Les professionnels de la musique du Monde arabe et d’Afrique seront à nouveau réunis aux Journées Musicales de Carthage (JMC) 2021 qui auront lieu du 18 au 23 décembre, en mode hybride, présentiel et à distance.

Créées en 2009, les JMC ont connu, depuis leur 1ère édition en 2010 sous la présidence artistique du musicien Kamel Ferjani, une interruption sur trois ans successifs (2011, 2013, 2014), puis en 2020.

Après Hamdi Makhlouf (2015, 2016 ,2017), Achref Chargui (2018) et Imed Alibi (2019), un autre musicien, Sami Ben Sayed, est aux commandes de ce festival qui vise la promotion d’artistes en herbe pour une meilleure visibilité sur la scène musicale et dans les festivals.

Les JMC sont organisées par l’Etablissement national pour la promotion des Festivals et des Manifestations Culturelles et Artistiques (ENPFMCA) sous l’égide du ministère des Affaires culturelles. Le festival se tient cette année en partenariat avec Culture Funding Watch qui prendra en charge le volet digital et les forums virtuels sur des plateformes de diffusion en live streaming. Au line-up, des speeds meetings, des masters classes et des stands virtuels pour les projets innovants.

Après son report en 2020, cette 7ème édition hybride aura lieu sans la compétition qui cède la place au concept du réseautage entre artistes émergents et professionnels de l’industrie du secteur de la musique. Il n’y aura pas n’ont plus de cérémonie d’ouverture ni de clôture.

Les grandes lignes de cette édition 2021 ont été présentées par les organisateurs lors d’un point de presse tenu, mercredi, à la salle Omar Kelifi à la Cité de la Culture. Des panels de rencontres sont prévus en matinée alors que les spectacles seront donnés entre 13h30 et 21h30.

Le protocole sanitaire sera appliqué dans les salles de spectacles. Un nombre limité de personnes sera autorisé dans chaque espace où la capacité sera réduite de 50%. Les artistes invités seront tenus de suivre la procédure lors du voyage, en présentant le passe sanitaire et le test PCR.

Sami Ben Sayed a expliqué le choix d’organiser les Journées sans la compétition, par la volonté de faire de cette manifestation un espace de créativité, de rencontres et de dialogue artistique et professionnel. ” Au lieu d’axer sur l’aspect concurrentiel qui créé une certaine sensibilité entre les artistes, l’égalité des chances sera une priorité qui ouvre les horizons pour chacun d’eux “, a expliqué Ben Sayed.

La participation sera sortie du cadre ” compétitif qui limite les chances de réussite, pour créer une sorte de solidarité entre artistes, de retour sur scène après une période assez dure durant la crise sanitaire “, a-t-il encore dit.

Il a encore parlé de l’actuelle scène musicale en Tunisie qui ne reflète pas la réalité d’un secteur en pleine évolution. Le festival se propose ainsi ” d’offrir plus de soutien et de visibilité aux artistes qui ont des œuvres créatives de qualité “.

” La créativité, l’originalité et la qualité d’exécution “, étaient les critères de base dans les choix des spectacles par le comité de sélection. Le jury composé de Hédi Fahem, Ikbal Hamzaoui et Zied Zouari a pris en compte, notamment ” le critère d’exportabilité ” pour chaque œuvre retenue.

Côté budget, aucun chiffre n’a été dévoilé. Selon Youssef Lachkhem, directeur général de l’ENPFMCA, ” il sera connu à la lumière ” du bilan financier final de cette édition, sachant qu’ en 2019, le coût du festival était de l’ordre de 1,1 million de dinars”.

En l’absence de la plupart des participants, les organisateurs prévoient un allègement des dépenses surtout que cette édition ” était programmée en une version totalement hybride, tous les spectacles devaient avoir lieu en présentiel et en ligne “, a-t-il ajouté.

Les JMC cherchent à offrir plus de connectivité entre les artistes d’un côté et entre les artistes et les professionnels, producteurs et bailleurs de fonds. Les organisateurs ont notamment opté pour une approche qu’ils qualifient d’innovante des arts de la performance qui allie la musique aux arts visuels.

Ce rendez-vous annuel qu’abritera la Cité de la Culture à Tunis et divers espaces de la Capitale, prévoit 40 concerts d’artistes issus de 16 pays. Parmi cette sélection, 11 spectacles seront diffusés en ligne et le public présent aux JMC aura l’occasion de les suivre sur un écran géant. Un documentaire (5’) autour de chaque artiste, accompagnera la diffusion.

La Tunisie sera représentée par 18 artistes : Nuoro Quintet By Ahmed Litaiem, Denya de Dali Chebil & Mohamed Ben Salha, Kais Frihat Quartet & Friends, Mirrors, Sami Ellouze – Idraak, Moonyr Beb Hbal – Transit, Slim Abida Quintet, El.Kasset, Benjemy, Gousoun, Aza – From Soul to Heart, Tiga Black’Na and Band, Pazaman Live Band, CrowZ, Houssa – Mohamed Ben Slama, Islem Jemai, Good Vibes. Hatem Frikha et amis et Nawather.

Certains pays seront représentés par 2 formations musicales: l’Algérie (Ifrikya Spirit, RABIE HOUTI BAND), le Cameroun (Marsi Essomba, Le berger), l’Egypte (Nour Projet, High Dam Band), le Madagascar (Mashmanjaka, OLO Blakey), le Maroc (The Leila, Sonia Noor), le Sénégal (Cheikh Ibra Fam, Mariaa Siga) et la Palestine (Issa Murad Joussour, Shadi Zaqtan).

Pour le reste des pays, une seule participation est prévue chacun : le Cap vert (ELIDA ALMEIDA), la Jordanie (Bisher), la Mauritanie (Khoudia Acoustics), le Mali (Virginie Dembele), la Syrie (Dafa Trio). Ghaith Al-Maghout) et le Togo (Lady Apoc).

Les masters class et l’accompagnement des artistes seront au coeur des JMC à travers une vision sur le long-terme en vue de promouvoir et diffuser les œuvres de la région arabe et du Continent. Cette orientation ambitionne de valoriser les jeunes talents et les artistes émergents en leur ouvrant de nouveaux horizons pour une meilleure visibilité régionale et internationale.

Ce concept 2021 émane de la vocation essentielle du festival dont la mission est de contribuer à la professionnalisation de la musique en Tunisie, en Afrique et en région arabe.
La version digitale verse dans la nouvelle tendance pour les manifestations artistiques qui depuis la crise sanitaire et les restrictions dues à la Covid-19, adoptent de plus la tenue de concerts en ligne. Ce concept digital offre une certaine flexibilité qui permet d’aller vers les artistes où qu’ils soient.

Une stratégie qui permet également de minimiser les coûts pour les organisateurs surtout que la prise en charge des artistes lors de leur déplacement en Tunisie est le plus souvent à la charge du festival.

Les JMC artistes Lab est un concept dédié aux artistes résidents en Tunisie, afin de garantir une meilleure visibilité de leurs créations. Il a débuté en septembre dernier à travers une formation en ligne ayant profité à 12 groupes d’artistes. L’accompagnement professionnel leur permettra de mieux défendre leurs projets lors des rencontres avec les professionnels, producteurs et programmeurs de festivals.

Le festival a également mis à la disposition de chaque artiste, un agent, un attaché de presse et un technicien qui l’accompagne dans tout le processus de création de son oeuvre.
Les JMC Incubateur est une résidence de 8 artistes et responsables incubateurs, en plus d’un expert de musique électronique, Zied Hamrouni et d’un curateur, Aymen Gharbi. Au terme de ces résidences, 4 outputs, 4 performances musicales et visuelles sont produites.
Dans ce même concept des JMC électro, un concert de musique sera donné, accompagné d’une installation visuelle à travers un parcours de la Médina de Tunis, entre Bir Lahjar, Tahar Haddad et Midhat al Sultan.

Les organisateurs misent sur ce concept qui a été initié en 2018, partant de l’intérêt grandissant pour la musique électronique et les arts numériques à travers le monde. Ce genre de musique connait une expansion totale, ce qui devra aider les jeunes talents tunisiens à être au diapason de ce qui se passe ailleurs.

La critique souvent absente dans la presse nationale sera aussi un segment important dans la nouvelle orientation des JMC. Le directeur du festival a parlé d’un programme qui devra être élaboré avec le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) à travers des ateliers qui favorisent la critique scientifique des œuvres créatives.