L’Ambassade de France en Tunisie a indiqué, jeudi, dans un communiqué, qu’Emmanuel Moulin, directeur général du Trésor, s’est rendu le 31 janvier à Tunis à l’invitation des autorités tunisiennes. Il était accompagné de Magali Cesana, la cheffe du service des affaires bilatérales et de l’internationalisation des entreprises du Trésor.

L’ambassade a précisé que “cette visite s’inscrit dans le cadre des échanges réguliers entre la France et la Tunisie et que les discussions ont porté exclusivement, sur les questions économiques et financières et sur le soutien de la France aux réformes envisagées par la Tunisie dans le cadre de ses négociations avec le FMI”.

Il est à noter que cette visite a suscité une grande polémique sur les réseaux sociaux et sur certains médias quant à un éventuel recours de la Tunisie au Club de Paris.
Rappelons que le club de Paris est un groupe informel de créanciers publics dont le rôle est de trouver des solutions coordonnées et durables aux difficultés de paiement de pays endettés.

La ministre des Finances, Sihem Nemsia a affirmé hier mercredi, dans une déclaration médiatique, qu’Emmanuel Moulin a visité la Tunisie en sa qualité de directeur général du Trésor et non pas en tant que président du Club de Paris.

Dans un post sur son compte Facebook, le chef d’entreprise et membre de l’IACE, Nafaâ Ennaifer est revenu sur cette visite :”Alors qu’il nous manque encore à ce jour plus de 5 Milliards de DT d’emprunts pour boucler le budget 2021, le Gouvernement devra mobiliser 19 Milliards DT de nouveaux crédits (dont 12 Milliards à l’étranger) pour financer le budget 2022″.

“A défaut de présenter au FMI un programme de “réformes profondes ” sur lequel un consensus interne aurait été trouvé, point de possibilité de lever les fonds en devises nécessaires.

Outre les réformes économiques, plusieurs pays “influents ” dans la prise de décision du FMI et des bailleurs de fonds (USA, France, Allemagne), mécontents de la voie empruntée par le Président, ont posé aussi des conditions ” politiques “… a poursuivi Ennaifer.

Pas besoin de rappeler que même la levée de fonds à l’intérieur pose désormais de multiples problèmes. Sans l’obtention des financements nécessaires, le remboursement du service de la dette (14,5 Milliards de DT dont 10 Milliards en principal en 2022), serait logiquement compromis” .Et d’enchaîner “La répartition de notre dette publique est environ la suivante : 37% de dettes intérieures et 63% de dettes extérieures (34% de dettes multilatérales (FMI, BM..) ; 11% de dettes bilatérales (Pays) ; 18% de dettes contactées auprès des marchés internationaux ). Les dettes multilatérales représentent donc le 1/3 de notre dette publique (et 54% de la dette extérieure)”.

“Quant aux dettes bilatérales, elles ne représentent que 11% de notre dette publique (et 17% de notre dette extérieure). Seules ces dettes sont du ressort du Club de Paris en cas de recours obligé de la Tunisie au rééchelonnement de sa dette. Enfin, les dettes contractées sur les marchés internationaux représentent 18% de la dette publique (et 29% des dettes extérieures), et leur éventuelle restructuration serait de la compétence du Club de Londres”.

Ennaifer a ainsi, souligné que “la visite d’Emmanuel Moulin, Directeur Général du Trésor Français et Président du Club de Paris, aurait, à ce stade, 3 objectifs: “sensibiliser ” et “insister ” sur l’importance du ” volet politique “, proposer l’assistance pour la finalisation d’un programme de réformes à même de satisfaire les exigences du FMI et des autres bailleurs de fonds et proposer l’assistance pour la création de l’Agence de gestion de la dette publique et l’Agence de gestion des participations de l’Etat” a indiqué Ennaifer.

Il a cependant estimé que “rien n’empêche Mr Moulin, Directeur du Trésor, de changer de casquette en temps opportun, pour porter celle du Président du Club de Paris.. Entre temps, on continue à gaspiller le temps et à faire la politique de l’autruche”.

De son côté, Fethi Zouhair Nouri, Professeur des Universités en sciences économiques, a estimé, sur son compte Facebook, que la polémique ayant accompagné la visite du Directeur Général du Trésor français en Tunisie est exagérée, appelant les tunisiens à faire valoir la valeur travail pour sauver le pays au lieu de nourrir les polémiques vaines sur les réseaux sociaux.