Alix Ferraris, un homme de culture Corse qui oeuvre pour la promotion du cinéma méditerranéen et l’éducation à l’image, est l’initiateur de la Copmed, un nouveau projet de coopération méditerranéenne dédié au court-métrage, de la phase d’écriture jusqu’à la diffusion.

A l’occasion de sa récente visite en Tunisie dans le cadre du festival “Vues sur les arts”, l’agence TAP l’a rencontré à l’espace Agora. Il a présenté l’objectif de la mise en place de ce projet dont l’idée est de rapprocher les auteurs méditerranéens. En dehors de ce projet, Alix Ferraris dirige “Les Nuits Med”, un festival itinérant pour les films courts métrages basé dans l’île Corse en France.

La Copmed est initiée dans le cadre d’une coopération multipartite qui réunit différentes institutions en Tunisie et en France dans le but de créer un rapprochement entre la Corse et la Tunisie. A cet égard, Ferraris évoque ” les racines méditerranéennes communes avec la Corse et cette action Copmed “.

Ce projet a également pour objectif de voir faire de l’île Corse, “une sorte de Hub ” à partir d’où il serait possible de faire circuler plus facilement les œuvres.

La cinémathèque tunisienne, le référent de la rive Sud

Alix Ferraris est le coordinateur de ce nouveau projet organisé par l’association dont il préside, Diffusion KVA, responsable pour le territoire Corse du dispositif ” Talents en Court in Corsica é Méditerraniu ” réalisé en partenariat avec le Centre National Français du Cinéma et de l’Image Animée (CNC). La partie tunisienne est représentée par le Centre National du Cinéma et de l’Image (CNCI).

Plusieurs partenaires s’associent à ce projet comme la Cinémathèque Tunisienne, l’Institut Français de Tunisie (IFT), France 3 Corse ViaStella et bien d’autres.

Tarek Ben Chaabane, directeur de la Cinémathèque tunisienne sera ” le référent de la zone Rive Sud, et le représentant de ce programme Copmed “. Cet académicien et spécialiste du cinéma œuvrera aussi ” à la création de liens avec des festivals en région méditerranéenne, comme ceux du Liban et d’Egypte “, a déclaré Ferraris.

Le lancement de ce projet coïncide avec une reprise dans le secteur du cinéma et la réouverture des salles après l’allègement des restrictions au niveau de l’accueil du public dont le nombre ne doit pas dépasser les 50%.

Dans une première étape, une nouvelle résidence itinérante méditerranéenne baptisée ” Courts Entre 2 Rives ” est prévue en 2022. Elle est ouverte aux auteurs et réalisateurs tunisiens et corses de courts métrages.

Un appel à candidatures a été récemment lancé dans le cadre de la Copmed en prévision de la tenue de ces deux résidences scénaristiques itinérantes. Il s’agit d’une résidence d’écriture qui se déroulera sur deux volets: la première session aura lieu du 7 au 13 février 2022 en Tunisie, et la seconde session du 17 au 23 avril 2022 en Corse.

“Le but de cette résidence est de renforcer l’écriture scénaristique des jeunes cinéastes qui seront accompagnés par des conseillers en écriture scénaristique”. Dans une seconde étape, les participants auront deux semaines pour apporter une dernière version devant un jury représenté par le CNCI.

Une fois le scénario est prêt, les candidats vont présenter leurs projets au terme de la deuxième semaine de résidence qui aura lieu dans l’île Corse. Le pitch sera fait en présence des représentants du CNCI et de la Cinémathèque tunisienne.

Alix Ferraris estime qu’il s’agit d'”un exercice difficile” surtout que chaque candidat devrait présenter son projet devant le jury en quelques minutes. La pertinence, la synthèse et le programme du scénario seront décisifs dans le choix du meilleur, dit-il.

L’objectif de cette résidence itinérante est de renforcer cette coopération pour commencer à travailler en Méditerranée et à se rapprocher entre voisins, avec des moyens fournis par les divers partenaires. Pour cette première, le CNCI prendra en charge le côté logistique (hébergement, restauration…).

Au cours de son séjour en Tunisie, Ferraris a indiqué qu’il a eu une rencontre avec le Directeur général du CNCI et le directeur de l’IFT en vue d’instaurer ce nouveau partenariat dans le cadre de la Copmed.

La Genèse d’une action solidaire…

L’idée de cette Copmed remonte à la première présentation qui était à l’occasion du festival international du court métrage de Clermont-Ferrand, tenu à distance, et dans le cadre du marché du film de ce festival organisé en 2021.

Ferraris est revenu sur sa rencontre en 2019 avec Tarek Ben Chaabane. Ce dernier était en Corse pour représenter le festival Manarat. Cette rencontre a été déterminante, dit-il, puisqu’elle a également réuni d’autres acteurs du cinéma méditerranéens représentant des festivals comme Bejaia (Algérie), Tanger (Maroc), en région Picarde et en Corse. Le but étant de commencer une réflexion autour du cinéma méditerranéen.

La Copmed est donc “une action solidaire qui a pour but d’accompagner les jeunes cinéastes et de créer un cinéma Méditerranéen par excellence en vue de circuler leurs œuvres en Méditerranée et dans les festivals”.

Ferraris évoque une sorte de fédération de festivals qui crée à la fois, des actions comme les résidences d’écriture scénaristique de fictions autour du format court métrage. La détection et le renforcement des jeunes talents du cinéma Méditerranéen sont au cœur de ce projet à travers des dispositifs comme “Talents en court” du CNC français.

Cette rencontre en Corse avait ainsi balisé le chemin vers la création du premier noyau de ce projet. Elle était suivie en 2019 par une masterclass au Festival Manarat en Tunis. Ferraris était invité avec des réalisateurs corses à animer les débats dans le cadre d’une Master class “De l’écrit à l’écran”.

Ce même thème a été reproduit en 2021 au festival “Vues sur les arts” organisé récemment à l’espace culturel l’agora à la Marsa, (banlieue nord de Tunis).

Ces ateliers sont dans la continuité du dispositif “Talents en Court” en Corse. Le but est de permettre une proximité et un cadre de réflexion et d’échange qui réunit les professionnels du film au public cinéphile. Les masterclasses permettent aussi de découvrir les coulisses du processus de fabrication d’un film ; les liens entre le producteur et réalisateur, l’écriture et le montage, la présence de l’œuvre dans les festivals et les salles de cinéma…

Ferraris a parlé ainsi d’un espace d’interaction qui permet de ” prendre conscience de tous les maillons de la chaine de production jusqu’à la diffusion “. Ce partage apporte ce qu’il qualifie “un plus pour l’auteur, le producteur et le public qui découvre la chaine de fabrication du film.

Il lève le voile sur ces ” moments de doute chez l’auteur et tout le travail fastidieux qui accompagne la fabrication de son film ” notamment durant la phase de la recherche des financements.