaux pour la justice genre et l’égalité des chances entre les femmes et les hommes ont été créés pour intégrer l’approche genre dans les politiques publiques, la législation, les plans de développement et les budgets.

Belhaj Moussa indiqué que la Journée internationale de la femme coïncide, cette année, avec une étape historique difficile dans laquelle la souffrance des femmes augmente à cause de l’expansion des guerres, de la fréquence des conflits armés, de la propagation du terrorisme, de la persistance des impacts de la pandémie de COVID-19 et l’aggravation des effets des changements climatiques sur les groupes vulnérables, notamment sur les femmes et les filles, outre la prolifération des violences au niveau de la société, de violations et de dénis croissants des droits des femmes et de formes croissantes de discrimination et de violence à l’égard des femmes.

Des efforts contre les violences faites aux femmes

“Le ministère de la Famille, de la Femme, de l’Enfance et des Personnes âgées a mis en oeuvre, au cours de l’année 2021, les exigences de la loi fondamentale n° 58 relative à l’élimination des violences faites aux femmes, en se basant sur une approche participative et inclusive des structures gouvernementales, des composantes de la société civile et d’autres partenaires nationaux et internationaux, a-t-elle relevé.

Les efforts nationaux de lutte contre la violence basée sur le genre se sont concentrés sur 4 axes : la prévention de la violence ; la protection ; l’engagement envers les femmes victimes de violence ; la gouvernance, la coordination de la politique publique des réformes législative et la mise en œuvre de la loi.

Par ailleurs, le ministère cherche actuellement à revoir et développer ce cadre institutionnel et soutenir les mécanismes et les outils de travail, y compris les méthodologies et les guides, qui favorisent l’intégration du genre dans la gouvernance locale et l’adoption des chartes des villes pour intégrer les services sensibles au genre.

Stratégie nationale de lutte contre la violence à l’égard des femmes

Selon elle, l’année 2021 a été marquée par la mise en place de nombreuses nouvelles initiatives notamment l’inclusion de l’approche genre et les changements climatiques dans les politiques, programmes et projets publics à travers les orientations gouvernementales pour la préparation du budget de l’Etat pour l’année 2022 et le plan de développement 2023-2025 et en harmonisation avec les objectifs de développement durable, en particulier l’objectif 5 sur l’égalité entre femmes et hommes et l’autonomisation des femmes et des filles aux niveaux économique, social et environnemental.

Le ministère de la Famille et de la Femme a réussi à mettre à jour la stratégie nationale de lutte contre la violence à l’égard des femmes qui a été approuvée en mars 2021 et s’emploie à renforcer la coordination multisectorielle en examinant le rôle des comités régionales de coordination dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes et en élaborant un nouveau plan pour remplir leurs rôles respectifs, a-t-elle souligné.

Une étude sur le coût économique et social de la violence à l’égard des femmes

Dans ce contexte, Moussa a fait savoir que le phénomène croissant de la violence à l’égard des femmes est devenu une double préoccupation qui a incité toutes les parties intervenantes à aborder ce dangereux phénomène avec objectivité et audace, considérant ses répercussions sur les femmes, en premier lieu, et sur toutes les composantes de la société, en deuxième lieu, réitérant à cette occasion sa condamnation de la violence numérique qui pourrait affecter toute femme tunisienne ; dans toute position d’action, de lutte et de participation aux affaires publiques.

Sur la base de l’interdépendance entre la lutte contre la violence et l’importance du changement des mentalités et des comportements, le ministère de la femme a renforcé son ouverture sur les communautés scientifiques, académiques et les chercheurs dans le but de d’analyser scientifiquement une réalité marquée, récemment par la montée de la violence en Tunisie.

Dans ce contexte, la ministre a annoncé que son département lancera une étude nationale sur “le coût économique et social de la violence à l’égard des femmes”, qui a été confiée au Centre de recherche, d’Etudes, de Documentation et d’Information sur les Femmes (CREDIF).