Les procédures d’inscription du dossier tunisien de la Calligraphie arabe auprès du Centre du patrimoine mondial ont pris fin par la réception du document officiel attestant l’inscription, en 2021, de la Tunisie -avec 15 autres pays arabes-, sur la liste représentative de l’Unesco, a annoncé la Délégation de Tunisie à l’UNESCO et à l’OIF dont le siège est basé à Paris.

“Fier de recevoir au nom de de la Tunisie l’attestation d’inscription de la Calligraphie arabe de M. Curtis Sec de la Convention de l’Unesco sur le patrimoine immatériel”, lit-on dans un tweet, publié hier, de Ghazi Gheraïri, ambassadeur-délégué permanent de la Tunisie auprès de l’Unesco et de l’OIF.

Le 16e Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, tenu en ligne du 13 au 18 décembre 2021, avait décidé d’inscrire les arts de la calligraphie arabe : compétences, savoirs et pratiques” sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité.

Cette inscription est le fruit d’une candidature arabe commune déposée en 2020 par 16 pays (Algérie, Arabie Saoudite, Bahreïn, Egypte, Emirats arabes unis, Iraq, Jordanie, Koweït, Liban, Mauritanie, Maroc, Oman, Palestine, Soudan, Tunisie et Yémen). Auparavant, une action avait été menée par le Royaume d’Arabie Saoudite et supervisée par l’Organisation arabe pour l’éducation la culture et la Science (Alecso) dont le siège est à Tunis.

Le dossier tunisien présente l’école tunisienne de la calligraphie, notamment la calligraphie Kairouanaise. L’inventaire national du patrimoine immatériel sur ” la calligraphie arabe : savoir-faire, savoirs et pratiques” présente la calligraphie comme étant un trait culturel commun qui ” est répartie sur l’ensemble du territoire tunisien. Elle couvre la trame des villes, villages, centres urbains et ruraux, aussi bien anciens que nouveaux “.

” Trait majeur de la culture arabo-musulmane, la calligraphie s’est affirmée comme un socle identitaire et une pratique complexe où se côtoient, sinon se croisent, l’art, le sacré et les médiations philosophiques au sein de la société avec sa mémoire, ses valeurs et les tendances qui la marquent, selon les époques. “, lit-on dans la description détaillée de cet élément du patrimoine immatériel.

Concernant le volet historique, le document rappelle que les multiples hypothèses des historiens sur l’origine de l’écriture arabe dont “la plus probable est l’origine nabatéenne dérivée de la cursive araméenne et qui prend ses sources dans l’alphabet phénicien. Par ailleurs, c’est à partir de la transcription du livre sacré, inauguré par le calife Omar (634-644) et continué par le 3e calife Othman Ibn Affan que nous pourrons parler de calligraphie”.

Selon le même document, “la calligraphie pratiquée en Tunisie fait partie intégrante de la calligraphie arabe en général, et celle du Maghreb en particulier. Si sa genèse s’inscrit dans le contexte de la conquête arabo-musulmane du Maghreb, elle a vite évolué, notamment après la fondation de Kairouan, en 670, qui devient la capitale de l’Etat aghlabite et le centre scientifique et culturel de tout le nord de l’Afrique, ce qui a donné naissance à la calligraphie kairouanaise inspirée de Koufa et son dérivé le coufique ou le kairouanais fleuri”.

“La calligraphie arabe désigne la pratique artistique consistant à retranscrire l’écriture arabe manuscrite avec fluidité, afin d’exprimer harmonie, grâce et beauté”, peut-on lire sur le site de l’Unesco. L’organisation onusienne indique une pratique qui peut être transmise tant par l’éducation formelle et informelle.

La calligraphie arabe utilise les vingt-huit lettres de l’alphabet arabe, rédigé en écriture cursive de droite à gauche. Largement répandu dans les pays arabes, cet art arabo-islamique est caractérisée par la fluidité de l’écriture qui offre des possibilités infinies dans l’usage des lettres, dans les œuvres traditionnelles aussi bien modernes.

Traditionnellement, les tiges de roseau et de bambou forment les techniques d’écriture le plus souvent en usage sur du papier qui est fabriqué à la main et enduit d’amidon, de blanc d’œuf et d’alun. Ces matériaux naturels constituent des outils d’écriture avec de l’encre, fabriqué à partir d’ingrédients tels que le miel, la suie et le safran.

La calligraphie moderne utilise fréquemment des marqueurs et des peintures synthétiques et de la peinture en bombe spray est utilisée pour les calligraffiti peints sur les murs, les panneaux et les bâtiments. Les artisans et les designers ont recours à la calligraphie arabe pour réaliser des ornementations artistiques, par exemple sur le marbre, les sculptures sur bois, la broderie et la gravure sur métal.

L’inscription d’un élément au patrimoine immatériel de l’Unesco permettra de protéger l’héritage culturel dans plusieurs régions du monde contre la disparition.

Traditionnel, contemporain et vivant à la fois, le patrimoine culturel immatériel ne comprend pas seulement les traditions héritées du passé mais aussi les pratiques rurales et urbaines contemporaines, propres à divers groupes, lit-on encore sur le site de l’Unesco.

“Le patrimoine culturel immatériel est un facteur important du maintien de la diversité culturelle face à la mondialisation croissante”. L’Unesco précise que son importance “ne réside pas tant dans la manifestation culturelle elle-même que dans la richesse des connaissances et du savoir-faire qu’il transmet de génération à une autre”.

L’organisation onusienne ajoute que “cette transmission du savoir a une valeur sociale et économique pertinente pour les groupes minoritaires comme pour les groupes sociaux majoritaires et est aussi important pour les pays en développement que pour les pays développés”.