En 2013, le FMI a annulé la dernière tranche du prêt qu’il devait accorder à la Tunisie, soit un peu plus de 200 millions de dollars. En 2016, rebelote, le FMI ne débourse pas les 1,2 milliard de dinars prévus lors de ses négociations avec le gouvernement tunisien.

Les raisons sont toujours les mêmes : en substance, l’Etat n’honore pas ses engagements envers le Fonds monétaire international et n’entame aucune réforme.

L’économie tunisienne, nous ne cessons de le rappeler, peine à redécoller depuis 2011. Le solde budgétaire s’est dégradé rapidement, la croissance des recettes a considérablement reculé, sans oublier l’excédent financier des administrations et la détérioration des services publics. La pandémie Covid-19 n’a rien arrangé.

Comment s’en sortir ?

Il faudrait commencer par réduire les dépenses publiques, ne cesse de tonner l’économiste Ezzeddine Saïdane. Et pour cela, l’Etat doit sévir.

« Le total budget représentait, en 2010, 28% du PIB. Aujourd’hui, il représente 48%. Comment est-ce possible ? Comment tolérer une masse salariale de 42% de ce budget ? Comment accepter que, dans un pays en transition politique et économique, les salaires dans le public augmentent régulièrement et chaque année de 8% », s’indigne-t-il.

Quant à la compensation, un mal qui ne cesse de ronger les finances publiques, seuls 12% devraient en profiter,

 

Six (6) milliards de dinars sont consacrés aux dépenses courantes de l’Etat dont près de 1 milliard de dinars investis, paraît-il, dans l’entretien des voitures et aux frais y afférent.

Quant à la compensation, un mal qui ne cesse de ronger les finances publiques, seuls 12% parmi les bénéficiaires doivent en profiter, affirme M. Saidane, ce qui reviendrait à 720 MDT au lieu des 6 milliards de dinars aujourd’hui consacrés aux caisses.

Ceci sans parler des dizaines d’entreprises publiques en difficultés financières et qui recourent régulièrement à l’Etat pour pallier à leurs pertes. «Il est surprenant que le fait de s’attaquer au chantier de restructuration ou de cession de ces entreprises, pour mettre fin au cycle infernal des pertes à répétition, relève du sacré. Jusqu’à quand le pays pourra tenir ? C’est la grande question».

Plus de 1 milliard de dinars serviront à assurer les salaires des travailleurs des chantiers et des “emplois fictifs

Dans la rubrique consacrée au Titre II, destiné en principe aux investissements publics, on a introduit une nouvelle sous-rubrique (sic), celle de l’“investissement dans la paix social“. Du coup, dans les 4 milliards de dinars prévus, plus de 1 milliard de dinars serviront à assurer les salaires des travailleurs des chantiers et des “emplois fictifs“, ainsi que les indemnités de rentrée scolaire imposées par les syndicats du corps enseignant.

Conséquences des augmentations salariales…

Les augmentations salariales illogiques tout au long de ces dernières années ont eu pour conséquences une inflation galopante qui n’aurait pu être freinée, si ce n’est les mesures prises par la BCT pour la maîtriser. La consommation, censée être un moteur de croissance dans une économie « normale », est devenue un handicap pour l’économie tunisienne, car trop orientée vers les produits importés et n’encourageant pas la production nationale.

Aujourd’hui, personne ne doute de la nécessité de mesures drastiques pour sauver ce qui reste d’une économie chancelante depuis la révision dépenses publiques et leur ajustement au contexte économique à la rationalisation de l’importation, en passant par les réformes de la Caisse de compensation et la relance effective des secteurs énergétique et minier.

Le fait est qu’à ce jour on ne trouve pas le moyen de réunir toutes les parties prenantes -Etat, partenaires sociaux et parlementaire- autour d’une même table pour parler économie, justice économie, en vue d’identifier ensemble des pistes de sortie de crise pour sauver le pays sans léser personne.

Le Conseil économique et social, institution créée par l’article 70 de la Constitution tunisienne de 1959, à l’époque, première du genre en Afrique et dans le monde arabe, servait de cadre pour débattre de toutes les questions économiques.

Il a été mis à mort par les gouvernants parvenus au pouvoir en 2011. A l’aube de la troisième décennie du 21ème siècle, la Tunisie navigue à vue, sans aucune boussole institutionnelle pour l’orienter.

A.B.A