Doté de 80 000 euros, le projet “Livres des deux rives”, porté par l’Institut français, vise à renforcer le dialogue entre les deux rives de la Méditerranée par des actions de coopération autour du livre, à soutenir les flux de traduction entre le français et l’arabe et à accompagner le secteur du livre en Tunisie, en Algérie et au Maroc.

Le dernier délai pour postuler est fixé pour le 10 septembre 2021, annonce l’ambassade de France en Tunisie sur sa page facebook.

Issu du Sommet des deux rives de la Méditerranée, le programme “Livres des deux rives”, mis en œuvre par l’Institut français, durera de juin 2021 à février 2023 et concernera, outre la France, le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, informe l’Institut Français.

Ce projet vise à soutenir le dialogue entre les sociétés civiles des rives Nord et Sud de la Méditerranée par des actions de coopération autour du livre. Il fait figure de projet pilote avec, à moyen terme, une perspective d’élargissement à d’autres pays européens et du monde arabe, ainsi qu’à d’autres langues de traduction.

Alors que la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 porte un coup d’arrêt aux mobilités et à l’heure du 10e anniversaire des Printemps arabes, le livre constitue plus que jamais un outil de dialogue interculturel, d’échanges durables et de renforcement des liens entre les sociétés civiles des rives Nord et Sud de la Méditerranée.

Au sein d’un ” monde arabe ” politiquement et éditorialement morcelé, les bouleversements survenus depuis dix ans ont inévitablement affecté le secteur de l’édition et les flux de traduction, déjà fragiles et inégaux dans un sens et dans l’autre, doivent être renforcés.
Financé par le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français, dans le cadre du Fonds de solidarité pour les projets innovants, les sociétés civiles, la francophonie et le développement humain (FSPI), “Livres des deux rives” a pour objectifs principaux : contribuer, par la mise en réseaux et le partenariat, au dialogue entre les sociétés civiles des rives Sud et Nord de la Méditerranée et à une expression culturelle libre et partagée ainsi qu’ au renforcement du secteur du Livre en tant qu’industrie culturelle et créative en Méditerranée occidentale.

Issues d’une large consultation des acteurs en rive Nord et en rive Sud, les actions du projet, mises en œuvre dans une logique partenariale et multilatérale, s’articulent autour de deux axes : la traduction, d’une part, avec l’ambition de soutenir les flux de traduction entre le français et l’arabe et de favoriser la professionnalisation des traducteurs et l’édition, d’autre part, avec la volonté de soutenir les échanges et les projets communs entre les acteurs des pays concernés mais aussi de permettre une meilleure promotion des auteurs et de faciliter la circulation des œuvres.

Une composante transversale, autour de la jeunesse, accompagne ces deux axes et vise à renforcer la structuration de l’édition jeunesse en rive Sud, à favoriser les échanges éditoriaux entre les deux rives dans ce domaine éditorial et à soutenir, par des actions dédiées, le dialogue des jeunes des sociétés civiles des pays concernés.

L’axe Traduction

L’axe Traduction prévoit notamment la mise en œuvre d’ateliers de formation à la traduction, tant dans une démarche de sensibilisation aux enjeux de la traduction que de professionnalisation.

Les actions porteront à la fois sur la littérature générale, la littérature jeunesse et les sciences humaines et sociales et comprendront également des missions de recherche dans les pays concernés pour travailler à une meilleure identification d’œuvres à traduire de l’arabe vers le français.

Enfin, pour favoriser la mise en réseau et le travail en commun des traducteurs, des projets de traduction collective entre les langues française et arabe seront initiés. Les actions de l’axe Traduction seront mises en œuvres par l’association ATLAS-CITL.

L’axe Edition

L’axe Edition prévoit en premier lieu la création d’un fonds dédié d’aide à la publication et à la traduction régi par une commission d’experts issus des quatre pays concernés. Est également prévue l’organisation de rencontres professionnelles, de séminaires thématisés, de tournées d’auteurs et d’éditeurs dans les différents pays et d’actions de promotion.
Un collectif d’éditeurs sera créé, dans un format ouvert, et rassemblera les éditeurs français, tunisiens, algériens et marocains souhaitant travailler au renforcement des projets éditoriaux en co-édition et au resserrement du dialogue entre les différents acteurs.

Les différentes consultations menées ont mis au jour les nombreux clichés pesant d’un côté et de l’autre sur les échanges éditoriaux et les réalités géographiques, culturelles et politiques des secteurs du livre dans chacun des pays concernés. Aussi, un important travail de sensibilisation doit être mis en place pour favoriser une meilleure connaissance mutuelle des acteurs, des productions et des cultures sectorielles dans leur ensemble.

Trois directions seront privilégiées dans cette perspective :
– auprès des éditeurs français, un travail de sensibilisation autour des enjeux de traduction de et vers l’arabe et une facilitation de l’identification des acteurs du secteur du livre en rive Sud, via l’élaboration d’une cartographie actualisée ;
– auprès des éditeurs algériens, marocains et tunisiens, un travail de sensibilisation autour des enjeux pédagogiques, littéraires et culturels de la littérature jeunesse, via l’élaboration d’outils communs (corpus notamment) ;
– auprès des diffuseurs et des distributeurs, un travail de sensibilisation sur la nécessité d’adapter leurs modèles économiques aux spécificités de production et de circulation des ouvrages des éditeurs en rive Sud et vers la France.

A travers les différentes actions prévues et sans méconnaître les difficultés systémiques, “Livres des deux rives” entend ainsi initier quelques leviers pour favoriser des échanges éditoriaux et culturels plus durables et plus qualitatifs entre les acteurs.