Un nouveau rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a appelé à saisir l’occasion de la quatrième révolution industrielle, pour favoriser l’égalité des genres et en finir avec stéréotypes sexistes dans le monde du travail.

Intitulée ” Pour être intelligente, la révolution numérique devra être inclusive “, ce rapport estime que ” les progrès de l’IA et d’autres technologies numériques promettent de réduire, dans un monde virtuel, l’importance des caractéristiques masculines et féminines, qui ont si longtemps servi de prétexte à l’inégalité des genres.

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Toutefois, si hommes et femmes négligent ces questions, le danger de voir les stéréotypes sexistes se renforcer grâce à ces mêmes technologies se matérialiserait et se traduirait par une régression des acquis “. ” La quatrième révolution industrielle conduira à la généralisation de l’automatisation des emplois.

Celle-ci pourrait mettre fin aux métiers manuels dangereux et aux tâches répétitives, tout en offrant des opportunités professionnelles inédites aux personnes capables d’acquérir les compétences nécessaires. Il est essentiel que les femmes saisissent cette occasion, sans quoi la situation pourrait s’avérer désastreuse “.

Par ailleurs, ” la pénurie actuelle de compétences dans les domaines de l’IA, de l’informatique ou encore de l’ingénierie offre aux femmes l’occasion de combler cet écart, aussi bien en tant qu’employées qu’employeuses.

La mise en place de mécanismes qui garantiront aux cheffes d’entreprise technologique un accès facilité au capital-risque ainsi qu’à d’autres sources de financement, sera déterminante”.

“Les entreprises du secteur numérique présentent notamment l’avantage d’être moins fortement capitalisées et de nécessiter moins d’effectifs que dans les secteurs traditionnels. Elles ont aussi, généralement besoin de moins de bureaux.

Dans les pays où les femmes rencontrent des difficultés pour accéder au capital ou pour louer ou acheter des biens immobiliers, la possibilité de se passer de locaux coûteux pourrait faire toute la différence pour les entrepreneuses”.

“Les technologies numériques, qui facilitent le télétravail et le réseautage tout en élargissant l’accès à l’information, ont été extrêmement utiles pour veiller au respect de la distanciation physique et garantir le partage d’informations au cours de la pandémie de Covid-19.

Cette dernière a provoqué certains bouleversements dans l’équilibre travail-vie familiale qui pourraient bien s’installer durablement”.

Ces changements devront, selon l’UNESCO, se traduire par des politiques qui garantiront que les femmes n’assument pas une part disproportionnée du travail non rémunéré (tâches parentales, domestiques et éducatives), mais au contraire, qu’elles disposent de suffisamment de temps et d’énergie pour marquer de leur empreinte les sciences et les innovations de demain, afin de relever les grands défis tels que les changements climatiques, la perte de biodiversité, les pandémies, la dégradation de l’environnement ou l’urbanisation non durable.

Les femmes restent minoritaires sur le marché du travail du numérique

L’état des lieux dressé par l’UNESCO dans son rapport met bien l’accent sur les écarts qui persistent entre les hommes et les femmes, notamment en ce qui concerne les métiers technologiques.

Les femmes sont en effet minoritaires dans les domaines de l’industrie 4.0 et sur le marché du travail du numérique. Dans l’UE, par exemple, plus de la moitié des hommes qui décrochent un diplôme dans les technologies de l’information trouvent un emploi dans le numérique, contre un quart pour les femmes.

Pire, les domaines les plus importants de la quatrième révolution industrielle sont ceux-là mêmes où les femmes restent sous-représentées dans la plupart des pays, à savoir les technologies de l’information, l’informatique, la physique, les mathématiques et l’ingénierie.

Les femmes sont aussi, minoritaires dans l’IA. Selon des données recueillies par le réseau social LinkedIn et publiées dans le Rapport sur l’écart entre les sexes dans le monde du Forum économique mondial 2018, seuls 22 % des professionnels de l’IA sont des femmes, dans le monde.

En 2019, la Silicon Valley Bank a mené une enquête sur les femmes aux postes de direction dans les entreprises technologiques dans l’objectif de mesurer la parité au sein des start-up spécialisées dans les technologies et la santé au Canada, en Chine, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.

Les résultats ont montré que dans près de la moitié d’entre elles (46%), aucune femme n’occupait un poste de direction ; 40% comptaient au moins une femme dans leur conseil d’administration et seuls 28%, parmi leurs fondateurs.

A l’échelle mondiale, les femmes représentent seulement 33,3% des chercheurs (effectifs physiques), selon les données de l’Institut de statistique de l’UNESCO (ISU) qui couvrent 107 pays sur la période 2015-2018.

Les femmes restent, en outre, minoritaires parmi les inventeurs. Bien que 2019 ait été une année record pour la proportion de demandes de brevet, citant au moins une inventrice, les femmes ne représentent encore que 19% des inventeurs.