1. Un grave incident a eu lieu dimanche 10 janvier 2021, à Monastir. Il s’agit d’un camion qui n’aurait pas respecté le feu de signalisation et qui a tenté d’écraser l’agent de l’ordre qui lui avait demandé de s’arrêter.

Le numéro d’immatriculation du camion relevé, il s’est avéré que le véhicule appartient à un individu impliqué dans des actes de terrorisme. Le camionneur est toujours en fuite, et peut-être même qu’il en train de préparer un attentat ou une attaque contre des citoyens innocents, des responsables politiques ou des institutions emblématiques.

Il y a moins d’un mois, un juge d’instruction au tribunal de première instance de Monastir avait ordonné la mise en détention provisoire d’un agent de police qui avait tiré sur le conducteur d’une voiture et un passager et qui circulaient à l’heure du couvre-feu. Ils avaient refusé d’obtempérer aux agents de police qui leur demandaient de s’arrêter. La réactivité dudit juge relève-t-elle de l’acharnement judiciaire, par des magistrats devenus trop puissants dans notre pays, contre les forces de police, ou de la volonté de protéger l’agent de possibles représailles ? Ce, et d’autant plus que, dans ce cas précis, des sources assurent que le conducteur du véhicule conduisait à toute vitesse avec pour objectif de foncer sur la patrouille de police en exercice.

Des faits qui nous interpellent à plus d’un titre et qui nous poussent surtout à nous poser de questions sur les conditions d’exercice des agents de l’ordre dans un climat délétère où ils sont systématiquement accusés de tous les maux et où le cliché “outils de l’oppression de la dictature“ ne les a pas quittés. Un cliché soigneusement entretenu par des ONG internationales telles que Human Rights Watch et Amnesty international, et qui veillent au grain, semble-t-il, à protéger les “victimes“, même si délinquants dangereux ou terroristes, de la férocité de l’appareil sécuritaire tunisien.

Les ONG cassent la police nationale

Ces ONG et leurs soutiens politiques ont réussi à briser la police nationale devenue aujourd’hui, et dans nombre de cas, un simple témoin de la violence exercée dans notre pays et conciliante à souhait avec ceux qui enfreignent la loi, depuis le code de la route et jusqu’au fait divers, banal ou violent et plus dangereux.

Pour les agents de l’ordre, à quoi rimerait le fait d’être  sanctionné lorsque la logique du “laisser-faire, laisser-aller“ les préserve des représailles médiatiques et des ONG et de leurs exécutants politiques sur le sol national ?

Nous les avons d’ailleurs vues à l’œuvre lors de la discussion de la loi sur la protection des policiers. Les moyens mis à leur disposition étaient considérables. Pourtant il revient à l’Etat de protéger tous ses citoyens au même titre, policiers et civils.

Sans aller dans une logique absolue de la présomption de légitime défense pour les policiers, il va falloir peut-être que les pouvoirs publics gèrent différemment la police, aujourd’hui démotivée, désillusionnée et indifférente, allant jusqu’à adopter la logique égoïste de : “mon intérêt à moi, après moi le déluge“, d’où l’aggravation des mauvaises pratiques, et particulièrement la corruption.

Les révocations et les arrestations administratives et judiciaires devraient être beaucoup plus soumises à la logique de la “justice pour tous“, agents de l’ordre et citoyens, et non à celle d’une condamnation systématique des premiers, lesquels, ne l’oublions pas, sont chargés de l’application de la loi et du maintien de la sécurité et de l’ordre public. Ils représentent les premières lignes s’agissant du respect du prestige et de l’autorité de l’Etat.

En Europe, la police est protégée

En Europe, berceau de la démocratie, la première question qui se pose lorsqu’un agent de l’ordre recourt à la violence pour arrêter un suspect ou un fuyard est : est-ce que le recours à une force mortelle était “absolument nécessaire“ ? Et dans trois cas de figures de la Convention européenne, elle est justifiée lorsqu’elle sert à défendre une personne contre une violence illégale pour assurer sa défense contre une violence illégale (légitime défense), pour effectuer une arrestation ou empêcher une évasion et pour réprimer une émeute ou une insurrection.

En Tunisie, les ONG se mobilisent contre le texte du projet de loi visant à protéger les forces de sécurité et où l’on parle de la “nécessité de protéger les agents des forces armées (policiers, militaires et douaniers)“ contre “les agressions menaçant leur sécurité et leur vie, afin de garantir la stabilité de la société tout entière“.

En France par exemple, et en plus des cas de légitime défense et de l’état de nécessité, les militaires de la gendarmerie peuvent faire usage de leurs armes « lorsque les personnes invitées à s’arrêter par des appels répétés de “Halte gendarmerie“ faits à haute voix cherchent à échapper à leur garde ou à leurs investigations et ne peuvent être contraintes de s’arrêter que par l’usage des armes ».

La Tunisie est devenue aujourd’hui l’un des pays où les grands délinquants et les terroristes peuvent être les plus protégés au monde. C’est le pays où il est plus probable de voir un agent de police condamné pour avoir, dans une situation de grand danger, utilisé son arme et un terroriste ou un contrebandier (aujourd’hui surarmé) protégé. C’est simple, une société civile délirante et une armada d’avocats dévoués expliqueraient que ses actes seraient justifiés par la pauvreté ou la dictature du régime Ben Ali (sic).

Dix (10) ans après, la Tunisie, qui était réputée pour être l’un des pays les plus sécurisés du monde arabe, est aujourd’hui l’un des plus risqués.

C’est normal, nous sommes en démocratie !

Amel Belhadj Ali