Le nombre d’équipements connectés de par le monde évolue de manière surprenante. D’après une étude d’International Data Corporation, le nombre total d’appareils connectés (IoT) atteindra 55,9 milliards d’ici 2025, ceci considérant les smartphones, enceintes, téléviseurs, montres, tablettes, ordinateurs et autres.

Evalué à 190 milliards de dollars en 2018, le marché devrait atteindre 1 102,6 milliards de dollars d’ici 2026, avec un taux de croissance moyen de 24,7% (*).

L’Internet des objets acquière une importance croissante dans l’économie mondiale, car si les objets, les produits et les équipements communiquent entre eux et se partagent informations et données, ils peuvent devenir une source de renseignements importante sur les clients et les produits.

Les entreprises en sont de plus en plus conscientes et estiment qu’un lieu de travail connecté offre plus d’opportunités. C’est ce créneau qu’Amine Chouaieb, fondateur de Chifco, a choisi pour lancer sa start-up en 2011. Il avait à peine 26 ans, il y croyait et il l’a fait. Amine Chouaieb fait partie de la race des gagnants! Entretien

Comment vous est venue l’idée de créer Chifco ?

Déjà tout petit, je m’intéressais à l’informatique. Je regardais beaucoup de documentaires sur Bill Gates, et je dévorais des livres consacrés aux technologies. Je me suis focalisé à lire des rapports sur les réseaux électriques intelligents et l’Internet des objets (IoT). C’est dans ce contexte qu’est né mon intérêt pour les objets connectés et la domotique.

Comme je le dis assez souvent, le nombre d’objets connectés dans le monde augmente considérablement en comparaison au nombre d’internautes sur le net. D’après des études, il y aurait plus de 60 milliards d’objets connectés en 2030 comparé aux 7,6 milliards de 2019.

A Chifco, nous avons commencé avec le concept de la “maison connectée“ où chauffage, climatisation, éclairage, gestion des flux (eau, énergie, aliments, déchets, information…) et sécurité sont gérés par un système informatique. Nous offrons, grâce à notre technologie, une maîtrise totale de la consommation énergétique, la sécurité et le confort grâce aux objets connectés.

Aujourd’hui, nous avons développé nos activités vers les véhicules connectés, les Smart Grid, la gestion et le suivi des stocks grâce à l’internet des objets.

Comment avez-vous été accueilli par le marché national et international et quels sont vos principaux clients ?

Avec beaucoup d’enthousiasme. Chifco a été très bien accueilli en Tunisie et à l’international, et ce depuis sa création en 2011. Je me rappelle que cette année-là, nous avons reçu beaucoup d’éloges et de prix, car nous étions considérés comme les pères fondateurs de l’internet des objets en Tunisie.

Aujourd’hui, nous avons beaucoup avancé et tissé des liens avec des entreprises nationales et internationales telles que Tunisie Telecom, Monoprix, Cellcom Group, Philip Morris International, Lacroix Electronics, Altaroad, Black’N’green, Al Majaz, Jawhara Mobile et bien d’autres.

De plus en plus présents, les objets connectés créent de nouveaux usages et de nouveaux services dans tous les secteurs. Quelle est la relation entre l’internet des objets, la data et l’IA ?

L’internet des objets est une technologie qui utilise un grand nombre de capteurs. Ces capteurs ont pour objectif de collecter en grande quantité les données “Data“. La Data collectée est une composante essentielle à l’intelligence artificielle. Grâce à ces données, nous pouvons créer des modèles intuitifs et intelligents avec lesquels nous pouvons atteindre des résultats rapidement sans utiliser beaucoup de ressources.

Chaque projet Chifco obéit à une philosophie simple : redonner le contrôle comme vous l’assurez. Comment ceci se traduit-il dans la gestion des entreprises ?

Redonner le contrôle est une belle promesse que nous offrons et que nous respectons à Chifco. Que vous soyez chez vous ou dans un cadre professionnel, les objets connectés peuvent avoir plusieurs usages. Dans la gestion des entreprises, nous assurons un développement professionnel maximum aux collaborateurs à travers l’analyse des données et de l’environnement.

Par exemple, nos objets connectés peuvent offrir un cadre de travail idéal en ajustant automatiquement certains paramètres de travail (humidité, température, lumière, bruit, qualité de l’air, odeurs, particules…).

Nos technologies permettent aussi une minimisation des coûts d’électricité et d’eau. Les usages sont vraiment infinis.

L’écosystème tunisien se prête-t-il aux start-up telles que la vôtre ?

Depuis la révolution de 2011, il y a eu une énorme éclosion de nouvelles start-up tous secteurs d’activités confondus. Notre écosystème entrepreneurial est assez compétitif, il regorge de start-up établies par des Tunisiens en Tunisie, mais aussi à l’étranger.

Ce que je remarque, c’est que les jeunes compétences tunisiennes n’ont pas froid aux yeux et trouvent assez rapidement des solutions innovantes aux problèmes d’aujourd’hui. L’écosystème tunisien se prête non seulement aux start-up et entreprises telles que Chifco, mais il crée aussi des synergies assez conséquentes entre celles-ci.

Pensez-vous que le “Start Up Act“ est toujours d’actualité ?

Le Start Up Act fête ce mois-ci son deuxième anniversaire. Ce deuxième anniversaire a été accompagné par une croissance extraordinaire du nombre de start up en Tunisie surtout depuis la crise de la Covid-19. Ces nouvelles start-up ont besoin d’un cadre juridique conçu pour stimuler leur développement.

Le Start Up Act a aussi ouvert la voie à de multiples synergies avec d’autres pays africains, notamment le Sénégal, le Rwanda, le Kenya, et bien d’autres.

Tant qu’il y aura de l’innovation, de la création de start-up, le Start Up Act ne peut être que d’actualité. Surtout que cette initiative apporte beaucoup aux entrepreneurs et aux investisseurs.

A combien de levées de fonds avez-vous procédé ?

Nous avons remporté pour plus de 100 000 dinars de concours, principalement à l’international et via des Business angels un peu plus de 350 000 dinars, et auprès d’un fonds de la place 1 MDT. Nous avons aussi levé en France près de 1 MDT.

Au début de notre parcours, nous avons été soutenus par un Business angel qui nous a beaucoup aidés et facilité les choses. C’est grâce à lui que nous avons pu préparer une vraie levée de fonds auprès d’un fonds d’investissement.

Nous sommes la première start-up tunisienne à réussir une levée de fonds d’un million de dinars, vers la fin de l’année 2014. C’est la première levée de fonds aussi importante en Tunisie pour une start-up.

En 2016, nous avons participé à la compétition pour l’innovation « French Tech Ticket » et nous avons réussi à lever des milliers d’euros en deux fois consécutives. Plus que l’importance de la somme, c’est l’accès à l’écosystème français qui nous a émus. C’était un grand moment de joie pour nous, surtout que nous étions aussi la première start-up tunisienne à le faire.

Entretien conduit par Amel Belhadj Ali

*Etude Fortune Business Insight.