Le palais Abdellia accueille, du 9 au 20 décembre 2020, une exposition des aquarelles introspectives de l’artiste visuelle Reem Saad.

Dans ses tableaux, Reem Saad représente ce que son œil plein d’humour et de passion chasse au gré de ses ballades et errances quotidiennes intérieures et extérieures. Des portraits d’animaux réalisés avec des milliers de petits cercles assemblés avec tant de soin qu’on les entendrait respirer, frémir, voler, gronder, bouger et vivre.

L’artiste avec son crayon puis son pinceau sépare le plein du vide, la forme du fond, le corps du néant d’où surgit la matière, donnant une couleur, une teinte d’une tonalité à chaque fois différente, qui s’intensifie ou se dégrade à chaque cercle. Une mosaïque animale qui prend point, forme et couleur. Tout un bestiaire s’anime et surgit, enfin libre, d’entre ses doigts pour raconter l’humain et l’animal, l’amour et l’humour.

Curieux le regard est d’abord attiré par cette peau de couleurs puis fasciné il plonge et se retrouve à l’intérieur du tableau aspiré par une matrice de cercles, dans le système cellulaire du corps. Là où le regard naïf se heurte au figuratif, à la couleur, à la forme et à la matière de l’achevé, le regard et la main de l’artiste font voler en éclats l’unité de la masse corporelle en une infinité de fragments, de cellules et d’atomes.

Elle la construit et la déconstruit à la fois, pour retrouver la forme explosée cellulaire du corps. Peindre est le moyen choisi pour explorer la matière organique. Elle applique ses couleurs vives et vibrantes par touches successives, variant l’intensité de celles-ci, assemblant et juxtaposant tous les cercles qui formeront in fine une image organique. Ce travail figuratif de longue haleine est “un jet de couleurs instantanément maîtrisé” dit l’artiste passionnée par les mystères de la vie terrestre et cosmique.

Les organes du corps humain et les animaux du bestiaire intériorisé sont à la fois sublimés et banalisés. L’artiste représente la présence obsédante du quotidien par le fragment mosaïque, la récurrence multipliée à l’infini du cercle, du plein, du détail en gros plan, du plat de la feuille et par l’absence de perspective.

Reem Saad semble avoir synthétisé et lié dans sa pratique les différentes techniques de l’art à celles de la science. L’aquarelle, la mosaïque et l’impression s’allient à la biologie cellulaire et la théorie atomique. Tout cela donne à voir cette double loi du corps-animal qu’on habite : l’achevé et l’inachevé, l’infiniment petit et l’infiniment grand, le visible et l’invisible.

Artiste visuelle, Reem Saad se présente comme une native de la planète Terre plus précisément de la mer en Tunisie. Artiste pédagogue, elle se consacre depuis 2016 à Chamaâdèn, son atelier mobile et à ses aquarelles introspectives, technique et concept qu’elle a commencé à élaborer en 2012, une forme d’introspection rigoureuse et colorée qui la relance vers sa quête première: l’énigme de la matière.