Les changements climatiques pourraient être synonymes d’une baisse dramatique de la production nationale des céréales, de l’huile d’olive et des fourrages à l’horizon 2050. Cette baisse devrait s’amplifier à l’horizon 2100, impactant ainsi la sécurité alimentaire.

C’est en tout cas ce que souligne une étude sur les ” Impacts des effets du changement climatique sur la sécurité alimentaire ” que vient de publier l’ONAGRI (Observatoire national de l’agriculture).

Selon cette étude, la régression de la production risque de s’aggraver avec la forte baisse de ressources en eau affectant les réservoirs et les nappes.

Une nette baisse de la production céréalière

Les deux principaux aléas qui affectent directement la production céréalière sont l’augmentation des températures et l’allongement des périodes de sécheresse, surtout après 2050, qui posent des défis majeurs du fait de la vulnérabilité à la fois de la composante pluviale de la production directement, touchée par ces deux aléas, mais aussi de la composante irriguée qui pourrait être réduite par la non disponibilité des ressources en eau suffisante.

Toutes les régions de la Tunisie devraient subir une grande intensification des survenus climatiques impactant la production céréalière tels que l’échaudage, les hivers doux et l’avancée de cycle menant directement à des pertes significatives des rendements déjà en-deçà des moyennes internationales.

Cette baisse des rendements s’accompagnerait, selon les résultats l’étude, d’une contraction des aires d’aptitude climatique à la céréaliculture. Ces diminutions conjointes des aires favorables et des rendements engendreraient par conséquence des impacts négatifs sur la production céréalière en Tunisie.

Chute de la production oléicole

Comme la céréaliculture, cette étude a souligné que les aires d’aptitude climatique à l’oléiculture se contracteraient et remonteraient vers le nord de la Tunisie, en raison des changements climatiques. Cela se traduirait par une diminution des superficies favorables à la culture oléicole.

Ainsi, les productions futures de l’huile d’olive peuvent chuter de 70% par rapport à la période de référence (1981-2010) à l’horizon 2100 selon le scénario extrême, enregistrant ainsi des niveaux de production de 60 milles tonnes. Toutefois, ces résultats ne tiennent pas compte de développement technologique du secteur et de l’aptitude des oléiculteurs à utiliser des nouvelles méthodes et itinéraires techniques de production qui leur permettraient d’améliorer davantage leurs rendements.

Tendance baissière de la production fourragère des parcours

L’impact direct d’une augmentation importante de la survenue des aléas touchant les activités pastorales serait bien évidemment une tendance à la baisse des rendements fourragers des parcours.

Concernant les aires d’aptitude climatique aux plantes pastorales, les changements climatiques pourraient créer une contraction et une remontée de ces aires au nord. En conséquence, à l’horizon 2100, les aires favorables aux plantes pastorales diminueraient remarquablement, ce qui conduirait à une dégradation de la production fourragère nationale qui mènerait directement à une baisse de la production de viande rouge issue de l’élevage pastoral (ovin et caprin).

D’une manière générale, le changement climatique est en train de provoquer des incidences négatives sur la sécurité alimentaire des nations et particulièrement les régions arides dont la Tunisie fait partie, a ainsi souligné l’étude.

Pour cela, la Tunisie s’est engagée avec le Fonds vert pour le climat (GCF) pour financer la mise en œuvre de programmes et stratégies nationales de lutte contre le changement climatique.

Ainsi, le Fonds vert pour le climat a alloué 1 million de dollars en 2018 pour l’élaboration d’un plan national d’adaptation sectorielle aux changements climatiques.

Il convient de mentionner que la Tunisie est l’un des dix pays les plus financés en Afrique en termes de financement climatique avec 4,6 milliards de dollars depuis 2009, selon cette étude qui reprend les chiffres de l’OCDE.